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L'invitation

Le soleil se levait à peine lorsque je me suis glissée hors du lit, le bruit des vagues artificielles de ma piscine intérieure résonnant doucement dans la maison. Ma routine matinale n'avait pas changé, même si ma vie, elle, ne ressemblait plus du tout à ce qu'elle était quelques mois auparavant. Je me faisais toujours mon café toute seule, assise en pyjama sur un tabouret de ma cuisine design, entourée de marbre et d'inox, un contraste criant avec le modeste deux-pièces où j'habitais autrefois.

Les milliards ne m'avaient pas changée, ou du moins, c'est ce que je me répétais pour ne pas perdre pied. Je passais la plupart de mes journées à jongler entre les visites à l'hôpital pour ma mère et les rendez-vous avec des conseillers financiers qui parlaient un langage que je ne comprenais pas. Ma nouvelle vie était plus confortable, oui, mais aussi étrangement vide.

Ce matin-là ne semblait pas différent des autres. Je parcourais mon téléphone, scrollant machinalement les actualités, lorsque le bruit sec de la boîte aux lettres m'a tirée de mes pensées. Ce détail banal aurait dû passer inaperçu, mais quelque chose m'a poussée à aller voir. Peut-être était-ce l'absence totale de courrier dans ma nouvelle vie ; personne ne savait où j'habitais, hormis quelques avocats et banquiers.

Dans l'épaisse boîte aux lettres argentée, il n'y avait qu'une seule enveloppe, noire et élégante, avec mon nom écrit dessus en lettres dorées. LEE JI-EUN. Pas d'adresse, pas de timbre.

Je suis restée figée un instant, la tenant entre mes doigts comme si elle pesait une tonne. Instinctivement, mon cœur s'est serré. Une lettre noire n'annonçait jamais rien de bon.

De retour à l'intérieur, je l'ai posée sur la table de la cuisine et l'ai observée comme si elle était une bombe prête à exploser. Qui aurait pu m'envoyer une lettre ? Et pourquoi de cette façon ? Après une éternité, ma curiosité a pris le dessus. Je l'ai ouverte doucement, mes mains tremblant légèrement.

À l'intérieur, une carte épaisse, d'un blanc immaculé, portait un message simple :

"Vous êtes invitée.
Réunion annuelle de L'Élite.
Villa Astra, le 24 décembre.
Présence obligatoire."

Dessus, un cachet en relief : une sorte de symbole cryptique, un cercle entrelacé de lignes que je n'avais jamais vu.

Je relisais les mots encore et encore, essayant de leur donner un sens. L'Élite ? Je connaissais ce terme. Tout le monde connaissait ce terme. Il désignait ce groupe insaisissable, presque mythique, composé des figures les plus riches et influentes de la planète. Un club privé que personne ne connaissait vraiment, mais qui faisait l'objet des rumeurs les plus folles. Certains les accusaient de tirer les ficelles du monde entier : politique, économie, médias. D'autres disaient qu'ils participaient à des rituels étranges, presque sectaires.

Je me suis levée brusquement, comme si le mouvement pouvait me débarrasser de la nausée qui montait en moi. Pourquoi m'inviter, moi ? Je n'étais riche que depuis trois mois. Je n'avais ni pouvoir, ni influence, juste un compte bancaire débordant et une solitude oppressante.

Je voulais jeter la lettre, prétendre que je ne l'avais jamais reçue, mais en bas de la carte, un dernier détail m'a glacée :

"Le non-respect de cette invitation entraînera des conséquences irréversibles."

La menace était implicite, mais claire.

Je suis restée plantée là, mon café froid dans ma tasse, fixant ces mots comme si ma vie venait de basculer à nouveau.

Quelques heures plus tard, alors que je tentais encore de digérer ce que je venais de lire, une pensée m'a frappée : peut-être que je n'avais pas le choix. Peut-être que ce billet gagnant, ce miracle qui avait changé ma vie, n'était pas qu'un coup de chance. Peut-être que, depuis le début, je faisais déjà partie de quelque chose qui me dépassait.

Et peut-être que, dans quelques jours, je découvrirais enfin ce que c'était.