chapitre 7

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Leandro se tenait encore, le souffle rauque, son visage marqué par une rage contenue. Ses poings tremblaient légèrement, comme s'il retenait à peine une pulsion violente, je restais figée, incapable de bouger, mon cœur battant à un rythme effréné.

Puis, une silhouette élégante se dessina dans l'encadrement de la porte. Une femme.

Elle portait une robe rouge, le tissu moulant parfaitement sa silhouette élancée. Ses cheveux roux cascadaient sur ses épaules, et ses yeux, émeraude et perçants, semblaient capter chaque détail de la pièce. Mais ce n'était pas sa beauté qui me frappa le plus. Non. C'était ce sentiment de déjà-vu. Son visage... je l'avais déjà vu quelque part.

Mon esprit fit un bond en arrière. La photo. Cette photo que j'avais aperçue sur le bureau de Leandro. Une femme, un sourire subtil, une présence troublante. Était-ce elle ?

Elle s'avança avec assurance, ses talons claquant contre le marbre, brisant le silence pesant. Son regard se posa d'abord sur Eduardo, qu'elle ignora royalement, puis sur Leandro. Un sourire énigmatique étira ses lèvres.

Buonasera, Leandro. (Bonsoir, Leandro.)

Sa voix était douce, mélodieuse, mais il y avait une froideur sous-jacente, comme un serpent qui siffle doucement avant de mordre

Leandro releva lentement la tête, ses yeux noirs croisant ceux de la femme. Il resta un instant silencieux avant de répondre, d'une voix rauque :

— Theodora.

Theodora ? Ce n'est pas un nom qu'on a l'habitude d'entendre au usa. Il prit une inspiration profonde avant d'ajouter :

— Questa è Mayonah, la mia fidanzata. (Voici Mayonah, ma fiancée.)

Je sentis mon cœur rater un battement. "Fiancée" ? Ce mot, une fois de plus, franchissait ses lèvres comme une évidence, mais je savais que tout cela n'était qu'un mensonge. Pourtant, il avait une manière de le dire qui me troublait.

Theodora tourna la tête vers moi. Son sourire s'élargit, mais ses yeux, eux, restèrent fixes, presque inquisiteurs.

— Piacere di conoscerti, Mayonah. (Enchantée de te connaître, Mayonah.)

Je ne comprenais pas l'italien, mais je savais qu'elle me saluait. Leandro, toujours tendu, me fit un signe de tête.

— Mayonah, voici Theodora. Parle en anglais, Theodora, s'il te plaît. Elle ne comprend pas l'italien.

Elle acquiesça sans détourner son regard de moi.

— Mayonah, je suis ravie de faire ta connaissance.

Je forçai un sourire. Quelque chose en elle me mettait mal à l'aise. Sa gentillesse semblait trop parfaite, trop calculée. Un masque, peut-être.

— Moi de même, dis-je avec une politesse feinte.

Leandro posa une main sur mon épaule, me jetant un dernier regard avant de s’éloigner.

Je vais vous laisser quelques minutes, murmura-t-il.

Son absence rendit la pièce soudainement oppressante.

Theodora prit un pas de plus vers moi, réduisant la distance entre nous. Son parfum, un mélange capiteux de jasmin et de cuir, envahit mes sens. Je me redressai instinctivement.

Alors, tu es la fameuse fiancée de Leandro, murmura-t-elle, ses yeux scrutant chaque trait de mon visage. J'avoue que je ne m'attendais pas à ça.

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— À quoi vous attendiez-vous ? répliquai-je, ma voix tremblante malgré moi.

"C'est juste que je n'avais jamais vu Leandro avec une femme comme toi," dit Theodora en haussant légèrement les épaules. Son sourire semblait chaleureux, mais son regard, lui, était trop perçant. Trop scrutateur.

Je sentis mon cœur cogner dans ma poitrine, mais je ne laissai rien paraître. "Comment ça, une femme comme moi ?" demandai-je d’une voix que j’espérais maîtrisée.

Theodora pencha légèrement la tête, comme si elle me jaugeait

"Je veux dire… une femme noire," lâcha-t-elle avec une nonchalance feinte.

Mon sourire se crispa. Il y avait quelque chose d’étrange dans la façon dont elle le disait. Comme si c'était plus qu'un simple constat. Je pris une inspiration discrète avant de répondre.

"Il y a un début à tout," rétorquai-je, m’efforçant de garder un ton léger, presque amusé.

Elle esquissa un sourire mince, mais ses yeux ne quittèrent pas les miens.

"Je ne voulais pas te vexer. Je faisais juste une observation," dit-elle doucement, ses lèvres étirées dans un sourire poli, presque trop poli.

Je hochai la tête, tentant de masquer mon malaise. "Ce n'est rien," répondis-je d’un ton neutre, bien que je sentais mes épaules se raidir sous la tension.

Theodora croisa les bras, adoptant une posture décontractée, mais ses yeux continuaient de m’analyser. Il y avait quelque chose de calculé dans chacun de ses gestes, comme si elle cherchait une faiblesse à exploiter.


"Alors… comment vous vous êtes rencontrés, Leandro et toi ?" demanda-t-elle, feignant une curiosité innocente. Mais il y avait une pointe de défi dans sa voix.

Je relevai légèrement le menton, prenant soin de ne pas montrer que sa question me déstabilisait.

"Nous nous sommes rencontrés lors d'une soirée d'entreprise," expliquai-je calmement. "Leandro était là pour affaires, et… nous avons tout de suite accroché."

Je savais que mon histoire sonnait trop parfaite. Trop préparée. Et ça ne manqua pas d'attirer son attention.

Theodora haussa un sourcil, intriguée. "Vraiment ? Et que faisais-tu à cette soirée ?"

Je pinçai les lèvres une fraction de seconde avant de répondre.

"J'accompagnais ma mère. Elle travaille dans cette société," dis-je d’un ton que je voulais assuré.

Theodora fit mine de réfléchir, ses doigts tapotant doucement son menton.

"Hmm… intéressant," murmura-t-elle, son regard toujours fixé sur moi.

Puis, elle changea brusquement de sujet.

"Et toi, tu fais quoi dans la vie ? Tu m’as l'air très jeune, Mayonah," lança-t-elle, une lueur curieuse dans les yeux.

Je redressai les épaules. "Je vais sur ma première année d'université," répondis-je, essayant de paraître confiante malgré la tension grandissante.

Theodora plissa légèrement les yeux.

"Étudiante ? Et… tu as quel âge ?"

Je sentis une boule se former dans ma gorge, mais je restai impassible. "J'ai dix-neuf ans."

mia debolezzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant