17 | ''Il y'a une raison, si je garde tout à l'intérieur''

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Eliana

J'ai l'impression de suffoquer, encerclée de tous ces regards inquisiteurs.

Le silence s'étend encore quelques secondes, avant qu'un autre visage émerge derrière l'épaule d'Arthur.

— Oh, les filles ! s'extasie Léo dans un sourire étonné. Venez, entrez. Vous allez attraper froid, dans le couloir.

Les visages se tournent enfin vers lui, et Arthur nous invite finalement à entrer. Léo est derrière le bar en marbre, surveillant le micro-ondes allumé.

— Vous voulez des chocolats chauds ? Vous semblez en avoir besoin. Il y'a des bonbons, aussi.

J'ai envie de le prendre dans les bras tant sa prévenance me touche, tandis qu'il sort des chamallows d'un paquet entamé. Il n'a pas hésité une seule seconde. Il nous a vus là, dans ce couloir, la mine désemparée et les joues rouges, et nous a simplement prié d'entrer. Il n'a pas demandé d'explications, l'orchestrant comme la plus ordinaire des choses.

Aussitôt que notre odeur arrive jusqu'à lui, Pock soulève son petit corps du canapé et se rue vers nous, mais Arthur le calme d'un sifflement. Le chiot ralentit l'allure, la queue battante, avant de s'installer à nos pieds.

— Je vais me coucher. Démerdez-vous avec ces deux écervelées, marmonne Neven en s'engouffrant aussitôt dans le couloir.

Léo lui souhaite bonne nuit, mais la porte est déjà claquée.

— On se demandait... Peut-on rester dormir ici ? questionne Heather en posant ses paumes sur la tasse brûlante devant elle.

Je lui suis reconnaissante de proposer à ma place. J'ai l'impression de n'être qu'à un fil du gouffre émotionnel.

Arthur hausse un sourcil, mais Léo prend la parole avant qu'il ait le temps de demander quoi que ce soit.

— Bien sûr ! Prenez les mêmes chambres que la dernière fois, elles n'ont pas été utilisées depuis votre passage.

Arthur approuve, se passant une main dans les cheveux. De toute façon, il a l'air trop exténué pour s'appesantir sur la question.

— Très bien, hum... Je crois que je vais aller me coucher aussi... Demandez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit.

Nous lui souhaitons tous trois bonne nuit, et le roux se faufile dans sa chambre. Léo nous sourit doucement, son regard tendre s'attardant sur nos joues rougies.

— J'y vais aussi. Laissez les tasses là, je les débarrasserai demain.

Après nous avoir enlacés, il s'éclipse. Il ne reste plus que Heather, moi et la lumière tamisée du spot au-dessus de nous. Je passe une main sur la tête de Pock, tentant de me donner une contenance.

— Est-ce que... Tu veux en discuter ? elle demande d'un air presque intimidé que je ne lui connais pas.

— Je... C'est vraiment une très longue histoire et... Je ne sais pas si j'aurai la force de la raconter cette nuit.

Après un silence, elle hoche la tête, et se lève pour déposer un bisou sur mon front. Si je crains de l'avoir blessée, elle n'en montre aucun signe.

— Bonne nuit alors, repose-toi bien.

Je lui réponds par un sourire, et écoute distraitement le son de ses pas s'atténuer dans le couloir. Je reste là encore plusieurs minutes, le tic-tac discret de l'horloge pour seule compagnie.

Pock est retourné se coucher sur le tapis, la queue encore battant à un rythme pondéré. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, accoudée au comptoir, mais ma tasse est froide lorsque je me lève.

The Moon above our headsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant