"Il était un génie au pouvoir illimité et il était un mélancolique au pouvoir limité.
Le génie de la lampe avait accompli ses trois miracles,
Alors le mélancolique a dédié sa vie au remboursement de sa dette,
Mil voulut accomplir trois vœux du génie, même si mil aurait à remuer ciel et terre.
Était-ce pour que le génie connaisse le même bonheur ?
Était-ce pour être le génie de quelqu'un d'autre ?
Je crois que c'était pour se sauver milui-même,
Car même trois miracles n'avaient pas réussi à le sauver."
-L'Oracle.Une faible clarté passait au travers des vitraux, la pierre montrait les traces de son âge dans cette cathédrale bien entretenue. Plusieurs statues accompagnaient les piliers, tandis que sur un côté, on distingue partiellement l'orgue, une part de ses décorations prenant des aspects anthropomorphes, avec des visages d'enfants et des bras chétifs. De nombreuses personnes assistent à la cérémonie, quelques mendiants s'écroulant dans les recoins les plus sombres ou à l'entrée. Ils ne trouveront nulle miséricorde, les quelques pièces au fond des poches étant collectées dans un panier couvert d'une serviette rouge.
Les yeux sont bientôt rivés vers l'autel. Dans les rangs des fidèles, de nombreuses personnes âgées, mais beaucoup de trajectoires de vie différentes...quelques enseignants, plusieurs vendeurs, un certain nombre d'écoliers, un coiffeur, des cadres, même des gens qui n'ont plus besoin de travailler, même une certaine entrepreneuse dont la renommée dépasse les frontières du pays s'est fondue dans la masse avec ses gardes du corps. Et en un instant, les trajectoires de vie qui convergeaient en ces lieux, elle s'apprête à les réduire en miettes.
-"Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit."-entonne le prêtre.
Elle ne prend pas part à la réponse, ses doigts se tordant. Tous se mettent debout, mais pas elle. Sa chevelure prend feu et une lumière orange accueille le bruit de crépitement. Même ses accompagnateurs sont sous le choc d'une métamorphose qui s'achève en quelques secondes, les cheveux s'enroulant autour du haut de son corps comme une peau de bête, s'étendant en arrière, lui servant de queue. Les vêtements se déchirent, les jambes gagnant quatre mètres d'un coup d'un seul se munissent de serres, se couvrant d'écailles regorgeant de quelque énergie orange, des motifs en arcs consignés dessus. Depuis la partie de la chevelure restée resserrée au sommet, croît un long cou au bec allongé et cette base se sépare en quatre ailes flamboyantes toutes dotées de griffes au niveau d'un creux. Des fissures grandissent discrètement le long des murs, le reste de l'assemblée pris de stupeur et d'effroi n'ayant pas le temps de remarquer que deux des ailes ouvrent le bec, l'étendant, l'arrachant, huit autres nuques ayant jailli de cette terminaison de ce qui est maintenant un tronc plus large déformé en spirale. Cette figure méconnaissable décolle, tous ses appendices allongés bougeant dans tous les sens, devenant un flou avec le brasier permanent qui la consume sans jamais ôter sa vie. Lorsque ses ailes se déploient et que ses cris stridents sont émis, il n'y a plus de bâtiment mais seulement une ruine. Mis à part les deux qui sont entrées avec elle et deux autres personnes qui ont eu le temps de la reconnaître avant sa transformation, désormais dans une transe étrange, prenant une pose de salutation au soleil, tous les autres se sont évanouis et ont été expulsés au loin. Pour beaucoup, la dernière chose qu'ils virent de leurs vies furent huit becs ceints de plumes, avec à l'intérieur de chacun d'entre eux des doigts frémissant en guise de dents.
Ce que l'on ne peut plus désigner comme une femme vole. Non plus au dessus d'une ville, mais d'une mausolée à l'apparence d'une ville. On ne peut même plus comparer les immeubles qui se dressaient auparavant à des tombes, ils sont redescendus pour rencontrer le sol. Un cataclysme sans précédent se répand sur cette planète, qui se drape des feux disséminés par la créature et de plumes géantes, tranchantes comme des lames, provoquant de terribles explosions lorsqu'elles percent la terre. De nombreuses vies sont perdues à travers les continents et partout sur le globe, on découvre d'étranges hommes qui ne bougent pas, figés dans la même position de révérence. Aussi rapidement que possible, des forces armées sont déployées et les armes les plus avancées conçues par les meilleures ingénieurs que cet astre ait connu...Tant d'années de recherche, pour qu'aucune d'entre elles ne laisse d'égratignure. Ainsi, la destruction se répand sans défense possible.
Jusqu'à l'enceinte d'une ville, qu'une tête divise de son souffle brûlant. Jusqu'à ce qu'une aide que personne n'attend, que personne ne pouvait prévoir fasse irruption. Depuis une vitre, un homme qui a perdu ses proches il y a peu de temps dans la braise voit ce qui lui semble être une armée de petits soldats et des lucioles qui se battent. Plus tard, n'ayant pas peur de rejoindre ceux qu'il a perdu, il descend, découvrant la vérité parmi les rues qui empestent avec l'odeur de la fumée, là où plusieurs nuques sont déjà tombées. Il y a là en fait de nombreuses machines qui sont déployées et se retirent du combat...À ses yeux, à ce moment précis, sont-elles aussi des monstres ? Il ne s'écarte pas davantage. Cela lui laisse le temps de remarquer d'autres présences, des silhouettes humaines qui virevoltent, et puis, vient un instant, qui parait être un instant de répit, les pattes de la créature l'ont laissées se vautrer par terre, sa dernière tête venant tout juste d'être décapitée. Un instant de répit, qui est en fait une feinte.
-"ATTENTION !"
L'un des guerriers est si surpris de voir quelqu'un aux alentours qu'il prend quelques secondes de trop avant de crier son avertissement, l'un des longs cous fonçant à toute allure vers la carcasse enflammée pour s'y accrocher. Sans qu'il ne le remarque, l'homme est sur son chemin, celle-ci étant sur le point de l'empaler telle une flèche. Mu par un réflexe, il se décale de peu, à peine assez pour esquiver la mort. Lorsque la tête finit de se rattacher, elle pivote puis relâche une large boule de feu, heureusement, le guerrier qui vient de hurler a le temps de se poser devant le survivant, arrêtant le projectile à l'aide d'un bouclier peu large, un disque vert en plusieurs longues parties s'échappant de celui-ci. Laissant la anse tenant le bouclier glisser le long de son bras, il appuie sur un bouton se situant à sa base puis court, le même bras élancé vers l'avant et grâce au disque qui s'est mis à tourner rapidement, il tranche en deux l'ennemi sur son passage. Il se retourne, tandis que le corps s'évapore, un grand symbole blanc apparaissant au niveau de son centre avant de se briser.
-"Bon sang, je pensai pas voir ça ici ! Je sais même pas comment tu as tenu avec tout ce grabuge !"
-"Je sais pas non plus."
-"T'as pas trouvé de refuge ? Pourquoi t'as pas fui ?"
-"Je veux mourir."Son sauveteur grattait sa tête, laissant le bouclier tomber par terre, répondant très brillamment bien qu'il était trop haché pour réfléchir.
-"Tu aurais pu esquiver un peu moins bien alors !"
-"C'est vrai...Je ne comprends pas pourquoi."-répondit-il, marquant ensuite un temps de pause. "Et je ne comprends pas non plus...pourquoi vous m'avez sauvé."
-"C'est normal ! Si ça te convient pas, on peut dire que...ça fait partie de mon métier ! Ne restons pas là."Et ainsi s'est achevée l'histoire de notre entrepreneuse, et ainsi débuta l'histoire de notre protagoniste...
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Les Chroniques d'Artwell - TOME I : La Revanche des Condamnés.
Science FictionLes Myréens - Des créatures d'outre-monde extrêmement féroces et dangereuses. Après une rencontre avec l'un d'entre eux, le genre de rencontre qui ne peut laisser personne de marbre, Maur décide de rejoindre les combattants d'Artwell, une organisati...