Chapitre 23

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Tyler

La soirée bat son plein, depuis, je ne sais pas, cinq heures peut-être. La musique est forte, le nombre de personnes présentes a doublé, voire triplé depuis le commencement. Granny est en France, car il y a un enterrement dans la famille de ma belle-mère. Davina l'a accompagné, mais pas moi. Je ne lui parle pas, sans compter que je ne connais même pas qui était ce mec. À quoi aurait servi ma présence là-bas ? Rien.

De toute façon, je ne manquerais à personne.

— Tyler bébé ! crie Alicia de sa voix hyper aiguë dans mon oreille. Bébé ! Quelle belle idée d'avoir organisé cette fête.

Elle passe son bras autour de ma nuque pour que l'on soit plus proche.

— Tu m'as trop manqué !

— On a passé toute l'après-midi ensemble, répliqué-je en tirant sur ma cigarette.

— Tu me manques quand même.

Mon absence de réponse l'énerve. Elle s'écarte, afin de pouvoir me fixer de son regard clair. Je lève un sourcil quand elle enroule son deuxième bras autour de ma nuque.

— Qu'est-ce qu'il y a, bébé ? Tu es tout tendu. C'est à cause de cette stupide Angelina ?

Angelina.

La simple mention de son prénom suffit à m'ensevelir sous une tonne de culpabilité. Les choses ont si mal tourné l'autre jour que même aujourd'hui, je ne parviens pas à me regarder dans un miroir. Malgré mon refus, Gabriel, Ambre et Alicia ont mis en place leur piège pour s'en prendre à elle.

Non seulement ce connard de Gabriel l'a forcé à s'excuser publiquement, mais en plus, il l'a contraint à essuyer sa putain de basket. J'aurais pu l'aider, leur dire d'arrêter, mais j'ai pensé que si je les laissais faire, alors elle resterait loin de moi. Sans compter que mon intervention l'aurait encore plus mis en danger.
Alors, malgré le sang qui bouillait dans mes veines et l'envie de défigurer Gabriel, je suis resté debout, à observer toute la scène. C'était une putain de torture de la voir si vulnérable, incapable de se défendre. J'ai toujours ressenti le besoin de la protéger. Elle est si mince et si fragile, notamment après tout ce qui lui est arrivé.

Et malgré mes membres qui tremblaient et ma mâchoire qui me faisait souffrir à force de serrer les dents, je n'ai pas cédé.

Et puis elle a assumé que j'étais le responsable et m'a giflé.
Devant tout le monde.
Bien sûr, elle ne s'est pas arrêtée à là. Non, elle a même pris le temps de m'engueuler avant de s'en aller, telle la guerrière qu'elle est. C'est seulement à mon retour à la maison que j'ai su qu'elle s'était fait une contusion. Je me suis senti tellement mal que je n'ai même pas osé croiser son regard après ça.

Nous ne nous sommes plus reparlés depuis. Soit elle m'évite, soit elle m'ignore. Je devrais être satisfait, sauf que pas du tout. Je pensais qu'après avoir passé deux ans loin de l'autre, il serait plus facile de continuer à nous ignorer. Au final, c'est tout le contraire. Je ne veux que la voir, lui parler, entendre sa voix, son rire.

Ça me rend fou.

— Ça n'a rien à voir avec Angelina, finis-je par lui répondre.

— Et si on allait à ta chambre ?

— Pourquoi ?

Ma question doit paraitre conne, mais je m'en fous. Je prends une gorgée de ma boisson pendant que mes yeux se promènent sur les jeunes présents jusqu'à finir par se poser sur la fenêtre du deuxième étage, où la lumière est allumée.

Qu'est-elle en train de faire ? Regarder un film ou lire un bouquin dans son lit ? Essait-elle de dormir ?

— Il y a plein de choses qu'on peut faire dans une chambre.

Pour illustrer ses paroles, ses lèvres se posent sur les miennes et m'embrassent passionnément. Trop pour moi, étant donné que je ne suis pas spécialement d'humeur.

— Non.

— Ce qu'une chambre, Tyler ! s'énerve-t-elle.

— J'ai dit non, répété-je, irrité.

Putain, elle ne peut pas aller emmerder quelqu'un d'autre ? Je veux juste respirer deux minutes ! Il faut croire que non, car elle plaque un sourire aussi faux que ces cils sur son visage, avant de suggérer avec une intonation qu'elle imagine sensuelle :

— Qu'en est-il de la chambre d'ami ?

Elle s'empare de ma main qu'elle pose elle-même sur ses fesses qu'elle cambre de manière suggestive. Elle est prête à tout pour me faire craquer, car elle a bien compris qu'elle ne me faisait ni chaud ni froid.

Ou plutôt, qu'elle me faisait plus froid que chaud.

— Non.

— Pourquoi encore ? s'énerve-t-elle, en croisant ses bras sur sa poitrine à peine couverte.

— C'est la chambre d'Angelina.

Il n'en faut pas plus pour que ses yeux se mettent à jeter des éclairs et que la colère déforme son visage déjà sujet au botox. Je sens la scène qui va arriver dans trois... deux... un... :

— Tu te fous de moi, Tyler ? Angelina dort à l'étage ? Dans la chambre en face de la tienne ?

— Et alors ?

Ma réponse agit comme du fuel sur des flammes. Elle ne s'embrase que davantage.

— Et alors ? Elle dort pas loin de toi ! Qu'est-ce que vous faites tous les deux la nuit ? Tu vas la voir dans sa chambre, hein ? Tu couches avec elle aussi ?

— N'importe quoi !

Non pas que je ne le veuille pas. Je ne compte plus le nombre d'heures de sommeil que j'ai perdues à cause de ça. Combien de fois me suis-je arrêté devant sa porte et me suis forcé à faire demi-tour ? À quand remonte la dernière fois où nous nous sommes assoupis dans le même lit ?

— C'est elle qui vient dans la tienne ?

Je lève les yeux au ciel.

— Angelina n'est pas comme ça.

— Bien sûr ! Tu la connais tellement bien, n'est-ce pas ?

Ce n'est pas une simple réplique de sa part. C'est un test pour savoir où se situe Angelina dans ma vie aujourd'hui. C'est sa façon de savoir si j'éprouve toujours des sentiments pour elle ou pas.

Alors, je joue le jeu comme j'ai appris à le faire depuis des années maintenant.

— Je la connaissais, Alicia. Je ne l'ai pas vu depuis deux ans. Elle est différente maintenant.

Et parce que ce sujet est particulièrement éprouvant pour moi, je l'attire à moi, mes mains se faufilent sous sa robe pour empoigner méchamment ses fesses. Intérieurement, je prie pour qu'Angelina n'assiste pas d'une manière ou d'une autre à cette scène, qui je le sais, va lui faire du mal.

— Tu es celle avec qui j'ai partagé ces années.

Je l'embrasse dans le cou... sans respirer, parce que je n'ai pas envie de mourir asphyxié par son horrible parfum.

— Pourquoi est-ce qu'on n'irait pas chez toi ? 

Always...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant