Chapitre 16:

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               Driss se penchant par-dessus l'épaule d'Amétisse pour mieux voir le rapport du médecin légiste en chef. Les tatouages de la Fée bleue ressortaient particulièrement bien sur la page blanche. Les odeurs réconfortantes et chaudes de la tablée ne suffisaient alors pas entièrement à alléger l'atmosphère. Saphir était pour l'instant silencieuse. Dor maintenait tout bas à Miguel, qui voulait bien l'écouter, qu'il s'agissait de symboles alchimiques. Loran demanda à la jeune lycanthrope ce qui lui faisait dire qu'elle était presque certaine qu'il s'agisse en réalité de symboles alchimiques. Perdue dans ses pensées et le regard toujours fixé sur les pages des photos en gros plans des tatouages de la Fée assassinée, la demi-Elfe réfléchissait à toute allure. Amétisse avait commencé à faire une tresse avec ses long cheveux noirs, elle aussi préoccupée par l'état actuel non seulement de leur propre investigation, mais par les implications de tout cela pour Mitsbill, pour son peuple, et pour la suite de son règne encore naissant.

Plus personne ne portait attention aux plats qui commençaient à refroidir à table, et une conversation entre Dor, Miguel et Loran s'ouvrait sur les significations des symboles alchimiques, sur leurs pouvoirs, les possibilités qu'ils représentaient lors de la création de sortilèges mais aussi des dangers de leur utilisation s'ils étaient directement en contact avec un être vivant. Driss avait en réalité d'autres questions sur le bout de la langue. Si Ixbill avait identifié l'ancien clan auquel la Fée appartenait, auquel était-ce ? Les Fée adorant parler et documenter l'évolution de leurs tatouages naturels, il y avait toute une littérature travillienne qui portait spécifiquement sur la question. Pour le jeune Harpie la question se posait. Si l'on arrivait à savoir à quel clan la Fée appartenait, il serait alors possible de retrouver son passage dans l'histoire. Les tatouages de la Fée, ceux qu'il était normal de voir scintiller sur sa peau, étaient imbriqués les uns dans les autres, formant de belles et délicates arabesques. Il arrivait à voir sur le document que tenait toujours Saphir quelques-uns des tracés qui devaient être sur le dos de la Fée. Quelque chose n'allait pas là non plus.

« Outre la très intéressante question que tu as remarqué Saphir, même si Dor et toi n'êtes pas d'accord...vous ne voyez pas qu'il y a quelque chose de très étrange sur cette photo ? Il n'y a rien qui vous...met mal à l'aise ? », demanda Driss, pointant fébrilement du doigt la zone qui l'intéressait, attendant la réaction de ses amis. Quand personne ne lui répondit, parce qu'ils cherchaient de quoi il voulait parler, sa voix commença à trembler. « Les Fées...les Fées sont des créatures magiques ailées, n'est-ce pas ? On devrait avoir un rapport, un document, une photographie des ailes de celle-là quelque part. Ou au moins, une trace de ses ailes quelques part sur son dos. Mais...mais il n'y a nulle part la mention de ses ailes. Ce qui veut dire qu'un autre crime a été commis : quelqu'un, possiblement celui qui l'a envoyé ici, lui a retiré ses ailes. »

La grave révélation de Driss leur coupa le souffle. Encore un autre crime magique à ajouter à la liste de Maluri.

« Au moins, et je sais bien que dire ça de cette manière est horrible et ne rend pas compte de la véritable ampleur de la situation ou de la gravité absolue des crimes que l'on sait maintenant, nous pouvons nous faire une meilleure idée de qui nous avons affaire en ce qui concerne Maluri », commenta Miguel, pensif, portant un regard déterminé et grave.

« Je vois bien oui », les premiers mots de Saphir depuis sa dernière déclaration. Ses mots étaient froids et durs. « Dor, puisque tu penses qu'il s'agit de signes alchimiques, est-ce que tu pourrais nous avancer sur la question ? Je n'ai pas réussi à identifier le langage dont il s'agit, si mon hypothèse est correcte, pour l'instant on va suivre la tienne. »

« Bien sûr », la chaise racla bruyamment sur le sol à travers le nouveau silence de la pièce lorsque la jeune fille se leva. Avant de refaire son explication à tout le groupe cette fois, elle se racla la gorge. On savait alors qu'elle y avait bien pensé et qu'elle s'apprêtait à faire une présentation détaillée de son hypothèse.

Malédiction et Contre-sort partie 2:  MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant