Chaque jour, chaque nuit devenait une supplice à mesure que s'avançaient lentement et dangereusement les aiguilles qui comptaient les heures et les secondes. A chaque clignotement, les rouages de la mort s'éternisaient à casser l'ambiance et à nous rappeler notre ultime fin.
Mathieu se dirigea vers une excavation cachée et en sortit une petite valise. Ici rien ne passe sous silence. Même le bruit que font nos mâchoires en mastiquant les aliments , est sujet à une recherche minutieuse. Les gardes l'appelaient à son retour. Le vieux Mathieu s'arrête et entreprit de mener une discussion assez sérieuse avec les gardes.
Ils le déshabillèrent du regard. Le vieux sentait qu'on l'assassinait dans différentes parcelles de son corps sans le toucher. Ils commencèrent à se sentir mal à l'aise.
Finalement le plus vieux des gardes lui tapota l'épaule.
- Allons les gars ! Ce groupe a toujours fait preuve de maturité. Laissez- le vaquer à ses occupations !
- Merci monsieur... je me sentais un peu préoccupé ...
- Je vous en prie....
Le vieux Mathieu poursuivit sa route avec le sac en main. Plusieurs curieux étaient en train de le dévisager, mais il restait impassible.
Le petit sac roulé en boule dans un sachet qu’il retenait à la main. Depuis le temps qu’il effectuait ce pèlerinage en groupe, cette valise était leur porte de sortie pour le paradis. Dessus étaient inscrits les nombreux camps et les responsables pour pouvoir s'y introduire.
Enfin, un soupçon de soleil illuminait l'horizon. Cela ne servait à rien de s’attarder sur ces événements dramatiques, d’autant qu’on n’y pouvait rien.
Il suffisait simplement de s'activer de vigilance. Tout attribuer à la fatalité, n'était le plus sûr moyen d’évacuer cette peur qui tenaillait tout le monde.
La vie des misérables ne comptait pas. Les puissants de la ville bafouaient sans vergogne le droit élémentaire de
chaque homme à vivre en toute sécurité.Mathieu se dirigea vers la petite pièce qui servait de réfectoire. Il fit signe à quelqu'un adossé au bar. L'endroit était si petit que plusieurs personnes ne pouvaient y accéder en même temps.
On lui servit un bon repas. Les autres jeunes y étaient déjà assis. Ils dégustaient goulûment un poulet à la sauce béchamel, et une gratinée de pomme de terre. Lorsqu'il était sur le point de terminer son plat, il avait brandi le sachet qu'il tenait à la main en signe de victoire comme pour leur montrer sa grosse découverte.
Mathieu se réjouit de son trésor . Ce dernier voulait en faire part au groupe mais il s'abstint de gâcher l'atmosphère malgré que l'envie lui parût si grande à chaque fois.
De plus, le débat risque d'être controversé. Quitter le camp était un sujet épineux. Il fallait dresser tout un plan pour y survivre. Tout le monde s’interrogeait toujours du regard, et si les rumeurs disaient vraies ?
Surtout que la veille, certains campeurs qui traînaient pendant la nuit ont affirmé avoir vu certains éclaireurs affirment avoir vu une bande armée qui trimballait près du camp. C'était une course à la montre, et depuis les agents étaient en état d'alerte. Ce qui diminuait l'ambiance à l'intérieur du camp.
Personne ne croit plus en l’arrêt des hostilités. Depuis quelques jours, les malfrats redoublaient de cruauté et d’intensité en passant aux flammes maisons et individus. Les éclaireurs , partis dans la matinée, l'ont rapporté en fin de soirée.
Tout un mécanisme fut mis en place pour surveiller le camp. Après avoir fouillé minutieusement les environs, les gardes décidaient d'augmenter la surveillance. A chaque deux heures, une nouvelle patrouille venait remplacer les autres. Ce qui conférait un aspect sécuritaire à tout le monde.
Cette semaine nous avons goûté des heures de joie pure, parce que l'atmosphère était plus serein. Nous en sommes même arrivés à oublier que l'extérieur gisait sous des nuits lamentables, ce qui aurait été normale pour des gens vivant dans la limite de la commodité.
Je demande à Lydia avec indifférence, si elle a revu les deux copains de la fois dernière, . Elle me répondit vivement, ce qui me surprend un peu :
— Ah ! c’est vrai, je ne vous ai pas dit… vous savez, ici nous sommes mieux protégés ; eh bien, ils ont préféré rester là -bas. hier soir, je leur ai même écrit une petite missive dans ma chambre vers dix heures.
— Qu'est ce qu'ils t'ont répondu ?
— Oui ! Ils regrettent amèrement d'être restés là-bas. l’auriez-vous cru ?
Je réponds que non ; l'expression de leur visage était devenue si inaccoutumée que j'ai perdu toute contenance. Cependant, je demeure avec lucidité dans les réflexions. Je lui demande :
- Vous ne les trouvez pas con vous?
- Mais non, voyons ! ça m'inquiète seulement. C'aurait été plus facile pour eux d'être ici.
Entre temps, les limites du barbare ont déjà atteint leur degré de paroxysme. Les lumières ont déjà pliés bagage depuis peu. C'était une ville cadavre, une ville muette qui s'en allait, la tête baissée, les épaules pentelantes avec une once de tristesse dans le yeux, triste d'avoir vécu et éperdu de s'être laissée emporter par le désir de se surpasser.
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L'île aux Mors...
AdventureLisa , une jeune fille, adoptée dans une famille parisienne suite à la mort de ses parents, dont les conditions sont aisées, se retrouve aujourd'hui plongée dans un sacré merdier. Pour les vacances de ses rêves, celle-ci sous les conseils de quelque...