Le matin, les rayons du soleil filtraient à travers les rideaux, éclairant doucement la pièce. Mathyas dormait encore, son bras drapé autour de ma taille. Je m'échappai lentement, faisant attention à ne pas le réveiller, mais en me levant, ma tête tournait légèrement, et mes jambes vacillèrent. Je faillis trébucher, mais Mathyas, toujours alerte malgré son apparente somnolence, se leva rapidement pour m'attraper.
— Tu tiens même pas debout, Luna, dit-il avec un sourire en coin.
Il m'aida à m'asseoir sur le tabouret près du miroir de la salle de bain. Je passai une main sur mon visage et me rendis compte que mon maquillage d'hier était toujours là, formant des traces noires autour de mes yeux.
— Tu devrais te démaquiller, fit remarquer Mathyas, toujours attentif. T'as du démaquillant dans ton sac ?
— Ouais... j'ai oublié hier soir, répondis-je avec un sourire gêné.
Sans rien ajouter, il attrapa mon sac, fouilla un instant, puis en sortit le flacon de démaquillant et un coton. Je le regardai, surprise, mais il s'approcha avec un sérieux touchant.
— Ferme les yeux, mon ange.
Je m'exécutai. Ses gestes étaient délicats, comme s'il manipulait une chose fragile. Le coton, imbibé de produit, passa sur mes paupières. Je sentis ses doigts effleurer ma peau alors qu'il s'appliquait à retirer le maquillage, concentré. Une larme roula sur ma joue, sans que je puisse la retenir.
— Luna, qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il doucement, s'arrêtant un instant.
Je gardai les yeux fermés, ma voix tremblante.
— J'ai peur, Mathyas.
— De quoi ? murmura-t-il, sa voix grave adoucie par une inquiétude sincère.
— Peur qu'il revienne...
Je n'avais pas besoin de dire son nom. Il comprit. Il posa le coton et plaça ses mains de chaque côté de mon visage.
— Écoute-moi bien, Luna. Sa voix était ferme, mais réconfortante. Cameron ne te fera plus jamais de mal. Tant que je suis là, il ne t'approchera pas. Jamais.
Il déposa un baiser sur mon front, sa chaleur dissipant une partie de mes craintes. Je rouvris les yeux, et il reprit son geste, continuant à me démaquiller. Après un moment de silence, il hésita.
— Oh, au fait... Il s'arrêta, l'air embarrassé. Rien, laisse tomber.
Je fronçai les sourcils, intriguée.
— Non, dis-moi.
Il termina de nettoyer mon visage, posa le coton et croisa mon regard, cherchant ses mots.
— Tu... tu regrettes pas ? Hier soir, je veux dire.
Ses yeux étaient pleins d'une vulnérabilité que je n'avais jamais vue chez lui. Pour toute réponse, je m'approchai et déposai un baiser sur ses lèvres. C'était doux, sincère, chargé d'une émotion que je n'arrivais pas encore à comprendre pleinement, mais que je savais vraie.
Quand je me retirai, il me fixa, un sourire léger mais sincère étirant ses lèvres.
— C'est tout ce que j'avais besoin d'entendre, murmura-t-il, caressant ma joue avec une tendresse infinie.
Et dans ce moment suspendu, je me rendis compte que, pour la première fois depuis longtemps, je me sentais en sécurité. Vraiment en sécurité.
Mathyas me regardait, appuyé contre le cadre de la porte de la salle de bain, les bras croisés, son sourire légèrement taquin mais teinté d'une inquiétude sincère.
— Luna, t'es pas en état. Aujourd'hui, on est censé avoir un entraînement avec le coach, tout le groupe réuni, mais je vais lui dire que t'es malade. Je reste avec toi, dit-il d'un ton qui ne laissait pas de place à la discussion.
Je relevai la tête pour croiser son regard, agacée qu'il décide pour moi.
— Non, Mathyas, je vais bien, dis-je, ferme. Je vais désouler rapidement.
Il arqua un sourcil, amusé par ma détermination.
— T'es sûre ? Parce que là, t'as encore un peu l'air de marcher comme Bambi sur la glace.
Je levai les yeux au ciel et me levai du tabouret, lui prouvant que j'avais retrouvé mon équilibre.
— Tu vois ? Ça va. J'ai pas besoin que tu trouves des excuses pour moi.
Il sourit doucement, s'approcha de moi, et sans prévenir, déposa un baiser léger à la commissure de mes lèvres. Un frisson parcourut ma peau à ce contact subtil mais chargé d'intention.
— C'est ça que j'aime chez toi, Luna, murmura-t-il en reculant légèrement. Ton entêtement. Mais n'oublie pas que t'as pas besoin de tout affronter toute seule.
Je le regardai, hésitant entre l'agacement et la chaleur qu'il faisait naître en moi.
— Et toi, n'oublie pas que je suis plus forte que j'en ai l'air, lui répondis-je avec un demi-sourire.
— Ça, je le sais déjà, répliqua-t-il en souriant pleinement, avant d'ajouter sur un ton plus léger : Bon, va te préparer, alors. Mais promets-moi une chose : si tu sens que ça va pas, tu viens directement me voir. OK ?
— Promis, dis-je, avant de filer dans sa chambre.
Son regard était toujours posé sur moi, et je sentais encore la chaleur de son baiser, aussi discret soit-il. Une chose était sûre : avec Mathyas, même les matins les plus ordinaires prenaient une toute autre saveur.
Nous partîmes finalement pour l'entraînement, et une fois arrivés à la patinoire, mon coach s'avança au milieu du groupe pour faire les présentations officielles.
— Mathyas, je crois que tout le monde connaît ton nom maintenant, mais pour ceux qui dormaient, voici Mathyas, qui rejoint nos entraînements aujourd'hui.
Il hocha la tête avec son sourire en coin habituel, mains dans les poches, confiant mais nonchalant.
— Salut, dit-il simplement.
Avant que quiconque ne puisse réagir, Mélina, une des filles du groupe, s'avança et lança d'une voix mielleuse :
— Bienvenue, Mathyas. Si t'as besoin de quoi que ce soit, tourne-toi vers moi.
Son sourire était à peine dissimulé, et ses intentions étaient claires. Je n'aurais peut-être pas réagi si elle n'avait pas autant insisté sur son regard provocateur. Mais là, je ne pouvais pas laisser passer ça.
Je tournai légèrement la tête vers elle, un sourire tout aussi faux que le sien accroché à mes lèvres.
— T'inquiète pas, Mélina, il aura besoin de rien. Surtout venant de toi.
Un silence pesant s'installa pendant une fraction de seconde, et puis Mathyas éclata de rire. Un rire vrai, presque moqueur.
— Calme-toi, Luna, murmura-t-il à mon oreille en passant à côté de moi, avant d'ajouter un peu plus fort : Mais merci pour la proposition, Mélina, je saurais me débrouiller.
Je lançai un regard triomphant à Mélina avant qu'elle ne roule des yeux et s'éloigne en marmonnant quelque chose.
Quelques minutes plus tard, l'entraînement commença enfin. Je me jetai sur la glace, suivie de Mathyas, qui me taquina en prenant un peu d'avance.
— Alors, Luna, tu vas me montrer ce que t'as dans le ventre ? lança-t-il en patinant à reculons.
— T'inquiète pas pour moi, concentre-toi plutôt sur ne pas tomber, répondis-je avec un sourire en coin, accélérant pour le dépasser.
L'entraînement se déroula sous le regard attentif du coach, qui corrigeait nos positions et ajustait nos mouvements. Mais à chaque fois que je croisais le regard de Mathyas, un mélange de défi et de complicité passait entre nous.
Et Mélina ? Elle ne ratait aucune occasion d'observer Mathyas, mais je ne comptais pas lui laisser le champ libre. Pas aujourd'hui. Pas tant qu'il patinait avec moi.
𝖠 𝗌𝗎𝗂𝗏𝗋𝖾 ...
VOUS LISEZ
𝐇𝐞𝐚𝐫𝐭𝐬 𝐨𝐧 𝐢𝐜𝐞
RomanceLuna, une patineuse artistique de 16 ans, s'entraîne depuis son enfance pour devenir l'une des meilleures dans son domaine. Lorsqu'elle apprend de son coach qu'elle a été sélectionnée pour un concours prestigieux, elle est excitée mais vite déstabil...