Le chapitre 10 marque toujours chez moi une incroyable victoire ! Peut-être à cause du fait que c'est un nombre magnifique et qu'enfin, quand je numérote mes chapitres, je vois un grand changement ! Comme quand j'ai fait un pas. Dans le cadre du nano, c'est aussi grosse fierté car il marque le passage aux 15 000 mots, en général, des fois. Enfin, ça dépend des gens ...
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La case qui nous accueille est à peine plus grande que la précédente. On peut noter une pièce dans le fond qui sert de chambre à Désirée et Philippe. Moi et grand-mère sommes coincées dans la pièce commune, là où on mange et autre. Maman sourit du bonheur d'une nouvelle mariée quand elle regarde son époux et qu'il la prend dans ses bras. Prudence relève le menton en pensant qu'ils sont indécents. Néanmoins, comme ils sont heureux, elle ne rajoute rien.
Demain, nous retournons près de Marie. Désirée veut presque se plaindre :
—Je ne veux pas y aller, rester ici, éternellement !
Mais ça, Philippe ne l'entend pas de cette oreille. Il est pressé de retourner voir le Maître et de gérer avec lui la plantation. Quitte à abandonner son épouse et la fille de cette dernière. Il évite en général de croiser mon regard. J'ignore si c'est par dégoût ou par indifférence. S'il ne me voit pas, alors je n'existe pas, tout simplement.
Au moment de se coucher, Désirée ne se plaint pas du ton autoritaire de Philippe. D'ailleurs, il se permet de faire un commentaire sur quelques percussions qui résonnent non loin :
—De la musique de sauvage ... ! (1)
Maman s'est souvent amusé à danser autour du feu en compagnie de d'autres jeunes filles. Elle ne reniera pas cette mélodie venue de loin. Elle préfère ne rien rajouter :
—Ne pensez-vous pas la même chose, Grand-mère ? demande-t-il.
—Après une longue journée au champ, ça fait du bien de se détendre.
—Et bien, c'est qu'on ne les a pas assez fatigué !
—La danse a sauvé la vie de bons nombres de tes ancêtres qui était sur le bateau, rétorque Prudence d'un ton sans appel. S'ils ont envie de danser, rien ne les en empêche. Le Maître ne peut pas intervenir sur cette passion.
Je suis trop jeune pour danser, ou pour comprendre certains chants. Je trouve simplement qu'ils viennent d'ailleurs, qu'ils ont une nature différente de celle de français et de celle des esclaves. Quelques-uns de la plantation ont su gardé quelques rudiments de leur langue africaine.
Philippe grimace tout en guettant dehors :
—On a une enfant à coucher. C'est une honte de faire ce tintamarre si tard.
Prudence me tend les bras alors que je me lève de quelques pas maladroits. Elle m'attrape contre elle et lève le regard sur l'homme :
—Ça ne l'a jamais dérangé. Kalla aime bien la musique. Ça la berce.
—Viens, Désirée, rajoute-t-il.
Maman se lève et le suit dans la pièce à côté qui n'est séparée de celle-là que d'un fin rideau de feuilles. Grand-mère a un sourire mauvais sur le visage alors qu'elle m'avoue :
—On a cette haine en commun, petite. Lui, je veux bien que tu le maudisses. Je te fournirais même l'excuse si on vient t'attraper. Il pense qu'il peut se complaire aux côtés de ma fille de cette manière. Renier sa couleur. Je ne le laisserais pas passer.
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L'épouse du Diable
HorrorÎle de La Réunion, 1788 : un maître viole une esclave. Le fruit de cette union est Kalla, une jeune métisse qui attirera l'attention du fils de La Fournaise. Ce dernier lui apprendra le maniement de la magie, et la poussera à tourmenter l'île. Hist...