Sortie nocturne

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Point de vue : Juliette

Ma semaine s'était déroulée comme une semaine de vacances complète. Plage, visite de Monaco, plage et soirée chill avec Lando. Aujourd'hui, Madeline m'avait réservé un rendez-vous avec une marque italienne et j'avoue que ça ne m'enchantait pas plus que ça, étant donné que c'était le jour où Lando partait en Hongrie.

Mais bon, j'avais honnêtement d'autres choses en tête. C'était assez rare d'avoir des rendez-vous de marques comme celle-ci, mais j'étais tout de même heureuse de pouvoir travailler un peu avant le début du tournage en début d'année prochaine. Il venait d'être retardé, car Tim n'avait toujours pas fini le tournage de Dune deux et il était essentiel pour le notre. Donc cela me donnait plus de vacances et une possibilité de pouvoir aller à Abu Dabi en décembre sans stress.

— Mademoiselle Ricci, Bonjour.

C'est une dame en tailleur qui vint à ma rencontre alors que je venais d'entrer dans le bâtiment signé de la couleur emblématique de l'écurie italienne.

— Bonjour, merci de me recevoir.

Effectivement, je n'avais aucune idée du pourquoi Ferrari avait pensé à moi pour faire leur modèle. Mais bon, je n'allais pas me plaindre. Enfin, je pense.

Je pense que c'est la première fois que j'entre dans un bureau aussi rouge. Les murs, le bureau, les stylos, tout.

Alors que j'étais en train de m'asseoir sur la chaise que je supposai pour moi, une femme de grande taille entra dans le bureau, un grand sourire sur les lèvres.

— Juliette, très heureuse de te rencontrer. Je m'appelle Stella. Je n'étais pas sûr que tu es eu l'e-mail avant de partir pour le grand prix.

— Oui, enchantée. Madeline m'a appelé directement après votre appel. J'ai pu retarder mon vol, je ne pars que demain soir.

Elle sourit satisfaite que j'ai pu me libérer afin d'être là aujourd'hui et commence à me présenter la section mode que j'ignorais il y a encore quelques jours de l'écurie italienne.

Je voyais bien qu'elle essayait de me vendre du mieux possible le travail qu'elle me demandait, mais pourtant quelques points m'interpellèrent.

Déjà, des voyages en Italie et plus précisément à Maranello, plusieurs fois dans l'année, malgré les bureaux présents de l'autre côté de l'Atlantique. Ensuite, ma présence aux évènements de l'écurie, dont la révélation des livrées et tous les diners à travers la saison.

En soi, aucun de ses deux points ne me posait problème. Seulement, je ne pouvais pas être partout à la fois. Et malgré l'aplomb avec lequel avait insisté mon agent, j'éprouvais un hésitement tout le long du rendez-vous.

— Il faut comprendre que nous t'avons contacté non seulement car tu nous as été fortement conseillé, mais également car nous pensons que tes capacités...

Mon cerveau s'était déconnecté au « fortement conseillé ». Effectivement, le fait que Kendall soit ma meilleure amie m'a sûrement ouvert de nombreuses portes, malgré qu'elle m'ait toujours dit le contraire quand je le sous-entendais. Mais de là à me recommander une marque de voiture italienne.

Puis une chose dans mon cerveau me fit tilt. Ferrari. Voiture. Charles. Bien évidemment, c'était lui. Je me retins de sourire au vu de cette intention qui fit chavirer mon cœur un peu plus. Mais pourtant, un léger rictus apparut tout de même sur mes lèvres rosées par le gloss et, à mon incompréhension totale, Stella crut que c'était pour elle.

— Je savais que tu allais accepter, Charles m'a dit que tu serez folle de ne pas le faire, pareil du côté de ton agent.

Voilà comment je m'étais retrouvé dans cette situation des plus farfelues. J'étais à présent modèle pour Ferrari. Vous y croyez-vous ? Parce que moi, non.

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C'est l'air chaud de la petite ville italienne qui me fit retrouver mes esprits alors que j'avais été gentiment raccompagné dehors après avoir signé mon contrat pour l'année 2024. Si vous m'aviez dit que ce serait aussi rapide. J'aurai largement pu prendre un vol aujourd'hui.

Et je n'attendis pas d'être revenu dans la principauté pour appeler un certain monégasque.

— Oui, Juliette ?

Je souris en entendant mon prénom sortir du combiné, contente qu'il est reconnu, pour une fois, son destinataire.

— Merci Charles.

— Je savais que ça allait te faire plaisir, Lando m'a dit qu'il était déjà parti, tu es dans l'avion ?

— Je n'ai pas pu partir avec lui. Il ria légèrement alors qu'il marmonna quelque chose et revint près du combiné.

— Mince, alors retrouve-moi à l'aéroport de Nice, je t'emmène avec moi.

Il raccrocha sans que je puisse rien dire et me retrouva pantelante, attendant dans mon taxi, ne sachant pas si je devais accepter ou non. J'en ai envie, croyez-moi, mais une persistance m'empêche de le faire correctement.

~~

J'étais devant l'aéroport, ma valise à la main, en attendant que Charles arrive. J'avais accepté. Est-ce que j'étais faible ? Sûrement, mais de toute façon, il me fallait un moyen pour aller en Hongrie et il était mon moyen. Il venait de m'écrire, m'informant qu'il avait une course à faire, mais qu'il sera là d'un moment à un autre.

Pendant le cours de l'apse de temps, je pris des photos avec des gens qui m'avaient reconnu. En même temps, j'étais en casquette, lunettes de soleil, une tenue que tout le monde devinait être celle d'une personne qui ne voulait pas se faire voir. Mais voir des gens qui aimaient mon travail me faisait toujours plaisir et cela m'occupa le temps que je vis Charles arriver avec son équipe, qui était constituée de lui, de Joris et de son préparateur physique.

Mais ce qui attira mon attention fut le bouquet de fleurs dans la main du pilote Ferrari et je me sentis immédiatement stupide après avoir eu envie pendant un court instant de recevoir ces fleurs de sa part.

— Bongiorno

— Bonjour. J'allais pas parler italien, et puis quoi encore.

Son sourire aurait presque pu me faire chavirer si je ne vis pas Charlotte arrivait derrière lui, un sourire scotché sur le visage.

Et puis inconsciemment, alors qu'il me questionna dans mon regard, je perdis mon sourire. C'était peut-être égoïste, mais cela prenait sens, les fleurs et son sourire idiot. Je sais que je ne devrais pas me fier à ça, étant donné qu'il essaye toujours de m'affirmer qu'il ne l'aime plus. Mais comment on est censé ne plus aimer quelqu'un qu'on aurait voulu aimer pour toujours ?

Alors j'adoptai un sourire timide mais tout de même présent alors qu'elle s'approcha et se glissa dans les bras d'un Charles immobile. Son sourire, lui aussi, avait disparu et j'aurais presque voulu qu'il ne ressente rien à ce contact ou ne veuille plus la voir après ce qu'elle avait fait.

Pourtant, au regard appuyé d'Andrea, son préparateur physique, il se ressaisit et la serra à son tour.

Et puis un petit pincement au cœur m'attrapa quand il lui tendit les fleurs que j'avais pensé pendant un court instant être pour moi.

Un deuxième, alors que toute souriante, elle vint me faire la biz, contente de me voir.

Et un troisième, alors que je vis les lèvres que je rêvais d'embrasser depuis ce fameux soir où nous avions été interrompus sur son bateau, mais où tout semblait parfait, se poser sur celle de la brune.

Il mio campioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant