Mi septembre, à Ann Arbor
Jules
J'ai eu peur une fraction de seconde, mais serait il possible qu'un secret se cache sous la carapace des gymnastes ? Ne viennent ils pas de dévier la conversation ? Je vais finir par me rendre folle si je continue a radoter dans ma tête. Je me fais des films, ça arrive. Bien trop souvent, ouvre les yeux.
— Arroux ? Oh.. c'est mon chat, fin c'était mon chat, leur expliqué-je.
Je suis quelque peu surprise d'avoir prononcé son prénom mais il ne peut le sortir de nul part, hein ? J'en ai pas parlé autour de moi, uniquement a Stacy mais elle n'aurait aucun intérêt à aller le leur raconter alors je laisse couler.
— Il lui est arrivé quoi ? Sans indiscrétion, me dit Alex.
— Mmmh, il s'est fait renverser par une voiture il y a peu, presque un mois maintenant.
— Juste avant la rentrée ? demande Chad attristé par la nouvelle. Putain, la faute à pas de chance. Ça n'a pas due être facile pour toi, je compatis.
Il me touche doucement le dessus de la main pour me montrer sa compassion que je ne refuse pas. Je me laisse faire, dictée par la saveur de l'alcool.
— Cela nous fait un nouveau point commun, mon chat Poireau est décédé aussi à ma rentrée de première année, rapplique Chad après le silence qui s'était imposé entre nous.
Je fais abstraction de l'adjectif qu'il a employé, me disant que notre premier point commun doit être notre passion pour l'alcool car nous buvons tous les deux comme des trous.
— Poireau ? Tu as vraiment appelé ton chat Poireau, Chad ? Sam ! Pourquoi tu ne l'as pas empêché de commettre ce crime ? m'écrié-je dans sa direction.
— Je n'étais qu'un bébé quand on l'a reçu.. difficile d'imposer ma vision des choses, dit il.
Nous explosons de rire, le moment me met du baume au coeur. Je commence a les apprécier et passer des instants comme ceux-ci sont apaisants. Je retrouve une certaine contenance que je n'avais plus depuis cette période tout en étant une nouvelle personne.
Nous continuons a discuter de pleins de choses. Je découvre que leur compétition de gymnastique est dans un mois et demi et qu'ils sont impatients d'y aller. Les entrainements les fatiguent énormément et leur coach n'y va pas de main morte avec eux, les poussant jusqu'au bort de l'assoupissement parfois. Je leur exprime mon désaccord sur la façon qu'a leur entraineur de faire, que leur corps s'abimeront bien trop rapidement mais contrairement a ce que je pense, les trois garçons trouvent que c'est une façon comme une autre de leur montrer qu'ils sont très bons dans leur domaine et que Mr. Troy, leur coach, tient à ce que cela reste ainsi, qu'il est fière d'eux. Et puis cela les motive quand ils sont trop fatigués, ils se lancent des défis bidons pour se surpasser.
Je suppose que c'est en effet, une façon de voir les choses même si je trouve qu'avec le manque de sommeil qu'ils ont accumulé, ils vont finir par se blesser et je ne souhaite pas voir cela.
Pendant que je passe un agréable moment, je constate de plus en plus que les garçons perdent le fil de la conversation. Ils sont tous distrait par un élément se trouvant dans mon dos, leur regard rivé vers la maison. Je me retourne et c'est là que j'aperçois Stacy ou plutôt Eric qui surplombe le corps de la jeune femme, collée contre le mur, ce dernier qui soutien le poids de l'affamé.
Eric mange presque littéralement le visage de mon amie, ses grandes mains se baladent sur le corps aguicheur de cette dernière qui se frotte contre sa proie. Ou plutôt elle est la proie et lui le prédateur. Ce spectacle est dégoutant pourtant un sourire né sur mes lèvres, peut-être suis-je contente pour elle après tout, elle a ce qu'elle souhaitait.
Le bruit de verres qui tombent au sol me détache des deux tourtereaux. Les trois gymnastes se lèvent en furie, leur visage crispée par la colère. Je fais de grands yeux, ne comprenant pas cette réaction excessive jusqu'à ce que je me souvienne ce qu'il s'est passé plus tôt dans la journée. Sam reste légèrement en retrait et me lève pour le rejoindre, les deux autres déjà éloignés de nous.
— Qu'est-ce que vous faites ?! crié-je de toutes mes forces ce qui fait s'arrêter les deux blonds dont Stacy qui tourne la tête dans ma direction.
J'ai a peine prononcé ma phrase que Chad attrape Eric par l'arrière de la chemise et le tire vers lui, manquant de trébucher sur des bouteilles vides jonchant le sol en bois de la terrasse. L'ainé le jette au sol, Alex les suit et approché au niveau du footballeur, il commence a lui donner de violents coups de pieds dans l'estomac. Je reste sans voix, plaquant mes mains sur ma bouche. La scène à laquelle j'assiste est d'une violence sans pareille, je n'avais jamais assisté à une bagarre sanglante.
Stacy m'a rejointe et hurle sur les deux garçons qui ruent de coups l'homme qu'elle embrassait il y a encore deux minutes. Eric essaye de se relever, attrapant la cheville d'Alex qui chute à son tour mais sur le corps de son agresseur. Maintenant, ils en viennent aux poings. Chad s'est abaissé pour attrapé le col de sa cible, arrêtant les coups que recevaient le gymnaste. Le visage des deux hommes à terre est marqué de sang, l'arcade ouverte pour les deux ainsi que la lèvre fendue. Probablement que demain l'un des deux aura aussi un oeil au beurre noir et j'espère que ça sera Alex. Quel crétin, pourquoi fait il cela ? Pourquoi font ils ça ?
Stacy pleure contre moi, j'entoure son corps de mes bras pour la rassurer ne sachant pas quoi faire d'autre tant la situation me dépasse. Sam, lui, serre puis desserre les poings. Ça se voit qu'il veut prendre part à la bagarre qui a d'ailleurs repris. Mais pour une raison qui m'échappe, il ne le fait pas. Peut-être est-ce dû au fait que Stacy se tienne près de lui, qu'elle pourrait assister à sa violence qui égale sans doute celle de ses coéquipiers.
Stacy s'écarte de moi pour saisir le bras du cadet.
— Demande leur d'arrêter ! Ils n'ont pas le droit de faire ça ! dit elle avec horreur alors qu'on est témoin d'un violent crochet du droit que donne Eric a Alex.
J'écarquille les yeux, plaçant un pied devant l'autre pour m'approcher de la scène mais Sam s'interpose en plaçant un bras devant moi.
— Que fais tu ? Je dois les arrêter avant qu'ils ne se tuent ! Si tu ne comptes rien faire alors laisse moi faire Sam, dis je furieuse contre eux.
— Tu ne vas rien faire du tout, Eric mérite ce qui lui arrive.
Une claque fend l'air, faisant s'arrêter le temps autour de moi. Les brutes qui se battaient se sont arrêtés et nous regardent à présent. Ils sont surpris, tout comme moi. Sam s'est pris une sacrée gifle qui fait rougir la peau autour de son oeil. Son visage est neutre, il sait qu'il l'a mérité et il s'est laissé faire. Parce que je ne doute pas une seconde qu'il aurait été capable d'arrêter son geste. Stacy dont les yeux sont bouffis par les larmes fait volt face et s'éloigne du groupe, rentrant à l'intérieur.
Alors qu'on pensait que la situation s'était enfin arrêtée, Eric en profite pour donner un gros coup de tête a Chad qui s'écroule et casse une bouteille en verre qui trainait, sur la tête d'Alex qui finit saisit. Il prend la fuite vers la maison où se trouve Stacy, laissant derrière lui deux hommes à terre. Sam et moi courons vers eux, inquiets de les voir inertes.
Plus de peur finalement, ils sont encore conscients mais sonnés par le violent coup qu'il leur a porté. La colère sort par leur pore, on ne sent que ça. Ils sont énervés d'avoir été battu comme ça, mais ils avaient qu'à rester attentif. N'importe quoi, bien fait pour eux oui. Étant moi-même en colère contre eux, je décide de les aider à se relever mais je ne compte pas le faire délicatement.
