Roqhaya
Je descends lentement les escaliers, serrant la main de ma fille dans la mienne. À mes côtés, Loqman marche d’un pas sûr, son regard attendri posé sur notre fils, qu’il tient par la main. Nos enfants bavardent et rigolent entre eux, insouciants de tout ce qui se passe autour d’eux. Mon cœur se serre un peu chaque fois que je les confie à Darian et Elléa, mais je sais que c’est nécessaire. Ils sont en de bonnes mains, et leur tendresse envers nos enfants me réchauffe le cœur, mais la séparation est toujours difficile.
Une fois arrivés en bas, nous retrouvons Lyanna et Caspian qui nous attendent déjà. Lyanna, toujours aussi majestueuse, salue ma présence avec un sourire et un baiser sur ma main. Son geste me touche profondément, comme à chaque fois. Caspian, plus réservé, échange une accolade chaleureuse avec Loqman, les deux hommes partageant une complicité silencieuse.
Les enfants sont confiés à Darian et Elléa, qui nous promettent de veiller sur eux comme si c’étaient les leurs. Mais, une fois de plus, il est difficile de se détacher de leurs petites mains. Je les embrasse, dépose un baiser sur leur front, puis nous partons, laissant derrière nous un élan d’amour inaltéré.
---
Nous nous dirigeons ensuite vers la forêt royale, Caspian ayant proposé une chasse. Lyanna et moi échangeons quelques regards en chemin, et je vois bien qu’elle hésite. Pourtant, elle finit par accepter, et je sens une certaine excitation dans l’air, car cette activité est un véritable délice.
À cheval, nous nous lançons à la poursuite des gibiers dans les bois. Lyanna s’avère être une chasseuse adroite, ses gestes précis et assurés. Je remarque, malgré moi, qu’elle semble parfaitement en symbiose avec la nature. C’est un spectacle fascinant de la voir ainsi, concentrée et tranquille, presque en parfaite harmonie avec l’environnement.
De mon côté, Loqman et moi formons une équipe redoutable. Nous avançons furtivement entre les arbres, nos regards scrutant chaque buisson. Le temps semble suspendu, tout comme nos respirations. Lyanna et Caspian ne sont pas loin de nous, et je les observe sans discrétion. Leur proximité me frappe : malgré la tension palpable entre eux, il est clair qu’une attraction indéniable existe, bien qu’ils refusent de l’admettre.
---
Lorsque nous terminons la chasse, nous nous installons dans une clairière baignée de lumière, où une nappe a été dressée pour un pique-nique. L’odeur des mets nous enveloppe immédiatement, et je remarque avec amusement le regard curieux de Lyanna. Je ne suis pas surprise de la voir d’abord hésitante avant de se laisser tenter par l’atmosphère détendue qui règne ici.
Nous nous asseyons tous ensemble, partageant des histoires et des rires. Lyanna se rapproche lentement de Caspian, mais il y a encore cette distance invisible qui les sépare. J’observe leurs gestes, les regards furtifs, et je ne peux m’empêcher de sourire. Je remarque les petites touches de tension dans l’air, mais je décide de ne rien dire pour l’instant.
– Depuis qu’elle est arrivée ici, je vois la distance entre Lyanna et Caspian, confie Loqman à voix basse, tout en posant une main sur mon bras. Il n’est pas aveugle à ce qui se passe entre eux.
– Je pense que c’est Lyanna qui crée cette distance. Elle ne se laisse pas submerger par ses émotions, tu sais, et je trouve cela admirable, même si je ressens parfois un peu de frustration.
Je le regarde, un sourire s’esquissant sur mes lèvres.
– Caspian est un bel homme, rare sont celles qui sauraient lui résister. Pourtant, Lyanna semble ignorer son pouvoir de séduction. C’est pour cela que je ressens cette admiration pour elle. Elle semble plus préoccupée par le royaume que par la couronne.
Loqman acquiesce d’un hochement de tête, mais il ajoute quelque chose qui m’émeut profondément.
– Caspian a été façonné par son père pour ne pas connaître l’amour. Il est difficile pour lui d’ouvrir son cœur. Mais je suis convaincu qu’il est troublé par Lyanna. Il est juste perdu.
Les mots de Loqman résonnent en moi. Mon regard se tourne vers Lyanna, et je me prends à espérer que, d’une manière ou d’une autre, elle parvienne à percer cette carapace.
L’après-midi avance, et nous nous dirigeons vers les jardins royaux, où une nouvelle activité nous attend. Les fleurs colorées et les haies taillées à la perfection créent une atmosphère idyllique. Nous nous promenons tranquillement, discutant de tout et de rien, et de plus en plus, je remarque les échanges furtifs entre Lyanna et Caspian. Ce n’est pas grand-chose, mais leurs regards en disent long.
– Ils ont du mal à se laisser aller, murmure Loqman à mon oreille. Tu ne penses pas ?
Je souris et hoche la tête.
– Ils n’arrivent pas à franchir ce pas, mais j’ai l’impression que Lyanna est prête à tout pour ne pas se laisser envahir par ses émotions. Elle est forte, mais il suffit d’un peu de patience.
Je sais que Loqman a raison.
Nous quittons les jardins et, sous un ciel d’azur, nous chevauchons en direction d’un lac, un endroit que j’aime particulièrement pour sa sérénité. Le trajet se fait dans une quiétude parfaite, chaque bruit de sabots résonnant doucement sur le sol. Lyanna et Caspian, tous deux sur des chevaux séparés, se retrouvent pourtant à chevaucher côte à côte, un peu malgré eux. Loqman et moi, quant à nous, montons sur le même cheval, riant de la situation.
Arrivés au lac, l’eau claire brille sous les rayons du soleil. Il n’y a pas de bruit ici, à peine un souffle de vent. Nous décidons de nous baigner, et je suis ravie de voir Lyanna et Caspian s’approcher du bord, eux aussi attirés par l’attrait du lac. Loqman et moi jouons dans l’eau, comme des enfants, tandis que Lyanna et Caspian, plus réservés, se contentent de rire et de discuter de choses légères.
Puis, à un moment donné, Loqman se penche près de moi et me murmure quelque chose à l’oreille.
– Même les étoiles ne pourraient nier à quel point tu es belle, dit-il doucement, avant de rajouter : Tu illumines tout autour de toi.
Je le regarde, touchée par ses paroles, et avant que je puisse répondre, il prend mon visage dans ses mains et dépose un baiser tendre sur mes lèvres. Ce moment, cette douceur, m’envahit. Nos cœurs battent à l’unisson, et dans cette simplicité, tout est parfait.
Nous retournons à la maison après cette journée bien remplie, et j’ai du mal à ne pas sourire en voyant mes enfants courir joyeusement vers moi. Mais en entrant dans la pièce, mes yeux tombent immédiatement sur Isara, la princesse de Velorand, qui semble être en train de gronder mes enfants.
Je les regarde, leurs visages figés sous la sévérité de ses paroles, et une onde de protection m’envahit instantanément. Mon cœur se serre. Comment peut-elle être si dure avec des enfants si jeunes ? Ils n'ont rien fait d'autre que de jouer et de rire.
Darian se précipite vers elle, bien sûr, et essaie de défendre mes petits, mais elle ne semble rien entendre, son regard toujours aussi froid et intransigeant. Je ferme les yeux un instant, me donnant quelques secondes pour respirer profondément avant de m’avancer vers elle.
Avec une aisance naturelle, je marche jusqu’à Isara, qui me regarde d'un air hautain. Mes mots sont calmes, mais tranchants.
– Princesse Isara, je commence d'une voix mesurée, mais ferme, vous pouvez discipliner vos enfants comme bon vous semble, si un jour le ciel vous permet d'en avoir mais cela ne vous donne pas le droit de traiter les miens de la sorte. Un peu de compassion serait de mise, vous ne croyez pas ?