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Pov Sidjil

Le lendemain matin, j'étais encore plus fatigué que la veille. Dormir était devenu un luxe inaccessible, entre mes pensées obsédantes sur ce foutu boulot et cette star mondiale qui semblait s'amuser à me chercher. À peine réveillé, je regrettais déjà de ne pas avoir trouvé une excuse pour rester à la maison. Mais mon père, fidèle à lui-même, m'attendait dans la cuisine, prêt à me traîner de force au studio si nécessaire.

- Bouge-toi, Sidjil, dit-il en buvant son café. On commence à 9 heures aujourd'hui. Biaggi veut faire quelques ajustements sur ses morceaux.

J'éclatai de rire, un rire sec et sans joie.

- Bien sûr qu'il veut. Après tout, le monde tourne autour de lui, non ?

- Tu ferais bien de changer d'attitude. Maxime est un client important, et son projet est une priorité.

Je ne répondis pas. À quoi bon ? Mon opinion n'avait jamais compté dans cette histoire.

Nous arrivâmes au studio avec quelques minutes d'avance. Je pris immédiatement mes fonctions d'« assistant invisible », comme je l'avais surnommé dans ma tête. Préparer les micros, ranger les câbles, apporter des cafés... Rien de glorieux.

Biaggi arriva un peu après nous, toujours accompagné de son aura de confiance insupportable. Cette fois, il portait une veste en jean par-dessus un t-shirt blanc, ses lunettes de soleil toujours vissées sur son nez. Il salua tout le monde avec un sourire éclatant, sauf moi. Évidemment.

- Bien, commença-t-il en se tournant vers mon père. Aujourd'hui, on reprend les morceaux d'hier. Mais je veux aussi essayer quelque chose de nouveau.

- Très bien, répondit mon père en hochant la tête. Tu as une idée précise ?

- Oui, mais on verra ça en cabine.

Je les écoutais d'une oreille distraite, les yeux fixés sur la console devant moi. Biaggi se dirigea ensuite vers la cabine d'enregistrement, mais pas avant de me lancer un regard en coin.

- Tu comptes rester là toute la journée, ou tu vas te rendre utile ?

Je serrai les dents.

- Je fais déjà mon boulot, merci.

- Tant mieux, répondit-il avec un sourire narquois avant de disparaître dans la cabine.

Les heures passèrent, et l'ambiance du studio devint de plus en plus tendue. Biaggi était perfectionniste, exigeant, et, je devais l'admettre, incroyablement talentueux. Mais cela ne changeait rien à mon aversion pour lui.

À un moment, alors que je rangeais des papiers dans le bureau, je l'entendis discuter avec son agent.

- Le gamin est toujours aussi aimable, fit remarquer Biaggi avec ironie.

- Ignore-le, Maxime, répondit l'agent. Ce n'est qu'un assistant.

- Justement, c'est ce qui est amusant. Il déteste être là, ça se voit.

Je sortis brusquement du bureau, les sourcils froncés.

- Si vous avez quelque chose à dire, dites-le en face, lançai-je en le fixant droit dans les yeux.

Il haussa un sourcil, visiblement amusé par ma soudaine audace.

- Oh, tu te sens concerné ? Je croyais que tu te fichais de tout ça.

- Je suis là parce que je n'ai pas le choix, répliquai-je. Pas parce que j'apprécie ta présence.

Son sourire s'élargit.

- Intéressant. Dans ce cas, essayons de rendre ta journée un peu plus... divertissante.

Je ne savais pas exactement ce qu'il voulait dire, mais son ton m'irritait déjà.

L'après-midi fut un véritable test pour mes nerfs. Biaggi multipliait les provocations subtiles. Des remarques sur mon « enthousiasme », des commandes inutiles comme lui apporter de l'eau tiède ou ajuster un micro déjà parfait. Et, bien sûr, ce sourire moqueur qu'il ne quittait jamais.

Mais le pire moment arriva vers 16 heures, quand il sortit de la cabine d'enregistrement pour une pause. Il s'appuya contre la console, juste à côté de moi, et me fixa avec un regard perçant.

- Alors, Sidjil, qu'est-ce qui te dérange le plus ? Ma musique ou ma personne ?

Je le regardai, abasourdi.

- Ta musique, répondis-je sèchement.

Il éclata de rire, un rire franc qui résonna dans tout le studio.

- Au moins, tu es honnête.

Je serrai les poings, me forçant à garder mon calme.

- Si tu as fini de perdre ton temps, tu pourrais peut-être retourner travailler ?

- Pas besoin de me le dire, répondit-il en se redressant. Mais tu sais quoi, Sidjil ? Je vais te prouver que même toi, tu ne pourras pas résister à ma musique.

- Bonne chance, murmurai-je en le regardant retourner dans la cabine.

Ce type allait me rendre fou.

dans le studio du chaos {Djilxime}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant