L'aéroport de Tanger est bondé comme toujours. Je descends de l'avion, tirant ma valise derrière moi, et mon cœur bat un peu plus vite à l'idée de les revoir.Mon père et ma mère m'attendent à la sortie, leurs visages illuminés par un sourire.
— Bnti ! (Ma fille !) s'exclame ma mère en m'attirant dans ses bras.
L'odeur familière de son parfum me submerge, et je ferme les yeux un instant, savourant cette étreinte.
— Tu nous as manqué, Sheiza, murmure mon père en posant une main sur ma tête.
— Vous aussi, w'الله.
Je prends une grande inspiration. Ici, tout est plus simple. Moins oppressant.
Mais Jawad reste là, dans un coin de mon esprit, comme une ombre persistante.
POINT DE VUE JAWAD:
— Alors, tu comptes me fuir encore longtemps ?
La voix de Lina me tire de mes pensées. Je suis sur la terrasse de ma villa, un verre d'eau à la main, le regard perdu sur l'horizon.
— Je ne te fuis pas, Lina. Je n'ai juste rien à te dire.
Elle rit doucement, s'approche et pose une main sur mon bras.
— Arrête de bouder, Jawad. Ce mariage, c'est ce qu'il y a de mieux pour nous deux.
Je la fixe un instant. Son visage est parfait, chaque détail minutieusement soigné. Elle est belle, c'est indéniable. Mais son regard... il ne dégage rien.
Elle est tout ce que mon père veut. Tout ce que la société attend de moi.
Mais elle n'est pas Sheiza.
Je me dégage lentement.
— Je suis fatigué, Lina.
Elle plisse les yeux, vexée.
— Fatigué de quoi ? De refuser d'accepter ta place ?
Elle marque une pause, puis murmure, un sourire en coin :
— Ou fatigué d'aimer une femme que tu n'auras jamais ?
Je ne réponds pas.
Parce qu'au fond, elle a peut-être raison.
POINT DE VUE SHEIZA:
Assise sur le tapis du salon, un thé fumant entre les mains, j'écoute ma mère parler de tout et de rien. Ses mots sont un doux fond sonore, une mélodie apaisante qui me ramène à l'enfance.
— Et toi, bnti ? Toujours aussi concentrée sur tes études ?
J'acquiesce avec un sourire.
— Bien sûr, maman. Il ne me reste plus beaucoup avant de terminer.
Elle hoche la tête, visiblement fière, mais une lueur inquiète traverse son regard.
— Et le reste ?
Le reste...
Je sais exactement ce qu'elle veut dire.
— Je vais bien, maman.
Elle me fixe un instant, avant de caresser doucement ma main.
— Tu es sûre, Sheiza ?
Je baisse les yeux. Ai-je vraiment l'air d'aller bien ?
Je me force à sourire.
— Tout va bien.
Mensonge.
Parce que mon cœur s'accroche encore à un homme qui ne m'appartient plus.
POINT DE VUE JAWAD:
Minuit passé. Impossible de dormir.
Je suis seul dans mon bureau, la lueur de mon ordinateur éclairant les papiers éparpillés devant moi.
Je soupire, me pinçant l'arête du nez. Ces derniers jours, tout m'épuise. Lina, mon père, ce mariage forcé... Tout.
Sans réfléchir, je prends mon téléphone.
Mon doigt hésite au-dessus d'un nom.
Sheiza.
Pourquoi je fais ça ?
Je repose l'appareil brusquement, me levant d'un coup. Je dois arrêter.
Mais c'est plus fort que moi.
Je serre les poings, le regard perdu.
Elle me manque.
Plus que je ne l'admettrai jamais.

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Dead Love
RomanceSheiza n'a qu'un seul objectif : devenir chirurgienne et honorer les sacrifices de sa famille. Entre ses études intenses et les heures interminables à l'hôpital, elle a laissé peu de place à l'imprévu... jusqu'à cette nuit où un regard échappé à tra...