L'Avenir du Passé - Tome 3

Chapitre 18 : La Cérémonie du Sacre

PDV EMMA

4 heure et demi du matin.

Il était une fois, une jeune Princesse au passé trouble qui vivait désormais dans un immense château. On l'y trouva diverses sortes de tortures : départs précipités de proches et absence de contact avec eux, jus à l'aloé vera, précepteur moustachu incompréhensible, cheval sauvage, accusation portant sur sa prétendue tentative de suicide et, tout récemment, mirage déconcertant. Elle en fût ébahit : son Prince Charmant, n'ayant toutefois pas besoin de fidèle destrier blanc, apparut comme par enchantement au beau milieu de la cour centrale de son Palais Royal. Était-ce un mirage ? Une oasis en plein cœur de son désert solitaire ? La preuve qu'il lui manquait inconditionnellement ? La Princesse, troublée, ne savait que répondre.

De toute façon, elle n'en avait pas le temps.

- TA, TA-TA ! TA-TA-TA-TA-TA-TA, TA-TA-TA, TA-TA !, chantent, hurlent, beuglent, piaillent, roucoulent mes quatre dames d'horreur en se présentant dans ma chambre.

Ma bulle de Princesse troublée éclate. Ou plutôt se voit piétinée par le troupeau de servantes qui affluent derrière Lola, Kenna, Greer et Aylee. Renversée, les yeux à peine entrouverts, je m'assieds dans un sursaut sur mon lit. Dix... Non, quinze, même vingt servantes arrivent en fil indienne, ouvrant grands les rideaux – je m'attends à être éblouie par la lumière, sauf qu'il fait encore noir – punaise, elles foutent quoi en plein milieu de la nuit ?! Se divisant en deux groupes, elles forment celles qui s'occupent du bain et celles qui s'occupent de m'habiller, sachant que cinq d'entre elles sont en train de dresser une table à même mon lit pour me faire déjeuner et que quatre autres sont accrochées à mes bras en me hurlant de me dépêcher – ah, ce ne sont pas des servantes... 

On dirait que je me marie. 

C'est un peu ce qui est prévu, se moque ma conscience, hilare. Décidément, elle m'avait pas manquée,celle-là.

- Qu'est-ce que tu attends pour te lever, Emma ? On a encre tellement de chose à faire pour te mettre sur le devant de la scène !, trépigne Greer, massacrante.

Je vois à ses yeux brillants qu'elle est la plus excitée de toutes. Je ne sais par quel miracle je me rappelle qu'il s'agit de sa première grande réception, étant donné que là, je suis dans les vapes...

- Si Son Altesse veut bien se donner la peine, poursuit Lola, poussant un plateau garnit à craquer sur mes genoux.

Je papillonne des yeux vers le buffet complet installé sur moi. Jusd'orange, lait, eau, café, cookies, cakes aux fruits, pains et beurre, toast à la confitures, bacon, œufs brouillés, pomme, kiwi,orange... Oh, et une fleur de muguet ! Ma foi, je risque de me noyer dans mon bain, si je mange tout ça...

Je lève ma main droite et la tend vers un toast. Aussitôt, une servante armée d'un gant toilette savonneux et brûlant s'empare de mes doigts, les tournent et retournent en les nettoyant, les grattant, les auscultant comme si je venais de les plonger dans du caca. La même torture est offerte avec enthousiasme à mon autre mains, mes pieds – depuis quand sont-ils sortis de sous la couette ? – et mon visage. J'avoue que c'est traumatisant. D'autant plus que le gant toilette n'a pas la matière la plus douce qui soit.

- Dépêche-toi de manger tout ça, Emma !, me hurle Kenna en reposant le repas d'ogre sur mes genoux. Tu dois être prête le plus tôt possible !

- Et mes parents ?

- Ton père vient de partir pour Folsence, la ville où tu dois être sacrée. Et ta mère est en train d'être habillée. Autrement dit, on est grave en retard !