15.

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Elle reste assise face à la rivière, toisant son misérable reflet. Elle disjoncte. Le temps ne l'aime pas, il bouleverse et explose sa vie. Tout va trop vite, trop loin et tout brûle. Elle voudrait réussir à geler son espace-temps, le faire revenir en arrière. Qu'il lui accorde une clémence, celle d'un frivole attouchement humain. Ses lèvres brûlent de désir charnel, elle crépite en un souvenir ornant ses pensées. Sa matière lutte contre l'incendie, mais le cœur s'est laissé prendre. La douleur est bien présente, son corps implose sous l'emprise d'un loup flamboyant. Il agit avec tellement d'ardeur et de passion, empêchant un adultère menaçant.

— Tout va bien ?

J'aimerais le détester cet idiot, c'est toujours lors de mes narrations les plus fortes qu'il vient m'y déranger.

— Oui.

Je mets du temps pour lui répondre.

— Tu es sûre ? insiste-t-il.

— Oui.

Il souffle, il doit en avoir marre, mes sautes d'humeur doivent l'épuiser. Elles sont éphémères pourtant, mais je vois, il n'en peut plus. Malheureusement seul lui en est le responsable.

Une main s'approche de mon visage. Surprise, je la regarde quelque peu. Mes yeux clignent plusieurs fois me sortant avec difficulté de ma torpeur, je l'attrape. Soudainement je me sens soulevée avec force et atterrie contre son torse. Le choc provoque une alchimie de mon être. Mon corps jongle entre frissons et paralysie. Un flux de bien-être se propage petit à petit, agrémenté d'un divin parfum. Le feu, l'air et la glace créent une cohésion, l'ennemie devient alliée. Comment cela m'est-il possible de le détester ? Puis un flash soudain, violent me fait chuter et revenir à moi.

Il s'avère que je ne connais rien de lui.

— Mia, peu importe ce qui te tracasse, je veux que tu m'en parles, me souffle-t-il dans le creux de l'oreille.

Comment te dire que le sujet de mes tracas n'est autre que toi ? C'est ce genre de geste qui me détruit, pendant une seconde, je fais l'objet de tes désirs et la seconde d'après je te suis clandestine. Je sens ma chair calciner le temps d'une chatterie, puis soudainement devient poussière. L'envie de tout contrôler est exaltante, je le sais, mais de là à m'anéantir ?

Il joue et contrôle le jeu. Il est parfait dans son rôle, excellent dans la maîtrise et la prestance. Il en devient un être désireux au charme ravageur. La luxure peut se lire dans le regard de Mia. Ils brillent d'excitation pour cet homme aux façades multiples. Face à ses pensées, elle se décontenance et mord sa lèvre inférieure avec harde. Cette vue surprend Harry et l'embrase. Il fait courir délicatement ses doigts sur son bras, lui arrachant des frissons, puis lui attrape doucement la main.

Je pense que ce n'est pas le moment de jouer au narrateur, mais plutôt de profiter pleinement du rôle principal de l'histoire.

Mes joues sont rouges, je ressens encore les doigts d'Harry arpenter mon bras, mes lèvres me font souffrir pour maltraitance. Nous marchons sans bruit, nos respirations fortes se superposant entre elles.

Nous nous retrouvons rapidement face à la porte. Je réalise que je vais découvrir la double vie de cet homme, vu comme violent et inaccessible aux yeux de tous. Ma curiosité est piquée au vif, une déferlante de questions se posent à moi. Je suis peut-être moins insignifiante que je ne le croyais, cette idée me plaît.

Je suis méticuleusement des yeux le mouvement de sa main vers la serrure. Cette clé me fascine et exalte en moi une excitation active.

C'est moi ou il est lent ?! Trois ans pour enfoncer une putain de clé... désolée, l'excitation.

Le mensonge du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant