8.

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    Le lundi matin, je me réveille avec des courbatures un peu partout, surtout au niveau des côtes. Je souffle doucement en me levant et descends les escaliers légèrement en difficulté. Nathan est déjà en bas, il me regarde mettre pied sur les dernières marches avant de reporter son attention sur ses céréales. Le voir me rappelle les évènements de la veille et je n'en ai pas envie.

Je ne me préoccupe pas de lui et fais chauffer un chocolat chaud, histoire d'avoir quelque chose dans le ventre de pas trop lourd. J'entends la chaise grincer dans mon dos et me crispe. Mais c'est juste Nathan qui quitte la cuisine et monte à l'étage. Quand mon petit-déjeuner est avalé, je range et nettoie ce que j'ai utilisé. À mon tour je remonte dans ma chambre prendre mon sac que j'ai préparé la veille malgré mon état déplorable. Tout le reste s'enchaîne rapidement, elle et Nathan partent en voiture au lycée et moi je prends le bus comme à mon habitude.

J'avoue que côtoyer le moins possible ma dite famille me va très bien pour le moment. Ce matin le bus est étrangement calme, et moins rempli que d'habitude. Je me suis alors demandé si je ne m'étais pas trompé de bus, mais non. Puis je me souviens qu'une classe est parti en voyage scolaire en Allemagne. Je suis un peu jalouse, l'un de mes rêves les plus fou est de voyager et quitter cette famille ne serais-ce que pour une semaine.

Arrivée au lycée, je rejoins vite la salle d'anglais que je partage avec Léna. Elle s'installe à mes côtés quelques minutes plus tard en souriant.

– Ça à été hier ?

– Oui, je mens.

Mes côtes me font mal, mais je ne laisse rien paraître. C'est mieux ainsi, et maintenant qu'elle sait à propos de mon secret je ne peux plus me permettre de paraître faible devant elle, sinon elle dira tout. Je le sais. Elle n'aime pas l'injustice et ça va se traduire par des aveux tôt ou tard. Le plus tard possible sera le mieux d'ailleurs. Je ne parle pas beaucoup pendant ce cours, Léna essaye de faire un peu la conversation mais je suis attentivement le cours et elle se décourage. Elle respecte mon travail et ne m'empêche jamais d'écouter même si elle s'ennuie dans son coin.

Après le cours d'anglais je me dirige vers la salle d'arts plastiques. Je m'installe directement près de la fenêtre sur mon tabouret devant mon pupitre habituel. Je remarque que quelques élèves sont déjà présents. Mes yeux divaguent sur les arbres dénudés sans ménagement par l'hiver. Je me perds dans cette contemplation.

Eux aussi ils ont plus rien pour se cacher. D'où l'expression être mit a nu. Ainsi nous pouvons voir toutes leurs imperfections, leurs difformités, ou au contraire leur perfection. Moi je leur trouve un certain charme. On pourrait me prendre pour une folle à résonner comme ça. Je me demande si ces arbres sont la métaphore d'une vie. Un jour ou l'autre on fini par être mit a nu.

Complètement ensorcelé par la beauté du paysage, je sursaute quand mes oreilles entendent mon prénom, je lâche la fenêtre des yeux et tourne la tête vers la gauche, là où on m'a appelé.

– Hey Victoria ? Ça va depuis samedi soir ? demande Poppy.

– Bah faut croire que j'ai apprécié ce genre de soirée, je dis avec un sourire faux.

– Waoh, t'as toujours pas digérer ça ? Tu n'avais pas l'air très à l'aise à la soirée !

Je hausse une épaule en la regardant s'affaler sur son tabouret à ma gauche. Je lâche un petit soupire inaudible pour elle.

– Oh ? Et tu t'es dis que tu allais me détendre c'est ça ? dis-je sur le ton de l'ironie.

– Ouais carrément, ça a mar... Ah ! cri-elle alors qu'on lui ébouriffe ses cheveux. Non ! Troy. Je vais te tuer.

RespireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant