C'est la folie générale.Une pluie explosive de bombes et de grenades tombe sur nous.
Des corps, sans vie, défigurés par la guerre nous entourent, formant une barricade mortelle.
La ville est un immense brasier.
Nous regardons indécis, des visages transfigurés par des cris ultimes, apparaître à travers les fenêtres des bâtiments en feu.
Certains, poussés par cet impératif désir de vivre, se jettent avec espérance dans le vide pour enfin atterrir violemment à quelques pas de nous.Je prends Jimin dans mes bras pour le forcer à détourner les yeux de ce spectacle morbide.
Il s'agrippe à moi comme s'il avait été pris au piège dans un tourbillon de détresse et d'effroi.
Nos regards se croisent et je me laisse tristement plonger dans ses yeux.
Je contemple chaque trait de son délicieux visage, comme pour immortaliser son image dans mon esprit affligé.
Soudain, plus rien n'existe autour de nous.
Ni ces douloureux hurlements qui nous hantaient quelques secondes plus tôt ni les explosions qui fleurissent autour de nous ne parviennent à nous arracher de ce petit monde serein que nous nous sommes façonnés.
Nos lèvres se rencontrent désespérément.
Nous ne sommes plus que deux esprits unis par le besoin irrévocable de s'aimer.
D'espérer.
Nous ne savons pas si nous mourrons dans quelques minutes, ou dans quelques secondes...
Mais tout ce qui compte pour le moment, c'est l'instant présent.
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