Là où mes démons se cachent

III - Madame Parks

Je n'en revenais pas. J'avais poignardé Oncle Tob. Je regardais autour de moi. Tob étais recroquevillé dans un coin de la cuisine, sa main gauche sur son épaule droite, et mon père se tenais devant moi, le regard vide. Il s'approcha de moi, les deux mains vers l'avant, sur ses gardes.

Je lâchais le couteau et sortis de la cuisine pour aller me mettre en boule dans un coin de ma chambre. Je pleurais, je ne comprenais pas ce qui venait de se passer.

De ma chambre je pouvais entendre ma mère, qui était au téléphone. Elle appelait sûrement le Samu. Je restais là, une bonne dizaine de minutes sans bougé, sans rien dire, quand j'entendis une voiture se garer dans l'allée, accompagné de sirène. « Sûrement les urgences » pensais-je. Je décidai de descendre, alors que, sur le pas de ma porte, se trouvait Daryl ainsi que deux collègues à lui, jugeais-je de par leur uniforme. Je fis demi-tour afin de remonter dans la chambre, mais Daryl m'interpella :

-Laura, je ne suis pas venue pour ça. Je voulais simplement voire comment tu allais, suite à notre discussion d'hier.

Sans répondre, je montais les escaliers et retournais dans ma chambre. Je marchais en rond depuis quelques minutes avant de décider que j'allais descendre et ramener le sac plastique avec l'anneau à Daryl. J'étais hésitante, mais il le fallait.

Lorsque je descendis, Daryl était sur le point de partir. Mais quand il me vit, il me fit signe de le suivre, et d'un geste de la main me proposa de m'assoir sur le canapé du salon. Ce que je fis.

-Monsieur, hum, Daryl, j'ai trouvé ça hier sur mon annulaire gauche, je ne l'ai jamais vu, enfin pas avant... tout ça. J'ai pensé bon de le garder afin de vous le donner pour faire avancer l'enquête. Dis-je en lui tendant le sac.

-Tu as bien fais, répondis-t-il en prenant l'objet.

Je n'en dis pas plus. Daryl était très gentil et compréhensif, mais je me voyais mal lui parler du fait que j'entende des voix, et que parfois, il se peut que je perde totalement la maîtrise de mon corps.

Il me regarda quelques instants et rétorqua :

-Tu sais Laura, un jour, tout finit par rentrer dans l'ordre. Peu importe, que ce soit pour les bonnes, ou les mauvaises personnes, que l'on fasse les bons, ou les mauvais choix, tout le monde a le droit au bonheur, même si celui-ci ne dur que quelques instants.

Je regardais par la fenêtre, et je vis ma mère accoudée à mon père. Je me rapprochais de la grande fenêtre qui donnait jour dans toute la pièce à vivre, et j'entendis l'urgentiste parler à mes parents. Je n'entendais pas tous les mots, mais de ce que j'ai pu comprendre, mon oncle était hors de danger, et il n'y aurait sûrement aucune peine contre moi, avait ajouté un policier.

Je détournais mon regard, et me pencha vers la fenêtre afin de contempler le paysage. Toutes ces maisons, ces voitures, ces arbres, ces oiseaux qui volent dans le ciel. Je n'avais pas l'impression d'être partie deux ans. Rien avait changé. Daryl s'approcha de moi, et posa ses deux mains sur mes épaules, protecteur. Il ne dit rien, il se contenta d'admirer la vue avec moi sans aucun bruit. Puis il s'éloigna, simplement en chuchotant « A demain »

C'est sur ses mots que Daryl parti. Ainsi que les secours avec Tob.

Je regardais l'heure quand j'entendis mon ventre gronder : 15h. Je n'avais toujours pas déjeuner, je décidais donc de prendre de quoi grignoter, et retourna dans le salon. Mes parents rentrèrent. J'étais gêné. Ils se sont assis et je me suis tournée face à eux, comme si je savais qu'ils allaient me dire quelque chose. Et en effet c'était le cas :

-Tu n'es plus la même, souffla mon père. Ta mère et moi avons décidé de prendre des rendez-vous fréquent chez la psy, tu iras une, voire deux fois par semaine voire Madame Parks.

Une colère innombrable s'empara de moi, et je ne pus m'empêcher de crier :

- ALORS C'EST-CE QUE VOUS CROYEZ ? QUE JE SUIS FOLLE ALLIÉE ?


[ Un grand merci aux lecteurs/lectrices. Le nombre de visite ne cesse d'augmenter, un grand merci, milles bisouuus.ღ ]