Moon Glow

XVI- Tentative d'exterioriser

Si se creuser la tête avait les mêmes vertus que la Weed, je serais stone depuis longtemps. Ca fait au moins trois heures, sans compter le sandwich que j'ai réussi à avaler, que je cherche un lien entre ces plans débiles et les nombres correspondants à chacun d'entre nous.Et j'ai rien trouvé. Rien du tout.

Charly entre dans la pièce.

"T'as trouvé quelque chose?"

Je lui réponds par un grognement assez significatif pour qu'il vienne s'assoir a coté de moi avec son air de semi-pitié.

"C'est pas si grave tu sais. Peut-être que tu trouveras rien... Ca a peut être aucun rapport...

-Mais bien sur que si! Tu crois qu'on est là pour planter des fleurs?! Toutes les rumeurs qu'on raconte sur l'ancien château, les fiches, les livres vides, les trappes, mes putains de mains qui s'allument! Rien n'est laissé au hasard. Si tu veux abandonner tes recherches fais-le mais moi pas. Y a trop d'évidences! Je sais pas si on fonce droit dans un piège où si on est carrément sur la bonne voie mais on ne peut pas se permettre d'arrêter comme ça! J'abandonne jamais rien ni personne en cours de route alors ne compte par sur moi pour laisser tomber.

-Wow... Okay. Je voulais pas t'offenser.

-C'est bon.

-Tu crois que... Si tu faisais comme ça..."

Il commence à superposer plusieurs feuilles.J'avais l'impression que ces feuilles n'étaient que des morceaux de plans et j'ai même pas pensé à les superposer. Quelle conne! Charly pose le paquet de feuilles sur la fenêtre.

"Tu vois... C'est plus net. Ici on a les dortoirs sur deux étages, là le couloir, de l'autre coté l'administration et la cafétéria, à coté les salles de classes mais il manque un truc là au milieu."

Je me lève du lit pour regarder de plus près.

"C'est le hall. Tu crois qu'il fallait trouver un truc dans le hall qu'on a complément loupé?

-Je sais pas... On peut toujours aller voir ce soir...

-Night fait des rondes la nuits dans les couloirs. Il est vraiment flippant ce mec.

-J'suis d'accord. Mais du coup on fait comment? On peut pas y aller la journée, y a trop de passage. Et puis les gens nous prendraient pour des malades.

-On y va cette nuit. Mais on fait gaffe."

-Charly-

Je suis posé dans mon lit depuis cet après midi. J'ai l'impression qu'on ne travaille jamais à Moon Glow... Emily a fini par s'endormir. Je l'observe. Ca fait psychopathe mais personne ne saura que je la regarde sauf si elle se réveille et là j'aurais l'air un peu con. A chaque fois que je la regarde, je ne peux m'empêcher d'énumérer ces qualités et ses défauts. Je fais souvent ça avec les gens, j'aime bien les analyser. Pour les points positifs je dirais que Emy est plutôt mignonne, j'adore son caractère, c'est la plus jeune d'entre nous mais pourtant l'une des plus mature. Elle a beaucoup de points négatifs... Elle ne sourit pas souvent, ce n'est pas de sa faute, mais je pense que ce qui se passait avec son père l'a bien pourrie... 

Elle ouvre doucement les yeux et je retourne le regard.

"Il est quelle heure?

-Vers 18 heures...

-Ca te dérange si je fume?

-Ouais.

-Pff..."

Elle frotte ses yeux fatigués et ouvre en grand la fenêtre, faisant entrer l'air doux de Mars. A mon tour de fermer les yeux. Je respire l'air du printemps proche. Mon petit trip est interrompu par une odeur acre qui remplit mes raines. Je garde les yeux fermés. J'aime bien l'odeur des joints. Avant je leur trouvais une odeur de liberté, de rébellion. J'ai essayé de me détacher de ça quand je me suis décidé à reprendre ma vie en main. J'ouvre les yeux et me lève pour me poster à la fenêtre.

"Depuis quand tu fumes Emy?

-Depuis que je suis dans le ventre de ma mère.

-Bien sur... Et pourquoi?

-T'es de la police? Alors tu ferais bien de m'arrêter parce que ce que je fais là est vraiment pas légal..."

Je tire une taffe sur son joint parfaitement roulé en essayant de ne pas me cramer le bout des doigts. Emy a déjà les yeux rouges. Ca doit pas être son premier de la journée.

"C'était une vraie question... Pourquoi t'as commencé à fumer?

-Pour faire chier mon père. C'était comme une vengeance.

-Tu sais... Si... Si tu veux parler de tout ça... J'suis là.

-J'suis au dessus de ça. Ca m'atteint plus.

-Pourtant on dirait pas. T'es plutôt agitée dans ton sommeil, t'as des cicatrices sur ton ton bras droit et tu sursaute dès qu'on s'approche un peu trop près.

-Pff... N'importe quoi.

-Allez donne moi ça..."

Je souffle la dernière bouffée de fumée et écrase les restes sur le bord de la fenêtre.

"Mais Charly! Il en restait!

-Tant mieux."

Je souris et elle me donne un coup dans l'épaule en refermant la fenêtre.

"T'es vraiment con! Tu te rends compte! Déjà qu'il ne m'en reste presque plus et que je les payais une blinde! Avec toutes tes questions tu t'es peut être rendu compte que mon bourge et radin de père de merde ne me donne pas un rond depuis que je suis née?

-C'est bon Emy. T'as pas besoin de t'énerver.

-Je m'enerve si je veux! Les seuls moments où je veux relâcher la pression, tu t'incrustes. Quand c'est pas toi, c'est Emma ou Lucy."

Ouch. Prends toi ça. Je serre la mâchoire et passe la main dans mes cheveux. Elle reste plantée là, sans bouger, a me regarder dans les yeux, à croire qu'elle pouvait me bruler vivant. En parlant de bruler vivant, Son regard ressemblait vraiment à un brasier, qui chauffait, me brulait de l'intérieur. Quand un sourire satisfait a commencé à s'afficher sur son visage, ma vue s'est troublée et est devenue noire. C'est la première fois que je m'énerve contre Emy. C'est la goutte de trop. La boule de magma qui s'est formé à l'intérieur de moi explose.

"Dégage! Je veux plus te voir!"

Une seule règle me trottait dans la tête. Ne la frappe pas, ne la frappe pas, ne la frappe pas. Mais c'est comme si mon poing ne se contrôlait plus et je le lève sur elle. Elle sursaute et ferme les yeux, par réflexe. Une grimace déforme son visage.

"Emy! Dégage putain!"

Ma voix est rauque et grave.

"Si tu te casse pas je vais te frapper et putain j'ai pas envie... Alors... CASSE TOI MERDE! "

Elle est tétanisée. Je dévie mon poing pour aller frapper sur la petite table en chêne, la faisant céder sous le choc. Emy sursaute encore et une larme roule sur sa joue. Je ne sais même pas pourquoi j'ai cet accès de colère. C'est comme si je ne contrôlait rien. D'un coup, mon esprit s'éclaircit et tout redeviens normal.

"Emy.. Je..."

Je m'avance vers elle, mais à chaque pas que je fais, elle recule et fond un peu plus en larmes, jusqu'à ce que son dos touche le mur. J'en profite pour prendre son visage entre mes mains et chercher désespérément son regard, qu'elle gardait fixé sur ses chaussure.

"Je voulais pas... Tout est parti si vite excuse moi je

-Arrête. Tu mens! T'es comme mon père."

Son ton est froid, mélangé à de la colère et au sanglots. Elle se défait de mon étreinte et part de la chambre en claquant la porte. Putain de merde, qu'est ce qu'il s'est passé...