Lundi 30 novembre, 09 h 48.
Suivre les cours d'histoire de Madame Mialary n'était pas la chose la plus simple et la plus agréable à faire dès les premières heures de cours de la semaine. Elle avait toujours tendance à déblatérer son cours sans s'arrêter ne serait-ce qu'une seconde et ces deux heures-là était donc l'une des seules où je n'entendais pas la petite voix de Céleste me conter ses mille-et-unes aventures. La sonnerie finit par retentir, marquant la fin de l'heure alors que la professeur distribuait encore les dernières copies. Des petits soupirs se faisaient entendre par-ci par-là dans la salle en signe de déception, accentuant mon angoisse. Malgré toutes les révisions que nous avions pu faire avec Céleste, j'étais ressortie complètement dépitée après le devoir et je n'avais donc aucune envie de connaître ma note qui s'annonçait être pitoyable. Mon amie finit par avoir sa copie avant moi et, à la vue de son sourire triomphal, elle semblait en être fière.
« Quatorze ! Eline, j'arrive pas à y croire... Les miracles existent ! se réjouit-elle.
— Tu vois ! Je te l'avais dit, tu stressais pour rien ! »Elle se contenta de sourire en signe de réponse et rangea son classeur dans son sac, alors que Madame Mialiry se dirigeait enfin vers moi. Elle déposa ma copie sur ma table avant de retourner à son bureau. Huit. J'avais eu huit. Je me mis à ranger mes affaires en silence, sous les yeux compatissants de Céleste. Certes, je m'y attendais, mais j'avais tellement bossé pour cette composition que je ne pouvais m'empêcher d'être quelque peu déçue. J'étais mal barrée si je finissais réellement par essayer d'obtenir une prépa littéraire comme je l'avais envisagé... J'atteignais à peine la moyenne si l'on prenait en compte mon premier devoir et il me faudrait donc plus qu'une bonne note au prochain pour pouvoir oser proposer mon dossier à des établissements.
Arrivées dans la cour du lycée, la brune tentait de me rassurer alors que je faisais encore la moue. Mon amie finit tout de même par m'arracher un sourire lorsqu'elle me raconta la fin de son week-end et le pourquoi du comment de son entorse. Il lui arrivait toujours des choses tellement improbables qu'à chaque fois qu'elle me les expliquait avec un air plus que sérieux, je ne pouvais m'empêcher de me mettre à rire. Cette fois-ci, elle avait réussi à tomber de son vélo à cause de l'aboiement d'un chien qui l'avait effrayé. Et il se trouvait en plus que l'animal en question était son propre carlin...Céleste me dévisagea quelques instants pendant que j'essayais de reprendre mon souffle avant de se mettre à me bouder.
« Hey. »
Nous nous retournions toutes les deux presque simultanément et nous retrouvions face à Luka qui nous offrait le fameux sourire si chaleureux dont il avait le secret. Céleste le salua à son tour et je me contentai de bredouiller un petit « salut » alors que je fixai encore le sol. Non je n'étais plus mal à l'aise avec lui, mais je culpabilisai un peu beaucoup de ne pas avoir tenu la promesse que je lui avais faite vendredi en sortant du bus. A vrai dire, j'avais complètement oublié de lui envoyer un message comme il m'en avait fait faire le serment. Je me mordis légèrement la lèvre inférieure lorsque Luka prit enfin la parole.
« Oh, c'est rien, j'avais juste quelque chose à dire à Eline, répondit-il à Céleste qui venait de lui demander s'il avait besoin de quelque chose.
— Ah oui, je vois. Et bien, je vais vous laisser alors, déclara mon amie, me lançant un clin d'œil très peu discret en s'éloignant. De toute façon, je devais... je devais aller aux toilettes. Oui c'est ça, je voulais aller aux toilettes... »Je me contentai alors de rire nerveusement avec Luka qui avait visiblement bel et bien remarqué le petit stratagème de Céleste pour nous laisser seuls.
« Traître. »
Je relevai la tête à l'entente de la voix du brun. A la vue de son visage de son visage stoïque, j'étais dans le pétrin. Sachant pertinemment que feindre l'ignorance ne ferait qu'empirer la situation, je décidai de faire face aux problèmes
« Tu m'en veux à cause du message, c'est ça ? finis-je par demander d'une petite voix.
— C'est ça. »Un petit rictus c'était formé sur son visage. Me voir dans cet état l'amusait, j'avais réagi exactement comme il l'avait imaginé. S'il croyait que j'allais me laisser faire...
« Si je ne l'ai pas fait, c'est parce que c'est toi le traître, répondis-je, en le regardant droit dans les yeux. »
Il arqua un sourcil alors que son sourire en coin disparaît. Il leva les yeux aux ciels, comme pour montrer qu'il s'était mis à réfléchir. C'était à mon tour de m'amuser. Je le laissai patauger dans son incompréhension quelques instants. Il essayait de se remémorer ce qu'il avait bien pu faire de mal, ce qui avait bien pu me vexer, mais en vain. Il finit par abandonner et bloquer son regard dans le mien, essayant visiblement de trouver la réponse à ses interrogations.
« Mais de quoi elle parle ? »
Il me scruta quelques secondes sans détourner le regard ne serait-ce qu'un instant. Ses yeux ambres étaient toujours aussi intimidants, toujours autant hypnotiques. C'était comme s'il était celui qui pouvait lire en moi et non l'inverse. Je fus la première à briser le silence, l'obligeant à sortir de ses pensées.
« Disons que si tu n'avais pas tout raconté à Céleste, elle n'aurait pas déboulé chez moi et elle ne m'aurait pas complètement fait oublier de t'envoyer un message. Et je sais, j'aurais pu te l'envoyer samedi ou dimanche, mais j'ai pas osé le faire après avoir brisé la promesse, déclarai-je d'une traite. »
Je détournai immédiatement le regard après ma tirade, trop gênée pour le regarder dans les yeux. Il finit par se mettre à rire légèrement avait de se baisser afin de mettre ses yeux à la hauteur des miens et m'obliger à le regarder.
« Ok ok, je suis en faute alors, rit-il. Du coup je pourrais te demander ton numéro maintenant, mais une promesse reste une promesse alors j'espère que t'oublieras pas cette fois-ci, ajouta-t-il en s'éloignant et en m'ébouriffant les cheveux.
— Promis, répondis-je, mes joues se mettant à rougir et un léger sourire se dessinant sur mon visage. »▲▼▲▼▲▼▲▼▲▼▲▼▲
Je m'étalais de tout mon poids sur mon lit, enfin arrivée chez moi après une longue journée de cours. Il était presque dix-huit heures et je venais tout juste de rentrer. Allongée, je contemplai la fameuse photo que Céleste m'avait offerte pour mon anniversaire. Elle m'avait obligée, après notre petite séquence émotion, d'ouvrir son cadeau devant elle. Et, à ma plus grande surprise, elle s'était souvenue que la nébuleuse du papillon était ma préférée et avait réussi à me dégoter une gigantesque photo de celle-ci en haute définition que j'avais donc pu accrocher à l'un de mes murs tout blancs. Ma chambre n'était pas très décorée, elle ne l'était même pas du tout. Elle regorgeait jusqu'il y a un an et demi de photos de famille, d'amis ou encore de dessins de Maëlys. Mais mes parents avaient jugé bon pour moi de tout enlever afin que je ne ressasse pas sans cesse le passé en le voyant. Les seules choses qui étaient restées intactes étaient mon lit, mon bureau et ma bibliothèque dans laquelle les livres ne rentraient même plus, tellement j'en avais et tellement j'en achetais encore et encore. Et depuis, je n'avais encore rien collé ou accroché au mur. Peut-être parce que je n'avais pas envie de tout recommencer de zéro par peur d'oublier mon passé, de l'oublier si je le faisais.
Mon attention se porta alors sur mon portable, chassant ma nostalgie. Juste un message. Il fallait que je lui envoie simplement un message. C'est pas si compliqué... Je pris mon téléphone, qui jusque là était posé sur mon bureau, dans les mains et commençai nerveusement à tapoter « Coucou :) » avant de l'effacer. Peut-être qu'un émoticône c'est trop ? Je soupirai et me mordis la lèvre inférieure. Pourquoi même envoyer un simple message à Luka était si compliqué pour moi ? Il avait toujours le don de me faire douter, de me faire stresser, mais dans le bon sens du terme. Ce n'était pas un stress angoissant, mais un stress palpitant. Mon cœur battait toujours à cent à l'heure lorsque je lui parlais ou lorsque nos yeux se rencontraient. Et encore là, mon cœur s'emballait rien qu'à l'idée de pouvoir lui parler par message. J'étais peut-être réellement une idiote, une idiote amoureuse qui ne s'en était même pas rendu compte comme me l'avait dit Céleste...
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NDA :
Heyyyyy ! Voilà enfin le neuvième chapitre, hahah ! Je m'excuse mille fois pour ce retard d'une semaine. Je suis vraiiiiiment désolée, mais je tenais vraiment à m'avancer dans l'écriture des chapitres car je risque d'avoir du mal à écrire à partir du mois prochain à cause des révisions pour mon BAC blanc puis pour le BAC tout court.
Bref. J'espère que le chapitre vous a plu en tout cas. Je vous promets un peu plus d'action dans le prochain, hahah ! ;P
Gros biiiiisous, Aellyne. ♥