Driss :
Le bâtiment est libre. J'ai appris qu'ils possédaient 25 000 Pens (l'argent du royaume des Nymphes). C'est une banque assez réputée, classe, mais extrêmement surveillée. C'est une bâtisse imposante, pleine de soldats. Erod m'a fait le plan du bâtiment. Il a réussi à se faire embaucher comme balayeur, un métier qui permet d'accéder à toutes les pièces sans exception. Je me fais passer pour un client. Ensuite, prétextant une envie pressante je demande les toilettes.
-"Par ici, monsieur. Prenez votre temps, votre conseiller attendra autant que vous le désirez", me renseigne l'homme au comptoir.
Je prends la droite. La ronde des 25 soldats qui surveillent ne se fait pas pendant 3 minutes sur ce secteur. La voie est libre, mais pas pour longtemps. Je rentre dans la salle des toilettes, je rentre dans une cabine.
Les toilettes donnent à l'extérieur, derrière le bâtiment, par une fenêtre qui peut faire rentrer un homme. Un homme rentre, et ressort à ma place. Il va se faire passer pour moi. C'est dans cette cabine précisément que se trouve un gros conduit d'aération qui débouche sur une salle de bain dix mètres avant la salle des 25000 Pens.
Je rampe dans ce tunnel étroit qui sent la poussière et la moisissure. J'entends des soldats pester sur la lenteur du temps tout au long de ma route. Heureusement qu'Erod ma certifié que les soldats ne pouvaient pas m'entendre. Au bout de 25 minutes j'ai enfin terminé mon chemin. Des fourmis se font ressentir dans mes jambes mais je dois malheureusement rester une demie heure de plus dans ce conduit.
En effet, la pièce où aboutit la bouche, la salle de bain donc, est occupée toute la matinée en raison de la course à pied journalière des banquiers et des soldats. Ils se relayent donc dans cette salle de bain pour se doucher. Je dois sans arrêt fermer mes yeux pour éviter de voir ses gens nus.
Enfin, je pense que c'est le dernier. Il ferme la porte à clé derrière lui de l'extérieur. Erod s'était un jour fait "par erreur" enfermer à l'intérieur pour voir comment sortir en cas de problème. Il a constaté que la porte pouvait s'ouvrir à l'aide d'une épingle quelconque. J'ouvre la grille mais je n'avais pas prévu le bruit que ça allait faire. J'entends des pas, une cliquetis, une clé qui tourne et un :
-"Il y a quelqu'un ? "
Je tiens la lourde grille à bout de bras, prête à tomber sur lui car je suis au plafond. Je pourrais la lâcher sur lui mais je m'abstient car aucune preuve ne doit être laissée. Il finit par sortir. Je saute, la grille difficilement transportable toujours tenue, et je la replace vite fait à l'aide d'un tabouret.
La porte s'ouvre après quelques minutes de sueur, craignant de rater la mission à cause d'une porte résistante.
Driss, Driss, répond moi. Je sais que tu es là. Driss, Driss, répond moi. Je sais que tu es là. Driss, Driss, répond moi je...
Des voix d'enfants dans ma tête. Des voix qui me hantent et m'obsèdent me faisant culpabiliser encore plus.
Driss, Driss, joue avec moi. Driss? Driss? DRISS! Où es tu Driss? Tu es parti ? Driss? Me laisse pas. Joue avec moi. Driss, Driss, joue avec moi. Driss ? Driss? ...
Elles sont présentes, ne partent pas, me laissant dans ma folie. Les pires moments revus, à cause d'elle, à cause de moi.
Pourquoi fais tu ça ? Rejoins-moi Driss. Rejoints nous. Driss! Driss! Driss! Driss! Pourquoi tu fais ça? Rejoins-moi Driss. Rejoints ....
Elles ne se lassent pas. Elles s'amusent de me voir souffrir. Elles s'amusent de ma culpabilité et de mon sort.
Driss... NON Driss! Aide moi! Rejoins-moi ! Ne me laisse pas. Regarde ce que je suis devenue. Regarde Driss, regarde. Driss... NON Driss ! Aide moi! Rejoints...
Sans pitié, sans appréhension. Sans douceur, enfantines. Pressantes, insistantes.
Driss. Driss. Driss. Driiiss. Driiiss. AH! Driss. Viens. Tu m'as trahie, Driss. Au secours Driss. Je t'attends. Driss. Driss. Driss. Driiiss. Driiiss. AH! ...
Chantantes, doucement puis cruelles. Enfantines, puis telles le diable. Ces paroles angoissantes. Qui n'en finissent pas.
Panique, Driss. Frissons, Driss. Horreur, Driss. Douleur, Driss. Abandon, Driss. Cruauté, Driss. Sans retour. Sans pitié. Culpabilité. Panique, Driss. Frissons, Driss. ...
Elles chantent encore. Mais cette fois, c'est une seule personne qui chante. Le diable? Un démon ? Il ou Elle chante. Puis des enfants. Puis la transformation. La voix diabolique.
Tu m'as gâchée, Driss. Gâchée, gâchée, gâchée. Tu m'as déçue, Driss. Déçue, déçue, déçue. Tu m'as tuée, Driss. Tuée, tuée, tuée. Lentement. Lentement. Lentement. Sans pitié. Sans regret. Te le faire payer? Oui. À jamais. Tu m'as gâchée, Driss. Gâchée, ...
Je n'entends plus rien, sauf ces voix incessantes. Je ne voix plus rien sauf les mots qui défilent tels la mort devant mes yeux. Je suis plaqué contre la porte. Mort de l'intérieur. Juste inconscient de l'extérieur.
-"Il es mort!
-Non son coeur bat ! Il est vivant.
-Qui c'est ?
-Roi.
- Prévenir"
Des bribes de phrases me parviennent. Elle paraissent lointaines, derrière des montagnes infranchissables, des déserts chauds. Puis plus rien.
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Pour Toujours... À Jamais
RomanceQue se passe-t-il lorsque une paix de 7000 ans se voit bouleversée par une étrange liaison interdite? Qu'arrive-t-il lorsque l'on décide de faire un choix qui pourrait mettre en péril toute une vie; sa vie mais aussi celle des gens qu'on aime? Que...