La course

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Je suis la seule à rester en place alors que tous les autres s'avancent avec leur balai en mains vers l'extérieur de la tente.

- Quoi? J'ai pas compris! m'exclamé-je en les rejoignant.

Je me place complètement à droite, à côté de Magdalène.

- Il faut que tu rapportes une des boites d'or, au bout, m'explique-t-elle en chuchotant. Tu gagnes des points si tu fais ça rapidement, sans te faire ralentir par les pièges...

- J'avais compris ce bout-là, l'interromps-je. Je voulais parler de quand il a dit « colorié ».

- Sûrement en évitant les balles de peintures qui tombent du ciel, suggère-t-elle.

Elle point la limite de hauteur du fossé, où des ballons remplis de pentures sont tenus en l'air magiquement et attendent le signal du départ pour se laisser pleuvoir sur nous.

- Ah... murmuré-je pour montrer que j'ai compris.

- C'est basé sur un jeu de balai de l'Irlande du Moyen-âge. Le Creaothceann.

Je me dis que ça doit être ça dont Akaloye voulait parler en nous conseillant de lire Le Quidditch à travers les âges.

- Sauf que dans ce temps, continue Magdalène, il fallait attraper des stalactites de pierres avec un chaudron placé sur la tête. Les organisateurs du tournoi ont fait que ce soit moins dangereux. Beaucoup moins dangereux...

À ce moment, le son du cor s'élève. Les autres partent immédiatement, mais moi, ça me prend cinq longues secondes de plus avant de réaliser qu'il faut que je décolle. Je me fais aussitôt frapper dans le dos par trois balles de peinture. Une autre sur mon avant-bras me fait paniquer jusqu'à temps que mon cerveau se réveille et me dise que c'est de la peinture rouge et non mon sang.

Un premier piège se déclenche quand Kaylan atteint la partie du fossé qui est délimité par une ligne blanche où c'est écrit : « Échelon 1. » Des tubes commencent à sortir des bords. De longs tubes qui font pratiquement toute le largueur du fossé avec un gant  de boxe à l'extrémité et qui apparaissent avec moins de temps que ça ne m'en prend pour manger un morceau de chocolat. Je me mets à lancé des maléfices d'Entrave dans tous les sens, et c'est ça qui m'empêche de me faire cogner à plusieurs reprises.

- Voyons donc, Maya, chuchoté-je, t'es capable d'aller ben plus vite avec ta Brume de Givre qu'eux avec leur balai minable...

Ma vitesse est automatiquement décuplée. J'arrive à dépasser Neil, qui était à la troisième place. À ce moment, je range ma baguette dans la poche de manteau, considérant que c'est plus sûr de manœuvrer mon balai correctement que de passer mon temps à jeter le seul sortilège dont je me rappelle dans le feu de l'action.

Un autre piège se déclenche. En plus des tubes qui sortent des bords du fossé, il faut que je fasse attention aux murs qui se dressent n'importent où sur le chemin et qui n'offrent qu'un seul trou d'un mètre de diamètre pour les traverser.

Magdalène reçoit sur l'épaule un des tubes avec des gants de boxe. Elle est propulsée sur le côté et je la dépasse en passant dans le trou d'un mur. Kaylan est encore en première place, alors c'est moi qui suis pognée pour traverser tous les pièges qu'il déclenche. Justement, des fils d'Acromentules commencent à sortir d'un peu partout. Je dois faire des tours sur moi-même pour traverser le ficelage étroit et collant.

Juste devant moi, j'aperçois Kaylan se faire prendre dans un fil d'araignée géante. Je souris niaiseusement, convaincue d'être la première... Mais je me cogne la face contre un des murs et Magdalène, Neil et Kaylan me dépassent.

Sur l'échelon suivant, les pièges des derniers deviennent moins rapides. On arrive dans une partie du faussé remplis d'un brouillard mauve... Un brouillard qui pique les yeux et qui empêche de voir correctement... Mais ça ne m'arrêtera pas! Je plisse les yeux et accélère encore, tandis que les autres décident de ralentir par sûreté. Je me retrouve la première en course, mais à ce stade du fossé, les pièges sont tout aussi dommageables pour la personne qui les déclenche.

Des courants d'airs violents fusent de partout, comme des mini-tornades. Là encore, les autres ralentissent et utilisent tant bien que mal leur baguette magique, mais moi, à cause de l'adrénaline et de mon côté impulsif et téméraire, je laisse ma baguette là où elle est et j'accélère ! Ça aurait pu paraitre un désavantage pour quelqu'un qui a un point de vue extérieur, mais dans le feu de l'action, c'est pas mal plus pratique parce que j'ai plus de facilité à éviter les tornades.

Je regarde mes bras avec appréhension. Je suis pratiquement complètement recouverte de peinture multicolore. Il n'y a que la partie de mon corps tournée vers le bas qui n'est pas touchée. Et là encore, quand je dois pivoter pour traverser des pièges, j'expose mon ventre à la peinture qui tombe du ciel.

Le brouillard disparait subitement, et je fonce contre un mur. Le choc a créé une sorte d'empreinte de mon corps dans la terre à moitié boueuse de la paroi. Je m'apprête à repartir en cherchant le trou dans le mur, mais il n'y en a pas... Puis je me trouve niaiseuse quand je me rends compte que je suis arrivée à la fin de la course!

- Wouhou! Je suis la première! m'exclamé-je.

J'attrape une boite dorée au hasard et me précipite dans le sens inverse. Cette fois, je sors ma baguette magique et lance des sortilèges de Répulsion.  Les tornades sont faciles à éviter parce que des boules de peintures sont prises dans leur vent, le brouillard ne m'affecte pas vraiment à cause de ma vitesse, les toiles d'Acromentules se tassent de mon chemin à cause des sortilèges que je jette....

Je devrais ressentir de la joie puisque je suis à quelques mètres de la victoire, mais c'est complètement le contraire. Je me sens un peu comme si le bonheur avait disparu de la surface de la Terre. Lorsque je sens un froid m'envahir, je comprends tout de suite le pourquoi du comment. Mais il est trop tard, une silhouette cagoulée dans une cape tout effilochée apparait devant moi. Elle produit une sorte de râle lugubre, un peu comme si elle essaye de respirer autre chose que de l'air. Je ralenti considérablement sans le vouloir.

Mon corps se raidit, mes yeux se ferment, et j'ai l'impression de tomber. Je tombe sûrement pour vrai, mais ce que je vois n'est pas du tout le décor du fossé de la première tâche. Je sens la boite d'or dans mes mains et serre encore plus mon emprise dessus, mais ce n'est pas ça qui m'empêche de glisser du dos du Furoris Tonitrui. Je ne sens pas du tout le choc quand j'atterri sur le sol parce que j'ai déjà perdu conscience.

Maya Boubekri et la Coupe de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant