~29.Mélissa~ (21)

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Chapitre provisoire.

||Mélissa||

Notre échange n'avait duré que quelques minutes, mais il m'eut été bénéfique. Cela m'avait permis de ré-entendre sa voix après tant d'années passées loin de mes origines. Mais la vérité, c'est que je m'en fiche éperdument. Et c'est horrible de dire ça.  Horrible, parce que je n'aurais jamais eu de liens avec mes parents. Rien, nada. J'avais besoin de faire plaisir à quelqu'un, de le rendre heureux. Et c'était tomber sur ma mère. Elle allait enfin pouvoir quitter cet homme que je pensais être mon père pour rester avec mon véritable père. Le vrai, l'unique. Même s'il a été absent, je comprends pourquoi. Totalement. Il ne voulait pas nous faire de mal, à ma mère et moi. Alors quand cet homme, Travis il me semble, m'a expliqué qui il était, je n'ai pas hésité une seule seconde. Je l'ai appelé, j'ai appelé ma mère.

J'ai été étonnée du détachement de ma mère à mon égard, elle n'avait pas l'air malheureuse ni rien. Elle me semblait juste mal. Mal pour elle. Qu'est-ce que cet ordure a pu lui faire subir lorsque je suis partie ? Plus de punching-ball pour se défouler, ne restant que ma mère. La pauvre. Je devais faire quelque chose, pour elle. Pour moi, surtout.  Alors dès que j'eus raccroché après avoir expliqué assez brièvement la situation, je me suis levée. J'ai regardé autour de moi et chacune des personnes de la pièce me regardait incrédule. Alors j'ai regardé, pour la première fois, mon père dans les yeux. Je l'ai fixé assez longtemps pour qu'il comprenne -ainsi que Darren-. Sauf que ce dernier n'avait pas l'air bien emballé, alors il était sorti de la pièce avec Astrid. Il ne restait plus que Caleb, Keïra, mon père et James. Mon homme déposa une main sur mon épaule avant de dire :

— Je suis avec toi, j'ai compris ce qu'il se passe.

Je lui souris.

— Et j'espère, continua-t-il à l'attention des autres, que vous aussi.

Je souris aux autres.

— Toujours là pour toi, cousine.

— Idem pour moi, répliqua la louve.

Leurs réactions me réchauffa le cœur : je pouvais compter sur eux quand tout allait mal. Alors, pour leur donner une réponse, je leur fit un sourire avant d'ouvrir la porte. Je ne voulais pas parler, j'avais encore du mal à me dire que j'allais l'affronter. Aujourd'hui. Au fond de moi, j'avais peur. Même si j'étais désormais plus puissante que lui, je ne pouvais pas m'empêcher de ressentir de l'anxiété à son encontre. Et je pense qu'ils comprennent mon silence, du moins je l'espère.

Une fois sortie en dehors de la demeure, je fus vite rejoins par James et les autres. Mon copain, si je peux l'appeler comme tel, passa sa main dans mon dos en faisant des petits ronds. Pour me détendre. Pour essayer de me détendre. Mais je me détachai de lui, me retournant pour faire face aux autres personnes qui se tenaient à mes côtés. Mon père venait tout juste d'arriver que je lui jetai un regard, lui disant clairement qu'il devait me suivre. Qu'il se le devait. Alors je partis, sans ralentir ne serait-ce qu'une seule seconde car je sais que si je m'arrête, je ne serais pas sûre de continuer. C'est fou comme ce personnage m'effraie encore aujourd'hui, comme il peut encore avoir de l'influence sur ma propre personne.

Je chevauche les rues, essayant d'arriver le plus vite possible à ma ville natale dans le but de mettre les choses au clair, comme je le peux. Comme je pourrais le faire, le moment venu. Je sais que mes partenaires ne sont pas loin derrière, je sens leurs présences derrière moi. Alors je me force à accélérer, à arriver le plus vite possible à l'endroit que je redoute tant. Avant que ma peur prenne possession de moi et me fasse faire demi-tour.

Tout à coup, les avenues -que je connaissais trop bien- me firent stopper mon élan de course. Et je savais, à ce moment précis, que si mon cœur battait encore, il battrait à cent à l'heure.

James se tient à mes côtés, tout près de moi. Nos regards se croisent et je vois sa mâchoire se crisper lorsqu'il voit dans quel état je suis, dans quel état cet homme -qui me répugne tant- me met. Il me prend alors dans ses bras, et cela me procure un effet de confiance. Même si je n'en n'oublie pas la raison de notre présence à cette endroit, et que c'est moi qui l'ai décidée. De mon plein gré, pour me libérer de cette peur que j'avais rangé dans un placard de mon esprit et que je m'apprête à ressortir et à affronter. Mais pas que. Je suis sur le point de rendre ma mère heureuse et de la libérer, elle aussi, de l'emprise de ce personnage. Alors, je laisse une larme coulé sur les épaules de mon Amour. Je laisse cette peur sortir, afin de pouvoir mieux l'affronter. De pouvoir être au top de ma forme. De pourvoir, enfin vivre ma vie d'immortelle sans craindre de la croiser à chaque boulevard. Sans repenser à ma mère et son malheur, son quotidien à ses côtés.

Je me détache de James, laissant mes amis un pâté de maison plus loin afin que ma mère ne s'affole pas en les voyant tous arriver d'un coup. Je m'approche de la maison, ma maison. Je toque à la porte et attend. Les quelques secondes que je me dois de vivre à attendre me paraissent durées une éternité avant qu'une femme ne m'ouvre. Cette femme, je ne la reconnais pas de suite. Mais bien après, grâce à son parfum qui malgré l'odeur du sang est toujours présent. Elle n'a plus l'air de prendre soin d'elle, de sortir ou même de vivre. Des cernes sont marqués en dessous de ses yeux et ses cheveux sont coupés, courts. Trop court pour elle qui aime tant les cheveux longs. Elle ne sourit pas. Son visage ne reflète aucune émotion tout comme son regard qui est vide. J'ai l'impression qu'elle me regarde sans vraiment me voir. Grâce à mes facultés vampiriques, j'arrive à apercevoir ses mains trembler. Elle aussi redoute ce qu'il va se passer. Je lui souris, mais elle ne me le rend pas.

— Maman, c'est moi. Tout va bien, d'accord ?

— C'est de ta faute. Tout est de ta faute. Si tu n'avais pas fuis, ton père ne me ferait pas subir toutes ces horreurs. Il me le dit sans cesse que je n'ai pas fait mon travail comme il le fallait avec toi, que je t'ai raté. Alors, il doit me punir. Il me le répète tellement de fois, tu sais. Alors, je t'en supplie. Reviens à la maison avec nous. Je ne veux plus souffrir.

Je la regarde, perplexe. Ma mère a toujours été égoïste, il fallait s'y attendre. Alors je ferme les yeux et me concentre pour me rappeler mon but premier. Je me retourne vers la ville, cherche des yeux Travis, mon père. Dès que je le vois, il accourt à mes côtés.

— Maman, écoute moi. J'ai retrouvé l'homme avec qui tu as eu un enfant, avec qui tu m'as eu.

Le visage de ma mère se décomposa.

— Depuis quand le sais-tu ?

Je ne répondis rien, je ne savais pas quoi lui répondre. Non pas que j'avais la réponse, mais j'avais senti une autre présence humaine dans la maison. Mon sang ne fit qu'un tour et je compris vite que c'est mon beau-père qui avait organisé notre rencontre, qu'il avait entendu notre conversation téléphonique.

— Il est là ? Demandais-je.

Elle hocha la tête avant que je la prenne par le bras et la donne à Travis.

— Emmène-la loin d'ici.

Ce fut les seuls mots que j'arrivèrent à dire. Les seuls mots qui me venaient à l'esprit. Et Travis ne me fit pas répéter deux fois avant de partir je ne sais où. Sûrement chez Keïra. Et j'entrai dans la maison de mon enfance, sur mes gardes.

J'entendis quelqu'un se lever.

J'entendis quelqu'un respirer.

J'entendis quelqu'un marcher.

Avant d'apercevoir ma plus grande peur juste devant mes yeux.

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Become A Vampire : DescendanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant