Chap10:
Un pas, léger comme un souffle sur le parquet de l'entrée. Un cliquetis retentissant sous la fermeture de la porte. Les voix se turent. Mon corps se mouva et se rendit dans la cuisine. Là se trouvaient, assis autour de la table recouverte d'une nappe cirée rouge, avec chacun verre rempli de soda, mes chers parents, leur meilleur ami et Sam. Dehors, dans le jardin, Unique Bull courait derrière un cousin, une des joie de l'automne. J'haussai un sourcil interrogateur. Mon parrain me sourit.
_Alors ma belle, ce premier jour de cours? s'informa-t-il.
Une traduction s'imposait.
_Alors ma belle, ce premier jour de surveillance forcée?
J'accentuai encore plus mon haussement de sourcil.
_Sérieusement? plaidai-je.
Il ria. Ma mère regardait avec insistance son verre, comme agacée par ma présence et mon père semblait attendre une réponse convenable de ma part. Quant à lui, Sam paraissait un peu gêné par mon arrivée soudaine.
_Oui Cad, sérieusement.
Je lançai un coup d'oeil à Sam, il ne leur avait pas dit pour Warren et moi à midi.
_J'ai eu une légère altercation avec Warren Morgenson à la pause déjeuner, balançai-je, nonchalamment.
Mes parents se raidirent d'un coup sur leurs chaises et ma mère se tourna furieusement vers moi.
_Comment? Tu es censée les surveiller Cadence Denneval, pas t'en faire des ennemis! Qu'as-tu encore commis? me cracha-t-elle au visage.
Je reculai face à ses paroles si empreintes de venin. Même si elle pouvait être mauvaise avec moi, jamais elle ne m'avait aussi mal parlé.
Mon père posa une main apaisante sur l'épaule de ma mère.
_Il m'a cherchée. Après mon premier cours, il m'a plaquée contre un mur, m'a postilloné au visage parce que je l'ai regardé en classe. Ensuite, un déjeuner il est venu avec toute sabande et s'est montré insultant. Je lui ai fait comprendre que je ne suis pas du genre à me laisser insulter, me justifiai-je.
Mon parrain grogna.
_Tu lui a bien régler son compte, au moins? s'enquit-il.
Je lui adressai mon plus grand sourire.
_Mais certainement.
Ma mère se leva brusquement. Elle semblait vraiment vraiment très en colère.
_Ça te fait rire? Tu risques de foutre en l'air notre plan et tu en ris! Penses-tu ne serait-ce qu'un peu à la sécurité de la meute et ce qu'une erreur pourrait provoquer? Tu n'es qu'une incompétente, tonna-t-elle.
La situation m'échappait. J'étais trop choquée par son emportement pour me mettre en rogne. Mais ce n'était qu'une question de temps.
_Si tu n'es pas contente, tu n'as qu'à le faire toi-même, lui lançai-je hargneuse. Et toi, dis-je en regardant mon géniteur, tu ne dis rien?
Il balbutia:
_Cad... Je, je ne suis du côté de personne, ..tu aurais dû te contrôler au lieux de frapper Morgenson..
Je tombai des nues. Mon propre père, ayant toujours prôner la défense contre les insultes, me laissait tomber face à une mère en furie. En avait-il peur ou était-il simplement lâche et stupide? Je ris jaune.
_C'est la meilleure! Vous savez quoi? Vous m'utilisez à votre guise et me hurlez dessus au moindre écart, alors c'est terminé, je m'en vais.
Je me tournai vers Sam:
_Je crois qu'il est nécessaire d'annuler la ballade.
Je fis volte-face et grimpai quatre-à-quatre les escaliers. Une fois dans ma chambre, je claquai la porte et ouvris violemment tous les tiroirs de ma commode et ma penderie. Je jetai toutes mes affaires dans deux vieux sacs-à-dos destroys et pris d'autres trucs importants comme un chargeur et mon portefeuille. Je descendis, ouvris en grand la porte d'entrée et hurlai:
_Au revoir et à jamais!
Une fois sur le perron, je me hâtai jusqu'au garage pour enfourcher la Harley-Davidson noire rutilante de mon père et me barrer avec.Je roulai, loin devant. Les cheveux au vent. Sans casque, d'aucune utilité. La pluie tombait dru. Je sillonais les routes du Canada depuis une bonne heure déjà et je ne faisais qu'accélérer à mesure que la colère montait. Je pleurais des larmes de rage, qui se mêlaient à la pluie, ruisselant sur mes joues rougies. La nuit n'aller pas tarder à couvrir le ciel de son sombre manteau et je devais trouver un endroit où dormir. Soudain, comme un signe du destin, un panneau indiquant une aire d'autoroute à moins de trois kilomètres surgit. Je me décidai rapidement. M'engageant sur la voie, je rêvai déjà d'un bon cappuccino bien chaud servi par une sympathique machine à café. Je parcourai le parking en partie occupé par des poids lourds et trouvai une place assez éloignée, dans l'ombre d'un immense sapin. Je m'y garai. J'ouvris l'un de mes sacs et sortis un vieux gilet à capuche kaki, que j'enfilai. Je remis ma veste en cuir par dessus, m'emparai de mon portefeuille et rangeai mes affaires dans mon coffre. Après avoir rabattue la capuche de mon vêtement, je me dirigeai vers l'enseigne lumineuse de la station. J'entrai. Tout était éclairé au néon, produisant un léger bourdonnement désagréable. Le jeune homme au visage endormi derrière la caisse enregistreuse m'adressa un signe de tête que je lui rendis. J'arrivais devant la machine à café qui engloutit mes pièces et me servit un cappiccino XXL dans un gobelet en carton. Je trempai mes lèvres dans le liquide chaud et en bu une gorgée. Mon corps engourdi se réchauffa.
Lorsque je me plantai devant lui, le jeune caissier leva les yeux de son bouquin. La Fille Sauvage de Jim Fergus. Sublime roman.
_Oui, puis-je vous aider? me demanda-t-il, en parfait employé.
_Oui, je vais vous prendre un croissant au beurre, s'il vous plait.
Il accéda à ma demande.
_Cela fera trois euros et dix centimes, désirez vous autre chose avec ça?
Un prix moins exorbitant pour un pauvre croissant, peut-être?
Cela suffisait à me faire manquer ma France.
_Non, merci.
Je lui déposai quelques pièces sur le comptoir et m'emparai de mon achat.
_Au revoir et bonne soirée, me dit-il.
Je lui rendis la pareille et partis. D'un coup, je me retournai.
_Très bon livre, lui lançai-je en pointant du doigt son roman.
Il me sourit.
_Je trouve aussi, répliqua-t-il.
J'esquissai un sourire à mon tour et franchis les portes de sortie. Je me retrouvai sous les lumières bleues des led de l'enseigne de la station. Mon regard se riva vers les étoiles et je me sentis d'un coup seule.
Encore plus seule qu'avant.
Je soupirai et regagnai ma moto. Je posai ma carcasse de loup-garou oméga à présent dessus et mangeai mon croissant, bu ma boisson. Cinq minutes plus tard, je jetai mon gobelet tâché de café dans la poubelle non loin de là. Je décidai de dormir. Après m'être allongée de tout mon long sur l'engin, un tas de vêtements roulés en boule sous la tête en guise d'oreiller, je fermai mes yeux. Savourant l'air léger flottant contre mon visage, flairant l'agréable humidité des sapin environnants, fredonnant une chanson des Guns and Roses.
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Olibrius.
WerewolfCad Denneval débarque au Canada avec ses parents pour des raisons très spéciales. Entre histoires de famille, trahisons, rivalités, pertes et la Bête dangereuse qui vagabonde aux alentours, Cad arrivera-t-elle à garder secrète sa nature lycanthrope...