Heav tiqua.

- Les Elithères ? Mais...

- Nous ne t'en dirons pas plus ici, intervint David. Tu devras entendre le reste de la bouche du Sénat.

La jeune fille garda les yeux fixés sur lui, impénétrable, indifférente à Paul qui se remettait lentement sur ses pieds.

- Très bien, finit-elle par lâcher sans détourner le regard.

Mina poussa un discret soupir de soulagement.

- Mais j'emmène le garçon avec moi, imposa Heav.

- Quoi ?! s'insurgea David. Hors de question ! Au vu de sa réaction, tu lui as déjà révélé l'existence des nôtres, continua-t-il en le désignant d'un doigt rageur, et tu devras en répondre devant le Sénat !

Paul se mit à trembler, mais Heav releva le menton, les yeux étincelants. Lorsqu'elle parla, sa voix était dure :

- Je n'ai pas d'ordre à recevoir du Sénat. Soit nous venons tous les deux, soit vous repartez comme vous êtes venus.

- C'est d'accord, s'empressa d'accepter Mina.

- Attendez... Qu'est-ce que... intervint Paul.

- Tais-toi, assena Heav d'une voix tranchante.

Le garçon vacilla sous le coup de l'invective. Il renonça et se contenta de suivre le mouvement, peiné.

- Suivez-nous, les somma David avec un regard venimeux pour le jeune homme.

L'adolescente obtempéra, Paul à sa suite. Ils traversèrent la ruelle et les deux membres de l'Ordre les firent monter dans une voiture parquée non loin. Ils s'installèrent à l'arrière tandis que leurs guides s'asseyaient devant, Mina au volant. Les passagers ne dirent pas un mot de tout le trajet, Heav observant l'extérieur défiler avec une mine lugubre. Le jeune homme leur jetait fréquemment des coups d'œil inquiets, à elle et à la route qu'ils empruntaient, sans pour autant oser briser le silence.

Ils finirent par franchir un grand portail qui marquait l'entrée d'un domaine gigantesque. Les roues du véhicule firent crisser le gravier de l'allée qui traversait les jardins. Au centre de ces derniers se tenait une immense résidence. Paul en resta bouche bée.

- Nous voilà chez les X-Men, souffla-t-il, s'attirant un regard courroucé de la part de sa voisine de siège.

- Il n'y a pas de quoi rire.

Il baissa la tête, les joues empourprées et l'air contrit.

La conductrice stoppa la voiture devant l'entrée et Heav en sortit sans attendre, faisant signe à Paul de la suivre. Ils passèrent la porte et le garçon s'immobilisa, stupéfait.

A gauche et à droite des visiteurs s'ouvraient les deux ailes du bâtiment, vastes corridors parsemés de portes. Le sol du hall était en marbre et plusieurs colonnes soutenaient la galerie que l'on atteignait par l'un ou l'autre des deux escaliers qui trônaient au milieu de la salle et auxquels l'architecte avait imprimé une légère courbe vers l'intérieur. Sous le couloir se trouvait une grande porte à double battant dont la fermeture l'empêchait de voir où elle menait. Elle était sculptée dans un bois sombre presque rouge et était ornée de délicats motifs ciselés. Paul leva la tête vers l'imposant lustre, digne d'un conte de fées, qui éclairait la scène. Une voix l'arracha subitement à sa contemplation :

- Bonjour, Heaven. Je ne m'attendais pas à ce que tu viennes... accompagnée.

Un homme d'une soixantaine d'années se tenait là, le dos droit et le visage sévère.

L'Ordre des CinqOù les histoires vivent. Découvrez maintenant