Kid in love [Ron × Hermione]

9 - Retrouvailles autour d'un piano

C'était une journée affreuse, dans une maison affreuse aux murs affreux dans une ambiance toute aussi affreuse.

Dans cette pièce également affreuse, se trouvait une jeune femme aux cheveux bruns qui semblait être éteinte. On aurait pu croire qu'elle était morte si elle ne respirait pas. La femme semblait vide, triste, désorientée et perdue. Il n'y avait aucune trace d'émotion sur son visage. Elle était simplement là, assise sur une chaise, en face d'un piano. C'était Hermione, oui, Hermione Granger. Cependant, la jeune femme sérieuse, dynamique et courageuse avait disparu, complètement disparu. Malgré tous les efforts de ses amis, en vain, elle ne parvenait pas à retrouver le bonheur. Plus maintenant. Pas après cela.

Hermione posa ses fins doigts tremblants sur les touches du piano qui correspondaient aux premières notes de son morceau préféré : Für Elise. À peine avait-elle pressé la première touche qu'une larme coula sur ses joues, puis deux, puis trois, puis elles s'enchaînèrent sans pouvoir s'arrêter.

Rien ni personne ne pouvait consoler sa peine, qui semblait grandir de jour en jour. Elle portait en elle une tristesse infinie et souffrait constamment. Hermione avait une blessure qui ne parvenait pas à cicatriser. Au contraire, elle ne cessait de se rouvrir, de s'approfondir et de lui faire encore plus mal.

Comment avait-il pu l'abandonner ? Lui ? Le seul homme qu'elle ait jamais aimé ? Le seul ? Il lui avait promis de rester en vie. Mais non, il avait menti. Lors de la bataille de Poudlard, le jeune homme avait pris le sortilège de la mort à sa place et s'était écroulé sur le sol.

Elle l'avait vu, juste là, devant elle. Elle l'avait vu, dépourvu de vie.
Elle l'avait vu, dans l'état qui aurait dû être le sien.
Elle l'avait vu, mort.

"Si tu cesses de vivre, son sacrifice aura été inutil."

Voilà ce qu'une petite voix dans sa tête lui répétait inlassablement, nuit et jour, à chaque seconde sa vie.

Pourtant, jamais Hermione n'avait  autant eu envie de le rejoindre, de quitter cette vie pour retrouver ses bras. Cela la rendait folle. Cette phrase lui hantait l'esprit parce qu'elle savait qu'elle était véridique. Il était mort pour qu'elle puisse vivre. Il avait donné sa vie pour qu'elle puisse poursuivre la sienne.

Mais pour Hermione, une vie sans Ronald Weasley ne valait pas la peine d'être vécue.

Comment était-ce possible de se lever chaque matin en sachant que Ron ne la prendrait dans les bras en lui chuchotant quelques mots doux ? Qu'il ne ferait pas semblant de ne pas l'observer en train de lire ? Qu'il ne raconterait pas quelques blagues pour apporter un peu de bonne humeur ? Qu'il ne la complimenterait pas de la manière la plus maladroite qui soit ? Qu'il ne lui adresserait pas un de ses adorables sourires ? Qu'il ne l'écouterait pas parler pendant des heures sur un livre, sur ses anecdotes d'enfance ou même l'arithmancie ? 

Comment était-ce possible de se lever chaque matin en sachant que Ron Weasley ne serait pas là ?

Il n'était plus de ce monde par sa faute, et uniquement sa faute. Comment pouvait-elle la réparer ? Devait-elle vivre joyeusement alors qu'elle avait fait tué l'homme qu'elle aimait ? Impossible.

Cependant, elle ne pouvait pas non plus le rejoindre.

Alors Hermione restait isolée du monde, au Square Grimmaurd.

Laissant couler ses sanglots, elle se dirigea vers le jardin mal entretenu de la maison, qui était désormais plein de mauvaises herbes. En effet, elle n'avait pas eu le cœur à effectuer cette tâche : ils avaient pour habitude de la faire ensemble. Hermione prit un pull du rouquin, bien qu'il n'y ait plus son odeur. En réalité, ce n'était pas étonnant. En effet, cela faisait désormais cinq ans que le vrai propriétaire du vêtement ne l'avait pas porté.

Hermione pleura, elle pleura toutes les larmes de son corps. Elle pleura toute sa peine, sa rage, sa haine, sa honte, son chagrin, sa tristesse, absolument tout. Comme si le temps voulait l'accompagner, une forte pluie s'abattit sur elle et un froid glacial l'envahit. La jeune femme sanglota longtemps malgré la pluie et la température, agenouillée sur l'herbe mouillée.

Soudain, une main chaude se posa sur son épaule. Une main familière dont elle avait oublié la douceur et la chaleur, et qu'elle pensait ne plus jamais sentir. Elle lui apportait du réconfort et semblait venir d'un autre monde. Cette odeur qu'elle aimait tant entrait dans ses narines qui semblaient re-découvrir leur sens. La brunette se retourna et elle le vit, lui, qu'elle aimait plus que tout. Il se tenait devant elle. Rien n'avait changé chez lui, ses yeux bleus profonds plein de malice, ses beaux cheveux roux, son sourire rassurant, ses adorables tâches de rousseurs. Elle n'en croyait pas ses yeux. Après tout ce temps, il était venu la chercher. Il ne l'avait pas abandonnée. Il n'avait pas menti. Elle déclara :

- Ron..., parvint-elle à murmurer avant d'éclater en sanglots dans ses bras. Ron, ce n'est pas poss...

- Chut, ne pleure pas... Tout va bien, mon amour, coupa le jeune homme.

- Mais tu... Tu es... À cause de moi... Renifla Hermione.

- Cesse donc de te penser coupable, tu ne fais que t'attrister encore plus que tu ne l'es déjà, dit doucement le rouquin en la prenant dans ses bras.

La brunette sembla sourire pour la première fois depuis la mort de son amant. Elle se sentait en sécurité, heureuse et vivante. Dans les bras de Ron, tout allait bien. C'était si apaisant.

- Mais comment es-tu venu ? Demanda-t-elle en se calmant.

- Je viens t'emmener avec moi, seulement si tu le souhaites bien sûr.

- Mais tu n'as pas rép... Oui je veux partir avec toi, déclara la demoiselle sans hésitation.

Ron resserra son étreinte puis prit la douce main de son amante avant de l'emmener loin de ce jardin. Ensemble, ils rejoignirent le monde dont on ne revient jamais.