Silence (En pause)

Chapitre 4 : Mensonge

            Amélia suffoquait. Elle manquait d'air, la tête enfouit dans le manteau d'Ozrins, elle n'arrivait plus à respirer. Mais elle ne voulait plus voir ça. Elle se refusait à jeter ne serait-ce qu'un coup d'œil :

- Allez, sort de là !

Ozrins tira sur son vêtement pour la faire sortir. Celle-ci se plaqua les mains sur le visage. Elle ne voulait rien voir. Piqué par la curiosité, elle écarta deux doigts au niveau de son œil. Ses pommettes rougirent à la vue des torses saillants des Anges Noirs qui s'entraînaient sous ses yeux.

À peine arrivé au troisième palier, elle s'était retrouvée en plein milieu de la salle où les Anges Noirs s'entraînaient à utiliser leur magie. La jeune Reine tenta de se concentrer sur les cascades de lave ou d'eau qui tombaient du plafond et qui servaient à tester les résistances des sorts lancés. Mais ses yeux revenaient automatiquement sur les muscles travailler des garçons.

Elle fit volte-face et se fit violence pour ne pas regarder. Ozrins l'observa du coin de l'œil :

- J'ai suffisamment joué avec tes nerfs. Allez, viens !

Il lui prit le bras et l'entraîna vers la sortie qui menait sur la crevasse, avalant la rivière de lave. Autour du gouffre, d'où s'écoulait le bassin formé par la cascade qui semblait provenir du plus haut des Enfers ; s'affairaient des dizaines de petits diablotins bleus. Tous travaillaient des chaînes, bracelets métalliques, et d'autres choses que la jeune fille n'arrivait pas à distinguer. Les créatures étaient plus petites que leurs congénères noirs, est démuni de cornes. De petit puits de lave parsemaient le autour de la crevasse et abreuvaient les forges.

Comparés aux deux autres paliers qu'elle avait visités, qui était soit fait d'une unique pièce ou d'une petite entourée de galeries labyrinthiques ; le troisième palier était découpé en plusieurs salles agencées autour de la pièce où coulait la rivière enflammée. Ozrins désigna à la Reine une lourde porte en chêne massif, finement sculptés, qui se trouvait dans le fond de la pièce.

Ils se dirigèrent vers la gigantesque entrée. Ozrins assemblait de plus en plus tendu. Ils passèrent la porte. Amélia fut brusquement frappée par l'abondance de richesse. Les murs étaient décorés d'or et de bibliothèques remplies de livres aux allures fantastiques. Un petit bassin aquatique faisait de l'œil par un autre, rempli de lave, qui se trouvait à l'autre bout de la pièce. Derrière le petit lac, se dressait une immense statue de chats, taillée dans l'or et dont les yeux étaient faits de diamants. Dans le fond de la pièce, trônaient un large fauteuil de velours ornés de dorures de gravure rouge.

Amélia s'avança, émerveillé par la beauté de la pièce. Elle s'arrêta et se retourna en constatant l'absence d'Ozrins à ses côtés. Celui-ci se tenait droit comme un piquet, à deux pas de l'entrée, et scrutait les alentours, telle une proie à l'affût du danger. Il braqua son regard sur la jeune Reine :

- Jeeeee vient de me souvenir que j'ai une chose importante à faire ! Bon, eh bien, je te laisse ! Tu sauras retrouver ta chambre toute seule !

L'Ange de la Mort fit volte-face. Trop tard. Le lourd battant de la porte se referma sur lui. Il pivota vivement vers Amélia, le visage crispé :

- C'est toi qui as fait ça ? Généralement, quand on claque la porte au nez de quelqu'un, on ne fait quand celui-ci est dehors !

Amélia leva les mains et haussa les épaules pour signifier qu'elle n'y était pour rien. Le visage d'Ozrins devint alors extrêmement las :

- Merde...