Segment 2 - Stuck Between a Rock and a Hard Place

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« Jungkook ! » On entendait geindre à l'étage inférieur, une plainte qui se répétait inlassablement depuis près de cinq minutes. L'intéressé ne l'entendait pas, le nez collé sur l'écran de son MacBook, deux écouteurs plongés dans ses oreilles, le coupant tout à fait du monde extérieur. « Jeon Jungkook ! » Encore une fois sans réponse, il décida de monter les marches, toquant doucement à la porte avant de pénétrer dans le bureau improvisé de l'officier de police. Jung-hyun fut accueilli par la plus grande indifférence et ne put retenir un froncement de sourcil, passablement agacé. Cela dit, il n'était pas surpris.

Ce n'était pas la première fois qu'il rendait visite à son cadet, profitant de ses rares passages à Séoul pour venir prendre de ses nouvelles et s'assurer qu'il était encore entier. Il avait fini par s'habituer à ces passages à l'improviste, Jungkook ne consultant que rarement, si ce n'est jamais son téléphone, laissant le reste des Jeon dans le flou le plus total quant à sa vie à la capitale. Allait-il bien ? Était-il encore célibataire ? S'était-il au moins fait des amis en dehors de ses collègues de travail ? Ou bien avait-il fini par se faire tuer dans l'une de ses enquêtes ? Des questions qui pour la plupart restaient encore et toujours sans réponse, Jungkook n'étant guère plus loquace que cela sur sa vie privée. Pas que Jung-hyung soit particulièrement friand de ce genre de détails sur l'intimité de son petit frère –en vérité il ne le questionnait que pour rassurer leur mère, la malheureuse passant ses journées à se ronger les sangs -, mais il s'inquiétait tout de même de le voir si dédié à sa tâche, corps et âme dans ce travail ingrat dont le salaire ne lui servait finalement qu'à remplir le frigo. Pour cause, le policier vivait dans un taudis et son seul hobby –si on peut appeler ça comme ça- était de résoudre des affaires, encore et encore et encore et à tel point que l'aîné de la famille avait fini par oublier à quoi ressembler son frère, ailleurs que dans ce bureau improvisé, entouré de pièces à conviction et soutenu par une tasse de café qui ne semblait pas avoir de fin.

« Jungkook ? » Il appela, encore, s'osant finalement à tapoter sur l'épaule de son cadet pour lui signaler sa présence. Il n'était pas si tard, minuit tout au plus, mais il pouvait déjà sentir toute la fatigue accumulée sur ce dos aux muscles crispés qu'il discernait distinctement au travers de sa chemise. Le manque de réaction du jeune homme était tout aussi révélateur de la semi torpeur dans laquelle il se trouvait, consultant ses documents sans même les lire. Il leva finalement la tête. « Hyung ? » Sa voix, brisée de nombreuses heures sans avoir servie et ses yeux gonflés de tout ce temps passé devant l'écran ne firent que confirmer la théorie de Jung-hyun : son petit frère était à bout de force. « T'es là depuis longtemps... ? Je t'ai pas entendu rentrer. » Le plus âgé hocha négativement la tête, sa main se dirigeant discrètement vers l'écran de l'ordinateur pour le fermer. Jungkook ne s'en rendit même pas compte. « Je viens d'arriver. Et tu devrais aller dormir toi. » Si Jung-hyun ne connaissait pas si bien son frère, il l'aurait laissé répliquer, mais au lieu de ça il l'interrompit avant même qu'il n'ait pu se plaindre. Il prit les papiers entre ses doigts qui les laissèrent glisser sans même chercher à les retenir. « Au lit Jeon Jungkook. Tu seras plus efficace demain, quand tu seras reposé. » Le mot efficace fut semble-t-il suffisamment convainquant pour le faire obéir, le policier cédant finalement à l'argumentaire implacable de son grand frère. Jung-hyun avait raison, il n'avançait plus depuis des heures. Il était vain de s'acharner.

Lorsque Jungkook retrouva son lit -une séparation bien trop longue soulignées par deux traits noirs sous des yeux bouffis-, le sommeil ne le gagna pas tout de suite. Il se mit à réfléchir, laissant peu à peu l'anxiété et le doute le gagner. Deux semaines, cela faisait deux semaines que le commissaire l'avait confronté à son ultimatum et pourtant il n'avait demandé ni aide, ni le retrait du dossier. Il s'était acharné, tête première dans sa méthode de travail, quitte à paraître borné ! Non, borné, il l'était, et il fallait l'être, plus que le criminel en face de soi. On ne gagne pas ce genre de duel avec des compromis. On les gagne en tenant sa position, sans flancher. Sans jamais flancher.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 21, 2016 ⏰

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Everybody's gone to the RaptureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant