Rebellote

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John se réveilla petit à petit, apercevant vaguement un siège en tissus devant lui. Il tourna la tête, pour voir une vitre qui donnait sur l'obscurité. Il posa sa tête dessus. Il souffrait le martyr. Tout son corps le lançait, et il avait du mal à garder les yeux ouverts. Il retira sa tête du verre, laissant une tâche de sang dessus. Un peu apeuré par cette constatation, il tenta de se palper le crane pour trouver sa blessure, mais ses mains étaient retenues dans son dos par des menottes.

Il regarda plus attentivement autour de lui : Il était dans une voiture, surement un quatre-quatre comme celui qu'ils avaient volé. Le conducteur, un orang-outan, discutait avec une jument. John tourna la tête, pour voir un tigre, assis à côté de lui et ronflant bruyamment. De l'autre côté de celui-ci, Jack était en train de passer discrètement la chaîne de ces menottes par-dessus son épaule. Leurs regards se croisèrent, et John comprit ce qu'il allait faire. Au bout d'un moment, Jack avait réussi à passer ces menottes devant lui. Il fit un signe de la tête au loup, qui lui répondit de la même manière.

Il passa alors la chaîne qui lui liait les mains autour du cou du singe, qui ne put finir sa phrase, incapable de respirer. La jument dégaina aussitôt son glock, le pointant sur le lapin, mais heureusement, John veillait au grain et asséna un violent coup de pied dans le bras du mammifère. Une détonation retentit, et la vitre côté conducteur explosa en mille morceaux. Le tigre qui était assis entre les deux captifs se réveilla soudainement, mais fut aussitôt renvoyé dans le sommeil par un autre coup de patte de John.

Jack tirait de toutes ses forces. Le singe saisit la chaîne de ses deux mains pour tenter de l'écarter de sa gorge, et déploya une puissance colossale qui commençait à faire avancer Jack. Celui-ci prit appuie avec ses pattes arrières contre le siège du chauffeur, combinant la force de ses pattes avant et arrières, et se bloquant définitivement dans cette position. Le simien crispa tous ces muscles, y compris son pied qui reposait sur l'accélérateur, et la voiture fit un vrai bond en avant.

La jument ramassa son arme, qui avait été projeté plus loin dans le véhicule, et John en profita pour détacher la ceinture de son adversaire, pendant que Jack relâchait le cou du singe, qui était inconscient, au bord de la mort, pour se rasseoir à sa place, ce protégeant la tête de ses bras.

La voiture heurta violemment un arbre. La jument fut projetée à travers le pare-brise, qui vola en morceaux. John avait l'impression que tous ces organes étaient allé se cogner contre l'avant de son corps, ce qui était probablement le cas, d'ailleurs. Une fois le choc passé, il tituba hors du tas de métal broyé qui était autrefois un quatre-quatre. Il s'assit sur le trottoir, bientôt rejoint par Jack.

« J-Je crois qu'on est dans le quartier de la gare. La maison ne doit être qu'à une vingtaine de minutes de marche d'ici.

Le loup hocha la tête et se releva tant bien que mal. Il avait la tête qui tournait et les jambes en coton, sans oublier qu'il avait mal partout, mais ils devaient se mettre à l'abri.

Ils boitèrent jusqu'à chez eux, sans échanger le moindre mot. Ils arrivèrent enfin au bout d'une trentaine de minutes, mais quelque chose clochait. Des faisceaux lumineux sortaient par instants des fenêtres, comme si un groupe de personnes se promenaient dans la maison, torche en main.

Jack poussa un juron.

« Bon, on a pas le choix, on va devoir aller ailleurs. Dit John, exténue.

-Non, j'ai une autre idée. On va les prendre d'assaut. Maintenant.

Le loup tourna lentement la tête, regardant son ami d'un air abasourdis.

-Euh, Jack, je crois que tu as pris un trop gros coup sur la tête. Ou bien c'est moi qui t'entends dire des trucs que tu dis pas...

-Arrête de te plaindre et écoute-moi. Les membres de L'œil de Lynx sont déjà au courant qu'on sait où leur QG se trouve, à la fois grâce au dossier que tu leur as volé et avec les aveux du rhinocéros. Mais après l'accident, ils penseront surement qu'on va prendre un peu de temps pour se rétablir et se préparer à les attaquer, donc...

-Ce que n'importe quelle personne tenant à la vie ferait, l'interrompit John, un sourire hypocrite sur les lèvres.

-Laisse-moi finir. Donc, si on les attaque maintenant, ils seront pris par surprise.

-Et tu me dis que tu as survécut 15 ans en élaborant des plans comme celui-là ? Je commence à croire la rumeur qui prétend que les pattes de lapin portent chance...

-Bon, tu es d'accord ?

-Non, tu es cinglé.

-Allez, tu sais que tu peux me faire confiance, mon ptit loup. Et tu sais ce que j'ai toujours dit : Les héros sont toujours un peu fous.

-De un : tu n'as jamais dit ça. De deux : c'est pas en utilisant un surnom débile que tu vas me persuader de te suivre. De trois : Tu es conscient que sans armes, c'est du suicide ?

Jack lui sourit :

-Qui t'as dit qu'on avait pas d'armes ?

Jack Savage [Zootopie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant