Projet Stargate - Nord Ferndale Motel

Jeremiah

Sortant peu à peu des vapes, son nez, au travers des fragrances immondes du sang et du chloroforme, distingua une odeur familière. Il ouvrit un oeil qui découvrit une moquette qu'il était persuadé d'avoir déjà foulé.
Où suis-je...?, tenta-t-il désespérément de se questionner.

Il lui fallut au moins dix bonnes minutes avant que cela ne lui revienne grâce à ce qu'il entendait et voyait. Les meubles simples, la couleur des murs, l'eau de la douche à sa gauche... L'hôtel. Il était dans l'hôtel où il avait séjourné lors de ses premiers pas dans la puissance américaine.
Son corps entravé et douloureux ainsi que sa gorge totalement en feux à cause du solvant inhalé lui rappela de force la situation. Il fallait agir avant que celui ou celle qui se trouvait dans la salle de bain adjacente n'arrive.
Maintenant... Qu'est ce que je fais ici ?, se dit-il en vu de récapituler la situation pour ensuite échafauder un plan.
Une image s'imposa dans son esprit, une jeune femme qui lui plaquait un mouchoir sur le visage dans le reflet d'une glace. C'était ce qu'il avait aperçu avant de s'évanouir. Malheureusement l'instant avait été tellement rapide que l'inconnue avait un visage floue dans ce souvenir.
Je me suis fais enlever. La honte pour un soldat... Je vais encore me faire appeler Blanc Bec...
Si je m'en sors.
Oui.
Alors il faut se grouiller.
Fais un plan Jeremiah !
Tous ses souvenirs et les plans qu'il avait fait de l'hôtel pour s'entrainer lui revinrent en tête. Au peu qu'il voyait par la fenêtre dû à sa position assise, il savait qu'il était au second étage. Jeremiah apercevait également le lampadaire du parking. Il se trouvait alors au dessus des appartements du propriétaire... Ce n'était pas une information à négliger.

Le jeune homme fit repasser en boucle toutes les planques possibles pour parvenir aux étages inférieurs sans être touché par une arme à feu si la jeune femme en avait une...
Maintenant, lève toi et dégage. Elle ne va pas tarder, l'eau est coupée.
Il tenta de se lever mais ses pieds étaient entravés et ses mains menottées à un pied du lit qui lui, était cloué au sol afin que les clients ne le bouge pas.
Un vent de panique s'infiltra en lui, il ne pourrait jamais se dégager ! Ce n'était pas de la ficelle ou du scotch comme dans les mauvaises séries policières mais du fer, des chaines et des menottes qui entravaient mains, bras et jambes.

Tout en tentant de se calmer alors que dans son dos coulait une sueur froide, Jeremiah eut une nouvelle idée qui lui ferait probablement honte mais mourir n'était pas dans ses intentions, tout comme devenir la propriété d'un pervers ou se faire vendre sur le marché noir pour ses organes. Il s'attendait à tout depuis qu'il avait lutté contre la Russie en tant que soldat français puis américain mais son intuition lui suggérait que cela avait un rapport avec le meurtre de Fort Meade...

Sa décision fut tout simplement de hurler 'à l'aide' pour avertir le gérant qui était un homme si froussard qu'il appellerait directement les forces de l'ordre. Autant profiter de ce qu'avait omis sa geôlière, le bâillon.

Au moment où il ouvrit la bouche pour crier de toutes ses forces, les poumons remplis d'air, et se sentant prêt à tout pour vivre, un étaux serra brusquement sa gorge, empêchant le moindre son de jaillir de ses lèvres entrouvertes. Ses yeux s'écarquillèrent et la pression exercée sur sa gorge devint plus forte. La sensation était tout simplement horrible. Jeremiah savait que rien ne le touchait actuellement, que c'était l'oeuvre du médium meurtrier mais qu'en plus il allait mourir. La panique l'empêchait de garder ses réserves d'air prises lors de l'inspiration comme toute personne sensée et ne connaissant pas la peur qui le dévorait à l'instant.

Dans un premier temps il se débattit tandis que son teint devenait rouge et qu'une veine commençait à saillir sur chacune de ses tempes. Mais constatant que sa bataille était inutile, il tenta juste de rester en vie et donc de tenir en apnée en ignorant la douleur de sa gorge comprimée.
Il semblait pourtant vain d'attendre car rapidement il manqua d'air et se mit à convulser. Son visage devenait bleu et les mains invisibles qui l'étranglaient appuyèrent de plus belle sur son cou. Le soldat avait l'impression qu'elles auraient presque pu lui casser la nuque d'une simple pression en plus. En fait... La douleur était telle qu'il venait à souhaiter que cela se termine ainsi car autant mourir vite que de sentir l'agonie comme maintenant...
Ses yeux tournèrent dans leur orbite, laissant voir plus de blanc que d'iris alors que son corps était pris de spasmes très violents, arrivant quasiment à bout de sa résistance.

Alors qu'il se sentait partir malgré la lutte pour la vie qu'il menait, un coup dans le ventre qui lui prodigua une douleur immense le fit revenir à lui un instant et Jeremiah pu voir la médium à l'origine de tout cela...
Quel idiot !, hurla-t-il en lui même en voulant arracher ces mains invisibles qui le tuaient. Mais de nouveau son esprit commençait à se détacher de son corps et le froid prenait possession de lui...

Liberté. Les spasmes cessèrent et son corps s'affaissa inerte sur la moquette du motel. La jeune femme le toisa, fichée sur une chaise, un poignard souillé de sang à la main.
Le spectacle qu'offrait le soldat fit apparaître un sourire dur sur son visage. Ses yeux restés ouverts étaient injectés de sang et son minois violet. De sa bouche s'écoulait du sang et son cou avait la peau si blanche qu'il était déjà marqué d'ecchymoses. Son corps pourtant vif et musclé semblait faible et dompté. D'ailleurs, une plaie au ventre laissait échapper son liquide vital que la moquette ne pouvait même plus absorber tant il y en avait.
La médium soupira, essuya le bout de son escarpin éclaboussé par le sang et marmonna :

- Ça n'a pas été simple de te calmer, blanc bec.

Jeremiah, pas aussi mort que le pensait son agresseur, sentait avec bonheur l'air s'engouffrer dans ses poumons mais apercevait, horrifié, le sang dans lequel il baignait... Son sang.
Son impuissance l'aurait fait hurler si il n'avait pas été dans une situation si catastrophique. Il ne pouvait même pas comprimer la plaie pour faire cesser l'hémorragie.
De plus la colère et la haine qu'il ressentait consumait le peu d'énergie qui lui restait pour luter contre la douleur de son être.

Amanda, salope, songea-t-il avant de s'évanouir dans sa flaque d'hémoglobine.