Chapitre Quatre : On s'habitue à tout

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Si au départ nul ne croyait en la réussite de la « Quête » forcée d'Akane Kayaba, il faut dire que l'instinct de survie a pris le dessus

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Si au départ nul ne croyait en la réussite de la « Quête » forcée d'Akane Kayaba, il faut dire que l'instinct de survie a pris le dessus. Personne ne veut mourir. Surtout que beaucoup des emprisonnés avaient moins de dix-huit ans.

Petit à petit, des clans commencèrent à se former. Une majeure partie des gens voulaient attendre, mais les aguerris, les conquérants, eux, décidèrent bien heureusement d'agir.

Les stats de décès des deux premiers mois étaient spectaculaires. Environ 1 500 morts rien qu'en l'espace de soixante jours.

Je l'ai vu de mes propres yeux, moi, Kurako. Car je sens définitivement que mon autre « moi » m'a quittée. Je souhaite sortir d'ici vivante ; mais il y a plus.

Je veux que chacun de ceux que les agissements criminels de Kayaba ont empêché de vivre soient vengés. Je veux que ceux qui leurs ont survécu, et leurs survivront soient délivrés.

Quand je vois que la résignation, puis la détermination ont pris la place du désespoir, je sens quelque chose renaître dans mon cœur. Peut-être que Kayaba, aussi folle soit-elle, avait compris que les être humains survivent et s'habituent à tout. Que si la moitié meurt, l'autre survit et apprend de leurs erreurs.

C'est cruel, presque sadique. Condamner certains pour que d'autres survivent. De nos jours, nous avons éradiqué ce genre de pensées. Quiconque les aborderait serait mal vu, taxé d'élitiste ou d'injuste.

Mais probablement que Kayaba pensait que c'était la meilleure façon de survivre dans son monde.

Mais son monde parfait est un enfer pour nous. Je ne sais ce qu'elle fait, et d'où elle nous observe ; je sais juste que les humains, où qu'ils soient, sont tous les mêmes.

Dans cette situation, où être le meilleur revient à dominer les autres, comment certains malins (ou ambitieux) pourraient-ils ne pas tenter d'en profiter ?

Au début, la première guilde se nomma d'elle-même « l'Organisation ». Créée au quatrième mois de jeu, elle était puissante, et possédait du pouvoir. La plupart de leurs chefs étaient des joueurs de haut niveau : cependant, leurs aspirations n'étaient pas bonnes pour tout le monde.

Ils se mirent à imposer des taxes à tout ceux restant dans leurs territoires ; à savoir les pauvres personnes n'ayant pas le courage de partir combattre, qui étaient donc très limités en matières d'actions. Il leur était impossible de quitter la ville. Malheureusement, les frais demandés par l'Organisation alourdissaient leurs dépenses, prévues initialement pour la nourriture et le logement.

Comme moi, certain purent échapper à cela. Suffisamment puissants, ils formèrent leurs propres guildes, dont certaines, comme la Ligue de la Lumière, ne tardèrent pas à être reconnues, et à combattre en première ligne les boss les plus redoutables.

Moi, j'ai décidé de n'en rejoindre aucune. Je n'aime pas rencontrer du monde. Je ne crois pas que je serai capable de travailler en groupe.

Nous sommes dans un monde qui nous dépasse totalement. Pour le moment, du moins. Car pour le moment, des centaines de joueurs paralysés par la peur restent terrés dans les villes, vivants sur l'argent leur ayant été accordé au début du jeu. Ils ne peuvent rien faire, à part attendre. Chaque jour, je pense à eux. Chaque jour, je me dis qu'il y a des enfants ici. Des jeunes adolescents de onze ans pour les plus jeunes. Des enfants qui n'ont jamais connu la faim, et qui y sont confrontés à présent. Car dans SAO, la Quête est accompagnée de dizaines d'autres quêtes subalternes, comme se nourrir, se loger, et survivre.

Laquelle, de finir le jeu et survivre est la plus importante des missions ?

Ceux qui ont peur veulent survivre. Absolument. Ils se rangent donc dans de petites guildes ou restent à la ville de Départ.

Les autres veulent être libre, moi je veux que ces enfants abandonnés à eux, ces inconnu au visage empli d'angoisse retrouvent leur chez eux. Je veux que Klein rentre chez lui. Alors, peut-être que je pourrais envisager de lui reparler. De lui faire face, et de m'excuser. D'avoir été si lâche, si stupide, si incompréhensive.

Chaque jour, je repars dans la forêt. Je combats des monstres. Car c'est mon choix. Car je veux me libérer. Et les libérer.

Voire leurs visages déconfits, entendre cette folle de Kayaba réciter sans la moindre émotion son discours, sans tenir compte de ce qu'ils pourraient ressentir, de ce que moi, Klein, ses amis pouvaient ressentir...

Aujourd'hui, j'ai affronté un monstre lézard. J'imagine que si je disais ça en ville, ça n'effraierait personne. On s'est habitués, à présent. Ça fait cependant bien cinq mois.

Et aujourd'hui, j'ai fait une rencontre qui m'a redonné de l'espoir.

Sword Art Online : Shadow GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant