Infinite Worlds

Chapitre 1

Marcus, un grand garçon au physique banal, se releva, essuyant ses mains tachées de sang sur son jean. Prenant un air sûr de lui, il jaugea silencieusement les huit autres personnes qui avaient réussi à traverser la forêt et qui observaient avec effarement l'environnement. Une bourrasque les fit sursauter et ils se regardèrent de nouveau, personne n'osant parler. Marcus en connaissait la plupart, ayant été à l'école avec certains. Il n'en était pas pour autant très proche et avait même oublié le prénom d'une ou deux personnes. Certains lui étaient pourtant inconnus mais il s'en fichait éperdument, ce n'était guère ce dont il se préoccupait pour le moment. Prenant un air faussement agacé, il se plaça au milieu du groupe et déclara d'une voix assurée.

- Bon, commença-t-il essayant le plus de paraître sûr de lui, personne ne panique. D'accord... il y a de quoi mais si on commence à avoir peur, on risque de ne pas s'en sortir, vous me suivez ?

Certains se tournèrent vers lui tandis que d'autres, trop effrayés ou n'ayant pas réalisé ce qu'il venait de se passer, n'osaient faire un mouvement. Marcus soupira longuement en remarquant qu'il ne suscitait pas l'attention de tout le monde.

- Ecoutez-moi tous, bon sang ! rétorqua-t-il, presque agressif, vous voulez tous mourir ou comment ça se passe ? J'essaie de vous rassurer et vous m'ignorez ?

Il resta silencieux un moment avant de passer la main dans ses cheveux et d'adresser un sourire éclatant à ce qu'il considérait comme son public. Tous avaient la peau assombrie par la terre et la poussière, coupés par les branches ou éraflés par leur atterrissage brutal sur le goudron. La peur se lisait dans leurs yeux et une fille, Lexie, au fond du groupe, tremblait tellement qu'elle se laissa tomber sur le sol, renonçant à essayer de tenir debout. Ils commençaient tous à reprendre peu à peu leurs respirations désormais brûlantes, aspirant l'air frais de l'endroit.

- Parce que, entre nous, sans moi vous n'allez pas tenir longtemps, lâcha Marcus d'un ton sérieux.

Remarquant avec satisfaction que les regards étaient désormais tournés vers lui, il se redressa, bombant le torse. Avant même d'arriver dans la forêt, Marcus avait toujours adoré commander et être au centre de l'attention. C'était presque maladif chez lui. Il était capable de tout pour arriver à ses fins.

Le groupe était comme séparé, personne ne voulait se mélanger aux autres. Une métisse aux cheveux rouges, Ava, se mit à l'écart, une veste militaire sur le dos et le toisa froidement, suivie de près par une asiatique aux cheveux coupés assez courts, Nora, avec l'air de ne pas croire le jeune homme. Marcus ne prêta guère attention aux deux filles qui venaient de passer devant lui, ne pensant pas qu'elles puissent changer quoi que ce soit. Il garda son air confiant et s'adressa aux autres qui semblaient l'écouter.

- Bon, maintenant que j'ai votre attention, je vais pouvoir commencer. Nous venons d'atterrir ici, et il faut avouer que nous n'avons clairement aucun repaire, personne, autre que nous, à qui l'on pourrait se fier. Je vous propose donc de me laisser vous guider, je serai comme votre chef si vous voulez... Ou un de vos chefs.

Il n'en pensait évidemment pas un traître mot. Pour Marcus, cet endroit était un peu comme une opportunité, il allait pouvoir diriger ces gens, être un peu vu comme le « sauveur«. Et rien que cette idée le satisfaisait complètement. Il voulait avoir la reconnaissance qu'il avait toujours estimé mériter. Il n'était pas non plus confiant à cent pour-cent, ayant tout de même quelques craintes sur ce monde. Il restait après tout un humain. Mais il n'allait en aucun cas le montrer, au risque de ruiner son image.

- Vous pouvez totalement me faire confiance. Je vous promets de trouver une solution et de tous vous ramener chez nous ! Donc qui est avec moi ? Qui est prêt à me suivre ?

Ils paraissaient tous très hésitants, perdus et sûrement pas prêts à entreprendre quoi que ce soit. Ils ne connaissaient d'ailleurs pas vraiment ce "Marcus". Disait-il la vérité ? Pouvaient-ils lui faire confiance ? Ils n'en avaient clairement aucune idée mais devaient se décider malgré tout. Le danger était toujours aussi proche et s'ils ne se dépêchaient pas, ils risquaient de terminer comme les autres membres de leur classe.