chapitre 53

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Une boule de colère me monte à la gorge. L'évidence me frappe. Notre relation est basée sur un mensonge, une trahison dans laquelle je me suis jetée dedans à corps perdu. Je ne me suis jamais réellement méfiée de lui, je savais qu'il me cachait des choses mais ça n'a pas empêché mon amour pour lui de se développer davantage. Il m'a menti depuis le début pour assurer sa protection. Comment a-t-il pu jouer avec mes sentiments de la sorte ?

Intérieurement, je m'efforce à reprendre mon calme, bien qu'à l'intérieur de moi, mon organisme explose. J'ai désormais retrouvé l'usage de la parole.

- Je n'aurai jamais pensé que quelqu'un puisse m'aimer. Regarde-moi, je suis absolument détestable. Aujourd'hui, des personnes m'aiment et... c'est une cadeau inestimable que j'essaye désespérément de préserver. Je ne suis pas la meilleure des amies, ni la sœur la plus facile et aimante mais j'essaye de m'en sortir comme je peux.

J'ai abandonné ma fierté à Cannes. Je veux lui jeter tout ce que je ressens au visage, malgré que je sois pathétique. Mais je m'en fiche.

- Et toi, je souffle en fixant intensément l'horizon, toi tu as joué avec ça. Tu m'as fait t'aimer pour ensuite m'annoncer que tout ça n'était que pour ta putain de protection ?! Je commence sévèrement à hausser le ton tout en serrent les dents.

Je me tourne vers lui, il me regarde d'un air désolé, les yeux brillants. Je vois qu'il essaye de placer une phrase mais je l'en empêche en levant l'index afin de le faire taire et reprend la parole :

- Tu dois penser que je suis pathétique à attacher autant d'importance à une amourette, mais pourtant c'est le cas. Étant petite, je n'ai jamais reçu l'amour qu'une enfant devrait recevoir. Ma mère m'a abandonné en disant à moi et mon frère qu'elle reviendrait nous chercher. Devine quoi ? Je ne l'ai jamais revue. Elle nous a laissé entre les griffes du connard qui me sert de géniteur. Toi, tu m'as donné la véritable impression d'être importante à tes yeux. Ta façon de me regarder me faisant du bien. Et tu as tout gâché... Je te déteste, Carter ! Je hurle un bon coup avant de terminer ma phrase.

Une larme de rage roule sur ma joue. Je l'essuie du dos de la main et baisse la tête. Mes émotions se bousculent et je ne sais même pas ce qui pourrait me calmer. Je suis bien trop en colère et brisée pour me soigner. Je sens sa main se poser doucement sur ma joue, je la repousse vivement. Il réplique en encadrant mon visage de ses mains pour me forcer à le regarder, et je ne me débats pas. Ses iris verts expriment de la douleur.

- Le problème est justement là, Chanel. Je suis tombé amoureux de toi. Je t'en supplie, crois-moi.

Ses yeux sont toujours emplis de larmes suite à l'évocation de sa mère mais je doute que s'ils sont encore humides, ce soit pour la même raison. Il libère mon visage mais je ne bouge pas. Est-ce vrai ce qu'il raconte ? Je doute. Mon cœur se serre et je commence sérieusement à me demander comment fait-il pour supporter tous ces chocs émotionnels.

- Au début, j'en rajoutai. Je voulais te faire croire que j'étais jaloux pour que tu me tombes dans les bras, je ne savais pas que tu étais aussi coriace que ça. En fait, je te détestais pour ce que tu avais fait à Jordan. C'était un type bien. Mais j'ai fini par t'aimer. Ce n'est pas une amourette. Je t'aime profondément, Chanel.

Une autre larme déferle sur ma joue. Cette fois-ci, je la laisse couler. Il entrelace sa main droite à la mienne, je me laisse faire. Étrangement, son contact me réconforte et me protège, alors que c'est lui qui piétine mon cœur. J'ai de nouveau perdu l'usage de la parole. Je crois que ce phénomène ce produit à chaque fois que Dylan m'avoue la profondeur de ses sentiments pour moi. Ça me chamboule.

- Vanessa t'a sûrement raconté mais je savais que tu aimais les motos. D'ailleurs je sais tout sur toi et ta famille. Mon père a fait des recherches. Lorsque nous sommes allé au centre commercial et que tu m'as allumé, après j'étais en colère et frustré de ne pas avoir gardé le contrôle sur la situation. Quand nous nous sommes retrouvés tous les deux dans la cabine d'essayage, j'ai vraiment ressenti un truc. Je l'ignorais, c'est tout. Il fallait que je reste concentré sur ma mission.

Il me fait signe de s'assoir sur ses genoux, je m'exécute en essayant ma larme au passage. J'enfouis ma tête dans son cou en enroule mes bras dans son dos. Lui, m'entoure fermement par la taille comme si j'allais m'enfuir.

- J'ai compris que je t'aimais après que je t'ai trouvé avec Jordan. Je ne supportais pas de te voir avec lui. D'autant plus qu'il allait gagner le pari et donc avoir tous les droits sur toi. Mon père m'avait bien dit que je n'avais aucun droit à l'erreur. J'avais une semaine pour... m'infiltrer dans ta famille.

Il marque une courte pause et poursuit :

- Plus le temps passait, plus cette mission s'effaçait de mon esprit. Mais mon père me rappelait sans cesse mon objectif. Lorsque je suis rentré la tête déformée, je m'étais battu avec Jordan parce que concrètement, il avait gagné le pari, tu avais couché avec le premier jour de la rentrée. Mais je refusais de perdre, je n'en avais pas le droit. C'est pour ça que nous nous sommes battus. Lui non plus ne voulait pas perdre.

- Si je suis parti ces cinq derniers jours et que je t'ai laissé un flingue, c'est parce que tu étais en danger. Tu te rappelles quand je t'ai dit que mon père détruirait ceux que j'aime, et bien il a vu l'importance que je t'accordais alors il a voulu t'éliminer.

Je le sens trembler contre mon corps. Mon cœur se serre davantage et les larmes déferlent sur mon visage. J'ai soudainement peur. Il est prisonnier de son père qui voulait me tuer... c'est horrible. Je tremble à mon tour. Toute cette histoire abracadabrante est trop dure à supporter.

- Donc je l'ai enfermé dans la cave pendant ces cinq jours. Je voulais le tuer... mais à la place, je l'ai juste torturé et effacé les preuves du meurtre de l'usurier. C'est avec ça qu'il me tenait, Chanel. Il avait une vidéo où on me voyait... faire ça. Je l'ai effacée et je suis libre, maintenant. Il ne te fera jamais de mal, Chanel.

Il me serre davantage, comme si sa vie en dépendait. À tel point que j'en ai des difficultés à respirer.

- Comment sais-tu qu'il ne reviendra pas, Dylan ? Dis-je d'une voix faible. Je suis même surprise d'avoir trouvé la force de sortir cette phrase.

- Il s'est fait arrêté. Dans la cave, je l'ai forcé à dire la vérité et je l'ai filmé, sa voix une intonation beaucoup plus joyeuse.

Je le demande d'où il peut tirer cette force. Moi, je n'en ai plus aucune. Je suis vidée, lessivée.

Il prend ma tête entre ses mains et la pousse de façon à ce que nos fronts se touchent. Il ne sanglote plus, il sourit.

- Qu'est ce que tu vas faire, maintenant ? Je demande en puisant dans mes forces vocales et psychologiques restantes.

- Je n'ai pas encore dix huit ans, alors je me demandais si tes parents voudraient bien être ma famille d'accueil pendant deux mois.

Waou.

Hey you ! 😜

Alors, pendant la relecture de ce chapitre, j'ai remarqué que je balance toutes les informations d'un coup et que c'est peut être un peu dur pour comprendre, non ?

En tout cas, si c'est le cas je suis désolée mais je ne voyais pas comment je pouvais faire autrement. Je ne suis pas très fière de ce chapitre mais j'espère qu'il vous plaira quand même 😊

Bisousssss 💖💖

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