Entre le Ballon Et La Cage

Trop de questions.

Je me levais ce matin avec une drôle d'impression. Je m'habillais, tout en vérifiant les réseaux sociaux. J'étais de très bonne humeur et je savais qu'à l'heure qu'il était, les garçons devaient déjà être sur le terrain. Je descendis les étages rapidement, dans le but d'aller courir : mais arrivée en bas, dans le hall, attendaient Maud, Théo, et la maman d'Antoine. Je restais sous le choc, puis Maud me fit signe de m'approcher. Je lui fis un grand sourire, puis elle secoua le bras de sa maman pour me montrer. Théo me fit un tcheck, puis Maud me prit dans ses bras. Isabelle, elle, me jugea du regard pendant plusieurs secondes, avant que je ne lui serre la main. C'était quand même la mère de mon boss, je n'allais pas lui claquer la bise au milieu du hall d'un hôtel en plein Amsterdam.

- Bonjour à vous, je vais vous chercher vos clefs, ne bougez pas !

Je me pressais au comptoir, puis je fis un grand sourire au jeune homme derrière le comptoir, près des clefs. Il s'approcha de moi tout de suite, abandonnant les autres à son supérieur. Il se pencha pour me parler dans un anglais assez approximatif.

- Que puis-je pour vous mademoiselle ?

Je lui souris, puis je répondis simplement.

- J'ai rajouté une réservation au nom de Griezmann hier soir, pour trois personnes. Je peux avoir les clefs s'il vous plaît ?

J'avais articulé parfaitement mon anglais pour ne pas qu'il rate un mot ou se perde dans le sens de ma phrase. Il hocha la tête et me donna la clef de la chambre. Ce n'était pas une suite de palace, mais une chambre assez grande avec deux "chambres" et un espace salon. Je fis signe à Maud de me suivre pendant que j'appelais l'ascenseur. Je les laissais rentrer et passais en dernier, puis appuyais sur le bouton. Le silence qui planait dans l'espace exigu était plus que gênant. Puis Théo coupa ce froid glacial d'un :

- Tu allais courir Gemma ? C'est pas ta tenue habituelle ça.

Je me tournais pour lui faire face, et lui faire un sourire avant de répondre.

- Exact, je ne vous attendais pas aussi tôt, Antoine ne m'avait pas dit que vous alliez arriver ce matin.

Je leur souris à tous les trois, mais Isabelle était assez distante et froide, c'était étrange. Qu'avais - je fais ? Je sentis l'ascenseur s'arrêter et je sortis devant eux pour leur montrer la chambre. Je leur ouvris la porte, puis je fus moi même surprise par l'espace que je voyais : c'était grand, lumineux, moderne. Je donnais la clef à Maud.

- Je vais vous laisser vous installer, et je vais aller courir. Si vous avez besoin de quelque chose, appelez moi, j'ai mon portable.

Maud lâcha un "ok poulette" de là ou elle était, et je sortis. Cette tension entre Isabelle et moi m'avait fait beaucoup de mal : qu'avais je fais pour avoir droit à une distance pareille ? Peut être que je me faisais des idées, mais là je voyais bien que quelque chose n'allait pas. Le papa d'Antoine devait arriver d'ici peu, vu que c'était l'agent de celui ci. Je conversais souvent par mails avec lui pour le travail. Je repris l'ascenseur et je sortis dans la rue. Je n'étais pas beaucoup habillée, et il faisait très très froid. Je me mis à courir tout de suite pour couper ce froid cinglant. Je courais dans les rues et mon souffle faisait un nuage devant ma bouche à chaque expiration. Au bout d'une bonne demi heure, je n'en pouvais plus : je pris le chemin du retour. Je n'avais pas de messages, rien. Quelques notifications Instagram suite à mon post très tôt, une photo de la fenêtre de ma chambre, avec les lumières et le brouillard, ainsi que le soleil qui se levait. Je passais la porte de l'hôtel frigorifiée. Je demandais mes clefs et je montais dans l'ascenseur, puis arrivée dans ma chambre j'ouvris l'eau brûlante pour finir par me glisser dessous. A peine m'étais - je glissée sous l'eau que j'entendis mon portable sonner. C'était un appel. Je sortis de l'eau et je décrochais et passais directement sur haut parleur.