CHAPITRE II

2.2K 324 139
                                    

Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis l'annonce de mon futur petit frère.Je me suis faite à l'idée que cet enfant serait un garçon pour me rassurer. Les femmes du village étaient au courant et attendaient impatiemment sa venue. Ce n'était qu'un sujet de plus dans leur ronde durant le thé de seize heure chez l'une d'elles. Une ronde où tout les ragots du village circulaient même les plus farfelues, je n'y ai jamais assisté, il faudra que j'essaye un jour c'est seulement ma mère qui y allait parfois pour prendre le thé mais seulement parce que son amie l'obligeait. Elle n'aimait pas cette ambiance entre hypocrite, ma mère a toujours été honnête et droite, elle n'était pas comme elles. Pour tout vous dire, elle les de loin la meilleure femme, maman et épouse car ma mère c'est bien la meilleure ! Elle est tellement forte... Mais l'heure approchait, le bébé voulait montrer le bout de son nez, ma mère souffrait elle ne voulait pas que ce moment arrive mais un soir, les femmes se sont rassemblées comme à chaque naissance et ainsi, la sage femme du village était déjà prête pour le travail.

Je ne pouvais pas être le soutien de ma mère, il ne fallait que personne ne me voit. C'était les mêmes femmes au jour de ma naissance et après avoir annoncé que j'étais une fille, elles se sont faite à l'idée que mon père me tuerait sur le champ. En effet, elles ignorent mon existence et d'ailleurs c'est mieux comme ça. Quant à ma mère, elle se battait contre elle-même pour ne pas accoucher, c'est étrange, c'est ce que vous vous dîtes sûrement mais elle n'était pas heureuse de mettre un enfant au monde, elle ne le voulait pas. Elle pleurait, épuisée,elle a finit par lâcher prise et c'est ainsi qu'un enfant est venu au monde un soir d'hiver à Kaboul. On entendit dans toute la maison des petits cris et c'était bien des pleurs d'enfant mais on n'entendit plus ma mère, ni la sage femme, ni les femmes devant la porte, non seulement des pleurs d'enfant. Daoud était derrière ces femmes malgré que mon père lui avait interdit d'assister puis on entendit un cris aiguë, renfermant toute la tristesse du monde, le désespoir et le remord. C'était le cris de ma mère, cela m'a fendu le cœur, ce cris-là voulait tout dire... C'était une fille. Même si mon père était parti faire une course, cette petite fille ne restera pas en vie bien longtemps, elle n'aura pas ma chance malheureusement et même si je ne la vois pas et je ne peux pas la toucher et bien elle me manque déjà... Car si nous avions été dans un autre État plus tolérant, j'aurai pu avoir une petite sœur avec qui jouer...


«- Il faut la tuer avant le retour de mon mari. » annonce ma mère.

Elle avait cessé de pleurer et elle était bien consciente de l'horrible parole qu'elle venait de prononcer.

Pourtant, elle ne pouvait pas tuer sa propre fille, elle avait un cœur. Les femmes sont parties depuis déjà presque un quart d'heure hormis la sage femme qui essayait de venir en aide à ma mère.
Malheureusement,le crime qui allait se produire dans cette maison, me marquera à vie.
Ma mère appela Daoud qui arrive aussitôt, je m'avance un peu pour pouvoir voir ma mère puisque ma chambre était en face de la sienne. Elle est en larme, elle est désespérée et triste. Ce qu'elle fit dans l'instant me surpris, elle tend le nouveau né à Daoud.


« - Mon fils pardonne-moi, Ya Allah, pardonne-moi. Daoud tue-la.
- Maman non je ne peux pas faire ça !
- Fais-le ! Fais-le, sinon c'est ton père qui la tuera, s'il te plaît...
- Maman, dit-il en pleurant.
- Tu l'emmènera à la rivière et tu la mettra sous l'eau, jusqu'à qu'elle se noie... Va-t-en... »


Daoud partit alors en courant, quelques larmes coulaient sur ses joues.Comment pouvait-on accordé untel crime à un si jeune enfant ? Il n'avait pas l'âge d'être un meurtrier, Daoud est tellement sensible, encore une fille de plus disparus à Kaboul et personne ne le saura jamais. Je ne dors plus depuis, je ne saurai vous dire si c'est du chagrin, de la dépression ou bien de l'angoisse mais cette nuit-là, je ne l'oublierai jamais.
Lorsque mon père rentra de sa petite escapade nocturne,il se demanda ce que la sage femme faisait là et surtout où était passé son nouvel enfant. Puis, ma mère, muette, se contentait de fixer le sol de ses yeux fatigués et humides. Il n'était pas dupe et avait compris qu'elle s'en était débarrassé, puis sans la moindre compassion, il s'en alla manger le dîner qu'il avait raté.
Je n'ai cessé de pleurer comme si je ressentais la douleur de cette petite, c'est comme si on me noyait dans un feu où tout en moi brûlait, je souffrais intérieurement sans même pouvoir extérioriser une once de sentiments, je n'y avais pas le droit, eux si, c'était la vie que je menais, jusqu'au jour où mon père me mari.


Hûrria | PERLE AFGHANE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant