Unknowns

Chapitre 9: Lauren Jauregui (réécrit)

Je suis arrivée à la petite plage depuis une dizaine de minutes déjà. Je me suis assise près des vagues afin de les regarder faire leur chemin jusqu'à moi. J'ai juste passé mon temps à les regarder, c'est toujours difficile de vider son esprit, mais c'est aussi tellement plus simple de s'occuper les pensées en fixant un point.

_Tu vas attraper froid.

Je hausse les épaules et laisse mon regard errer devant moi, je ne prends pas la peine de regarder la jeune femme qui s'assoit à mes côtés, peut-être parce que je ne veux pas vraiment faire face à une réalité dans laquelle Lauren Jauregui est à côté de moi.

_Tu es venue..., je constate dans un murmure.

_Bien sûr, pourquoi je ne l'aurais pas fait ?

_Parce que tu es toi.

_Ça ne change strictement rien.

Je hausse à nouveau les épaules ne sachant pas quoi répondre ou penser de cela.

On reste silencieuse durant de longues minutes à juste regarder la lune se refléter sur la mer. Du coin de l'œil je peux la voir enlever sa veste, elle la garde quelques secondes dans ses mains avant de la poser délicatement sur mes épaules tout en étant un peu hésitante. Je ne montre aucune réaction suite à son geste malgré que je sois touchée par l'attention.

_Tu vas vraiment attraper froid, elle me prévient et j'hausse à nouveau les épaules.

Je peux sentir son regard insistant sur moi, je souffle longuement afin de lui montrer mon agacement et mets sa veste puis l'attache.

_Contente ? Je grince.

_Oui.

Elle reporte son attention sur la vue devant nous et j'en fait de même. Un autre moment silencieux s'impose entre nous. Je ne sais pas pourquoi je suis si silencieuse, je suppose que je veux juste profiter de ce moment de liberté.

_Tu sais, il n'y a que ma famille et mes amis qui me connaissent vraiment. Il n'y a qu'avec eux que je peux vraiment être Lauren sans avoir peur que des choses soient divulguées dans la presse le lendemain, elle raconte et c'est à ce moment précis que je décide de tourner la tête vers elle, les gens autour de moi sont tellement faux et ça me fatigue à un point inimaginable. C'est tellement fatiguant de devoir faire attention à tout et de ne pas bénéficier d'une vie privée et je suis vraiment désolée de t'avoir menti en quelque sorte, mais je ne regrette pas, elle dit tout en ayant la tête baissée.

Je serre mes bras contre ma poitrine, appréciant particulière la chaleur de la veste et l'odeur que celle-ci dégage, je me rappelle à quel point je voulais connaître son odeur et maintenant je la sens, elle à cette odeur rafraîchissante qui est un mélange de fruits et de noix de coco. C'est assez difficile de mettre un mot sur une odeur, mais c'est ce à quoi elle se rapproche le plus.

_Ce que je ne comprends pas, c'est, pourquoi moi ?

_Parce que j'aime ce côté idiot et drôle de toi. Alors que tu es aussi tellement intelligente. Et j'aime aussi ta perception des choses et comment tu peux être si passionnée quand tu parles de quelque chose que tu aimes. J'aime ton côté protecteur quand il s'agit de ta sœur, néanmoins j'aime aussi quand tu te tournes vers moi quand tes insécurités prennent le dessus. Toutefois ce que j'aime le plus dans ta personne, c'est qu'avec toi je n'ai pas besoin d'être quelqu'un d'autre. Ça peut paraître stupide, mais j'apprécie énormément une simple discussion sur les nouveaux films au cinéma parce que c'est devenu tellement rare dans ma vie, elle m'explique calmement.

_Et maintenant que je sais ?

_Je continue à penser que tu peux passer au-dessus de tout cela et continuer à agir normalement avec moi.

Je hoche la tête et me tourne de nouveau vers Lauren. Elle est tellement plus belle quand on est si près d'elle.

_Je crois que tu ne te rends pas compte d'à quel point tu es une personne fantastique, magnifique, merveilleuse, peu importe quel est le mot, elle me dit une fois qu'elle a ancrée son regard dans le mien.

Je rougis légèrement à ses mots, avec un peu de chance elle ne peut pas le remarquer étant dans la nuit noire.

_Sache que j'ai été sincère depuis le début. Avec toi j'étais juste Lauren et non Lauren Jauregui, elle rajoute et je perçois clairement la sincérité dans ses orbes émeraudes.

_Même avec le flirt ?

Elle hoche la tête en rigolant et je souris à cette scène. Son rire est un des meilleurs sons à entendre dans une journée.

_Même avec le flirt surtout maintenant que je sais à quoi tu ressembles, elle rigole en baissant son regard sur mon corps.

_Tu recommences ! Je m'exclame en lui donnant une petite tape sur l'épaule.

_C'est plus fort que moi !

Nos rires s'estompent nous laissant dans un silence sans tension ou gêne. En quelques minutes elle a réussie à me mettre à l'aise et durant quelques secondes j'ai eu l'impression de parler avec elle comme quand je n'étais au courant de rien. En fin de compte c'est peut-être moi qui me prends trop la tête, peut-être qu'elle a raison.

_Maintenant dit moi pourquoi on est là, elle me demande d'une voix calme sûrement pour ne pas me brusquer.

La réalité me frappe soudainement. J'avais oublié la raison de ma véritable présence ici, j'aurais aimé rester dans l'oubli. Or je me rappelle aussi que si je lui ai demandé de venir c'est parce que j'ai besoin d'en parler et bizarrement j'ai une certaine confiance en elle. Pourtant je suis encore un peu bloqué par sa nouvelle identité.

_Est-ce que je peux te le dire par message ? C'est juste, je ne sais pas, c'est plus simple, tu vois ?

_C'est bon Camila. Ça ne me pose pas de problèmes, Vas-y, elle rigole légèrement.

La manière dont le "l" roule sur sa langue quand elle prononce mon prénom répand une certaine chaleur en moi que j'apprécie particulièrement. Je pousse cette pensée le plus loin possible, elle n'a pas raison d'être.

Je sors mon téléphone afin d'écrire ledit message, ça me donne une certaine sécurité que j'ai perdu ces derniers temps.

✉️ 9:03 pm: Mon père est parti il y a 3 ans sans nous dire pourquoi et où et aujourd'hui il est rentré et ils agissent tous comme si c'était la chose la plus normale.

Du coin de l'œil je peux la voir prendre son téléphone en main et lire mon message fraîchement envoyé, mais je n'y prête pas attention.

_Comment tu te sens par rapport à ça ?

_Je ne veux pas de lui, on s'en sortait très bien. Il ne peut pas revenir comme ça en pensant qu'on ne lui en veut pas !

_Tu devrais en parler avec tes parents et sans hausser le ton ! Elle rajoute en tapotant son doigt sur mon nez ce qui me pousse à le plisser.

_Mais je ne veux pas en discuter je ne veux pas de lui, je marmonne.

_Pense-y au moins, pense à ta mère comment ce serait plus simple pour elle d'avoir un père à la maison, que ce soit pour élever ta petite sœur, pour les factures et tout ce qui va avec.

Je culpabilise un peu en me rappelant à quel point je me suis emportée envers ma mère, cette femme si forte que j'admire depuis longtemps. Or elle semble l'avoir accueilli si facilement après tout ce qu'on a traversé par sa faute. Comme si elle avait tout oublié, toute la galère qu'on a traversée, pas moi. Je n'oublierai jamais. Et c'est ce que je lui reproche.

_Je ne sais plus quoi penser, est-ce que ma mère l'a laissé revenir parce qu'elle l'aime ou par besoin ? De toute manière je ressentirais toujours une certaine haine envers lui, je pense à voix haute.

_Voilà pourquoi vous devez discuter, elle me répond.

_Merci, je lui dis dans un sourire sincère.

Elle me rend un énorme sourire en retour et mon cœur ne peut s'empêcher de rater un battement à cette vue. Suite à cette petite discussion on reste assise appréciant la présence de l'autre en silence.

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