Chapitre 16: A ses risques et périls (CORRIGÉ).

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Les couloirs de l'hôpital sont presque vides, à midi, quand Hailis et moi nous installons sur une des tables dans un coin écarté, à l'opposé de la réception.

Je suis tellement mal à l'aise que je n'ose même pas le regarder en face, tandis que lui consulte son bipeur toutes les trente secondes, comme s'il attendait que quelque chose le délivre de mes futures excuses mielleuses.

"- Je vous écoute, finit-il par me dire, à mi voix, comme s'il avait peur que quelqu'un nous entende. Il tourne sa cuillère dans sa tasse d'un air distrait, et fixe le bois de la table, la porcelaine puis moi, semblant se forcer pour ce dernier regard.

Je me renfonce dans ma chaise, attrapant ma tasse brulante dans mes mains. Tant pis pour les brulures, ça sera un moindre mal comparé à la conversation qu'on s'apprête à avoir, Hailis et moi.

- Je m'excuse, finis-je par souffler, le regard fuyant.

Un silence nous enveloppe; je regarde Hailis et sens qu'il attend plus; des explications, peut-être? Explications que je sais se trouver au fond de moi, mais que je refuse de sortir au grand jour. "- Je m'excuse de vous avoir dit ce que je vous ai dit et..."

Ma phrase reste en suspend, et en croisant le regard doré d'Hailis, mon cœur se soulève, alors je prends une grande inspiration et me penche devant ma tasse pour en boire une grande gorgée, malgré la température de la boisson.

- ... Je sais que tout mes propos étaient déplacés, depuis le début, j'aurais pas dû mener ce... Jeu aussi loin. Vous mettre dans une situation embarrassante."

Il ne dit rien, reste à me regarder, de l'autre côté de la table, et j'ai l'impression qu'un millier de kilomètres nous sépare; j'ai l'impression qu'il me manque, mais je ne sais même pas pourquoi; pour que quelqu'un vous manque il vous faut une sorte d'attachement, et ce que m'a dit Galem ce matin ne cesse de voleter dans ma tête, je ne sais même plus quoi penser, quoi dire.

"- ... Si vous appelez ça un jeu..., commence Hailis en se penchant sur la table, le regard sérieux. " Il faut que ça cesse. J'adore m'occuper de vous, Kaitleen. J'adore ça, mais, tout ça, c'est... Déplacé. Je veux simplement m'assurer que..."

Il me regarde pour terminer sa phrase, mais à la place inspire un grand coup, l'air perdu.

L'air perdu ou embarrassé?

- ... Vous voulez vous assurez que je ne recommencerais pas, c'est ça?" Je glisse à mi voix, serrant ma tasse, le corps crispé. Pourtant mon coeur s'affole, mais je ne ressens aucune douleur.

Faites que je tienne encore quelques minutes, je vous en supplie.

- Jamais plus ça ne doit recommencer, je dois pouvoir faire mon travail dans de bonnes conditions, d'accord?

- Je comprends. Je sais juste que si vous continuez à revenir dans ma chambre chaque matin... Je ne vais pas survivre."

Hailis semble analyser cette dernière phrase, ses yeux papillonnant dans les miens, déglutissant, et tout à coup, dans un élan, je scelle mes lèvres contre les siennes, oubliant tout, détruisant cet espace brûlant qui nous sépare.

Ce baiser étrange dure quelques secondes, pendant lesquelles je sens Hailis figé en face de moi; mais il ne décolle pas sa bouche de la mienne, comme si il analysait à toute vitesse si ce geste valait la peine d'être continuer.

Quelques battements de séparation ( TERMINÉE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant