LA PILULE SANS LENDEMAIN

Partie 50

CHAPITRE IX

Malgré la localisation un peu particulière de l'hôtel, sur une double artère très transitée, au réveil nous n'entendions que le pépiement des oiseaux. Certains d'entre eux, genre de pies de couleur jaune, faisaient un raffut du diable dans un cri semblable à un rire moqueur et bruyant.

Rester une semaine de plus me réjouissait, ma nouvelle vie me plaisait. Je me sentais presque chez moi dans ce logis occasionnel si accueillant et chaleureux.

Mon portable sonna.

- Hey Charly. Ouvre-moi. Please.

- Bonjour. J'allais sortir pour prendre mon dej.

- Assieds-toi.

Il poussa un profond soupir, s'installa à côté de moi sur le lit, me sourit, posa ses mains à la fois puissantes et délicates sur mes épaules.

- Charlotte.

« Ça va être ma fête, je n'aime pas le ton de sa voix »

- Si tu sais que tu es sur écoute, pourquoi le publier ? Tu appelles Amandine et tu lui dis que tu avais bu ou fumé, ce que tu veux.

- Tu ne me donnes jamais d'explications.

- Je ne peux pas pour l'instant. Tu exécutes. That's all. Do you get it ? (C'est tout. Tu comprends ?)

Je m'exécutai comme ordonné. Le gros bobard raconté à mon Amie passa comme un fax (Plus personne n'envoie de lettres par la poste, de fax non plus d'ailleurs. Il faudrait penser à changer les expressions et en créer de nouvelles). Il était resté pour vérifier mon mensonge. Il me déposa un baiser sur les lèvres et rajouta.

- Et inutile de me chercher sur Google, tu ne trouveras rien. Merci. Maintenant allons déjeuner.

- J'ai le droit de savoir.

- Moi aussi j'ai été jeune, moi aussi j'ai fait des conneries, allons déjeuner.

Carlos nous servais des petits pains chauds. Il bavardait avec nous, histoire d'être sympathique et laisser le temps passer tranquillement. Les clients n'étaient pas très nombreux. De fait nous étions les seuls depuis une semaine.

- Hier nous étions dans la propriété, d'un ex-ministre de la santé, Nicanor Portillo. Il est avocat et non médecin. C'est bien ça ?

- Il n'est pas avocat légalement. Il a acheté son diplôme, c'est commun par ici. Vous pouvez acheter vos diplômes universitaires. Ou étudier une spécialité en médecine par correspondance. Mais ça c'est rien.

- Ah bon ? m'importe qui peut acheter son diplôme ?

- Oui. Bien sûr ça coûte. Mais l'autre chose est sa maison de campagne est soit disant un hôtel. Toujours complet et sans le moindre client. Vous devriez faire attention tout de même qui vous fréquentez. On n'est même pas sûre qu'il soit argentin.

Nous remercions Carlos de ses bons conseils et partîmes comme prévu peut-être dans la gorge du loup.

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