Partie vingt deux

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Un jour toi et moi, on montera sur un bateau et on disparaitra pour toujours.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Je me sens fragile psychologiquement et sûrement encore très loin d'être en harmonie avec moi-même mais je crois aussi qu'il arrive à un passage de votre existence que certaine personne vous permettent de croiser la lumière. Il me procure cette sensation depuis notre rencontre. Il ne veut de personne dans sa vie et pourtant moi c'est tout ce dont j'ai envie. Être quelqu'un à ses yeux.

— Rappelle-moi pourquoi ils te considèrent comme un monstre déjà ?

— Parce que je ne dis pas tout ce qu'ils veulent entendre ?

Je ressemble à une idiote à sourire de cette façon mais je sais aussi que c'est bon signe finalement. Bon d'être encore capable de le faire même après tout ça.

— Continue alors, je préfère qu'on soient honnêtes.

Nous marchons jusqu'à la voiture plus silencieux
que jamais, certainement plus légers aussi. Mon estomac brûle toujours à cause de cette association poulet-curry et le sien qui visiblement a encore un petit creux.

— Je ne me vois pas comme tu me vois, June. Me dit-il soudainement en garant sa voiture a l'entrée du lotissement.

— Ah oui ? Et d'après toi, je te vois comment ?

Je le regarde perplexe en m'imaginant déjà que cette remarque n'annoncera rien de bon à la suite logique de notre histoire.

— Tu crois certainement qu'il y a quelque chose de positif chez moi mais c'est à ce moment-là que tu te trompes. Ma comparaison ressemble certainement à de la merde mais c'est comme un fruit pourri tu vois ? Il ne redevient jamais bon à la consommation même avec pleins de produits chimiques dessus.

— Beaucoup d'entre eux mangent ce fruit justement. Ils enlèvent juste les mauvais morceaux.

Depuis mon siège, il me semble qu'il sourit.

— Tu vis dans un autre monde, chez moi on rachète un propre à la consommation.

— Tant qu'il n'y a pas des vers dans ta pomme alors ça me va.

Je veux juste une fois qu'il se voit de la même manière que je le regarde. Pas juste un physique, pas juste une bête de foire derrière des projecteurs. Non, je jure qu'il est bien plus que tout ça.

— Garde mon sweat-shirt, il n'est même pas à moi de toute façon.

— Je trouvais qu'il m'allait plutôt bien bizarrement, je commence à comprendre pourquoi.

Il appartient certainement à une femme beaucoup plus mince que moi et ça fait mal. Est-ce que cette histoire date et qu'il le garde dans le coffre de sa voiture juste parce qu'il n'a plus contact avec ? Bien sûr, June on y croit tous.

— Je ne prête pas mes vêtements facilement.

— Radin.

— Soigneux.

Je tente de sourire comme je peux et pourtant quelque chose me comprime douloureusement dans le ventre. Nous ne vivons certainement pas dans le même monde, mais j'aime bien ce garçon, plus que ce que je devrais. Je sors de la voiture en marchant vivement dans notre lotissement, la voiture roule lentement derrière moi et les souvenirs de notre rencontre en boîte de nuit revient à la surface.

— Tu veux vraiment prendre le risque de faire la route seule jusqu'à Midtown East ? Me dit-il en mimant une ancienne de nos conversations.

— Vous êtes un psychopathe, c'est ça ?

Il me sourit d'une insolence sans nom alors que je m'abaisse contre le revêtement de cette fenêtre grande ouverte.

— Vous pouvez me promettre que vous garderai vos mains sur le volant ? J'ai encore assez de voix pour rameuter tout un quartier.

— Je ne peux rien promettre à ce stade.

Il lève une main en signe de faiblesse en immobilisant sa voiture sur une place libre d'un parking. Tout naturellement, il me rejoint dans ma course en m'accompagnant jusqu'à la porte de la maison.

— Ça fait bizarre, non ? Dis-je en tournant doucement la clef dans la serrure.

— Pas plus que depuis deux semaines.

Nous avançons silencieusement dans l'obscurité de la pièce en rejoignant ma chambre. Si quelqu'un nous entends, nous sommes foutus. Je monte les escaliers et ses mains trouvent naturellement une place contre mes reins.

— Toujours aucun goût à ce que je vois.

Jared regarde ma chambre comme la première fois qu'il est venu. Tout ce rose, tout ses choses de filles qu'il ne connaît probablement pas. Des livres, des journaux secrets qu'on recommence à chaque fois et certainement plus de vernis à ongle que dans un institut de beauté.

— Une affiche de Justin Bieber ? Ça me donne la gerbe..

— On est ensemble mais avec tout ce boulot, il est pas trop disponible en ce moment.

Je chuchote comme si ce secret totalement fantasque  pouvait compromettre mes chances. Il rit de plus belle en s'avouant vaincu.

— Merde, je te souhaite bonne chance alors. Ricane-t-il encore avant de mettre l'affiche dos à mon bureau. Dis-moi est-ce qu'il est jaloux d'habitude ?

Je hausse des sourcils en faisant mine d'être totalement dans mon personnage.

— Ouais, ça arrive.. en même temps, il faut le comprendre, c'est pas facile d'être avec une bomba latina.

Je crois que c'est le mot de trop et soudain son rire remplit la pièce sans artifice. Pas de doute, tout le monde veut d'un Jared Collins dans sa vie.

— Tant pis Justin, moi aussi j'ai envie de ta bomba latina.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant