Partie 1 : La poupée de laine

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Prologue N°1

Je ne suis pas un écrivain. Je ne l'ai jamais été et je ne le serais probablement jamais. En réalité, je ne pense pas que l'on puisse s'auto-proclamer écrivain en tous cas, je n'oserais plus. Ca ne signifie pas pour autant que je n'aurais pas aimé.

Bientôt, j'aurais 21 ans, mes examens approchent et je suis en 3e année de droit. J'ai eu tendance à me dire que ce n'étais pas si mal mais plus je le pense, plus cela sonne faux. J'ai eu absolument tout à portée de main, la cuillère en argent et tout le reste. Je n'ai jamais rien fait pour obtenir d'avantage.

Je me définirais par mon manque ahurissant de volonté. Ce n'est pas faute de réellement essayer les premiers jours. C'est dans l'endurance que ça coince et si ça ne m'a jamais particulièrement dérangée, j'en arrive à un point où je suis bloquée. Des notes tout juste suffisantes pour passer en master par manque de travail et aucune idée de la voix à prendre.

Quoi que je choisirais de faire, je sais que ce manque de volonté sera là fera que je ne serais jamais en mesure de me surpasser.

Oui, si vous avez suivi mon monologue jusque là, je risque en effet de très vite stopper ce projet comme tant d'autres, par manque de volonté. Pour autant je tente le coups une énième fois.

Je n'aime rien à mon sujet et les seules choses qui auraient pu faire ma fierté me sont venues de naissance, jusque dans les moindres détails. Cela dit, j'ai bien un petit quelque chose, un journal acheté lors des grands destockages Virgin avant sa fermeture. Un magnifique journal en réalité et c'est ce qui m'a convaincu de commencer à écrire la seule chose qui aurait été susceptible de réellement me plaire à mon sujet, mes rêves.

Mon humour est parfois un peu douteux, les histoires tirées par les cheveux et vous auriez certainement pu trouver un meilleur conteur. Mais me voilà et j'essaierais tant bien que mal de vous rendre cette lecture agréable.

Rêve n°36, 24 février 2014 :

Il était une jeune fille qui travaillait dans sa chambre. Elle vivait dans une petite ville de tout juste quelques centaines d'habitants. Son bureau était pris entre le mur et la porte. Celle-ci avait été montée à l'envers de telle sorte que lorsqu'une personne l'ouvrait, la dite porte tapait contre son bureau. Une lampe éclairait ses cahiers, ses stylos et ses livres de cours. Une lycéenne et au-delà, une anonyme jusqu'au jour où elle vit cette enfant derrière sa porte ouverte. Une petite fille ne devant avoir plus d'une dizaine d'années. Jamais elle ne l'avait vue, elle n'avait rien à faire là et pourtant, dans cette soirée calme elle la regardait travailler. Etrangement, la jeune femme ne posa aucune question alors que l'enfant lui fit signe d'un regard de la suivre. Un unique regard qui la fit se lever de son siège.

Puis la rue, celle du centre ville et le jour intimidant. Le ciel était couvert et sous ses pieds trainait un journal. Elle se pencha pour le ramasser, posant son regard sur la première page « Disparition de la petite Elize ».

Je m'écorchais les yeux sur la photo, forcée de la reconnaître. J'avais vu cette petite fille, je l'avais vue à l'instant dans ma chambre, elle était celle que j'avais suivie mais elle n'était plus là et je n'étais plus là où je devais être non plus. Comment étais-je arrivée aussi loin de chez moi ? Je n'eu pas le temps de me poser d'avantage de question car déjà un officier repérait ma présence, m'interpellant, me demandant de l'accompagner. Ce que je ne savais pas encore, était qu'au verso de cette première page, figurait ma photographie, celle de la première « suspecte », celle qui aurait kidnappé l'enfant et serait recherchée depuis.

Il me fallut attendre d'être arrivée au commissariat pour le comprendre, exposée au cinema de cet officier persuadé de ma culpabilité avant même que mon interrogatoire n'ait commencé. Il me demandait si je connaissais l'enfant, je lui répondais que oui et sautant les étapes, il écrasait son poing sur la table, me demandant ce que j'avais fait du corps. Ma situation aurait pu être désespérée s'il avait eu quelconque preuve contre moi. Je savais que je n'étais pas responsable de cette disparition mais au-delà, cet interrogatoire me faisait prendre conscience d'une autre réalité. Je ne savais pas. Il ne me restait aucun souvenir de sa disparition et plus précisément, aucun souvenir de mon bureau jusqu'au centre ville. Un total de 3 jours dont je n'avais aucun souvenir, où personne ne m'avait vu.

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⏰ Last updated: Apr 23, 2017 ⏰

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