Souvenirs devoilés

14 2 0
                                    

PDV Mélanie
Je réprime un sourire face à la bouille déterminée d'Aurore. Je vis à son regards qu'elle attend une réponse négative. Elle n'attend que ça afin de déballer tous les arguments qu'elle a visiblement emmagasiné depuis à mon avis une bonne heure.
- C'est d'accord

PDV Baptiste
Assise sur mon lit, elle balance ses jambes dans le vide. Elle s'amuse à les lancer le plus loin possible puis ralentit leur vitesse afin d'effleurer le plus doucement possible le bis polit de mon lit. Cette petite soirée entre amis est vraiment une bonne idée. L'ambiance est tranquille, chill. Enfin jusqu'à ce que Maxime entre souriant, soulevant deux bouteilles d'un liquide transparent quoique un peu louche. Je jette un regard circulaire. Aurore tire de longues bougées d'un fin morceau de métal, vautrée contre le torse d'un Diego plus tellement lui-même. Angélique quant à elle, appuyée contre mon épaule, ses yeux argents baissés vers le tapis bleutés dont elle entortillé les brins duveteux autour de ses doigts fins et bancs. Mélanie est assise sur mon lit, ses yeux d'ors ... ah oui, ses yeux sont devenus or lorsque ses pouvoirs se sont révélés. Donc les yeux dans le vague et les jambes ballottantes dans le vide regarde Maxime d'un air impassible. Impossible pour moi de savoir ce qu'elle ressent à cet instant.
Maxime lance les bouteilles à Mélanie qui les rattrape de justesse en poussant un juron et se laisse tomber lourdement à terre, au milieu de notre petite bande. Il ferme la porte et demande joyeusement s'il peut s'inviter à notre petite fête :
- Ce n'est pas comme si tu l'avais déjà fait de toute façon.
- Et bien Baptiste, je vous ferais remarquer que ce n'est point poli de parler de la sorte.
Diego pouffe et Mélanie tente de son mieux de dissimuler le sourire qui éclot sur son visage. On a tous du mal à s'habituer au langage particulier de Maxime.
- Ne vous moquez pas, je parlais comme ça avant et même pire ! S'exclame Aurore.
Je suis tellement surpris que je ne réagis pas, ce qui n'est pas le cas de Mélanie et exprime son étonnement par un petit hoquet de stupeur.
- J'étais pourtant certain que vous veniez des années 2000. Dit Diego pâteusement.
- Et bien il faut croire que vous ne me connaissez pas si bien que ça, ou qu'on ne parle pas assez les uns les autres.
- Tu as raison, j'affirme en me levant, et si on racontait chacun une anecdote ou un souvenir de notre ancienne vie en précisant la date ? Aurore tu commence.
Celle ci souris, amusée, mais commence tout de même son histoire :

- Ça se passe en l'an 1033, sous le règne d'Henri Ier fondateur de la maison des capétiens, dans un petit village de vilains en Septembre. Je venais d'avoir quinze ans et revenais d'une journée de travail et de jeu avec ma cousine et meilleure amie, Aelis. La cloche retentissait pour la première fois lorsque nous arrivâmes en piétonnant au village. Aelis me boutta du coude en ricanant tout bas. Je lui jeta un mauvais regard tout en époussetant mes affublements froisses par la semaille. Abran, un jouvenceau d'une riche famille du village que j'affectionnais particulièrement et que j'allais épousailler, venait d'apparaître à l'autre bout de la petite place. Les joues ardentes, je baissais prestement le regard vers le sol jonché de saletés en tout genre qui salissaient mes chausses et mes bas. La pestpuille m'avait déconfit à mon insu ! Je baissais derechef les yeux et lissais fébrilement ma cotte parme du plat de la main. La main du gent Abran captura délicatement mon poignet et le porta à ses lèvres. Médusée, je ne s'osais bouger, tout autour de nous se figea, nous étions bien. Durant quelques secondes, nous fûmes seuls, les yeux dans les yeux, sans personne pour nous interrompre. Malheureusement ce délicieux moment pris fin avec la cloche zonant la Brune, me rappelant que je devais quérir mon père mander au castel en tant que chef du village. 

- Aww how cute ! Souris Mélanie, À mon tour. Mon souvenir à moi se passe le 11 mai 2016, j'avais tout juste 16 ans et je rentrai d'une horrible journée d'école. La vielle, je m'étais dispute avec ma sœur adorée, Gabrielle, qui a deux ans de plus que moi. Je jetai mon sac dans ma chambre et me précipitais vers la cuisine, en cruel manque de nourriture. Je me stoppai devant la porte, humai l'air et souris, une délicieuse odeur de chocolat flottait dans l'air. J'ouvrais la porte violemment, et hurlai :
    - AHA ! 
Je découvrais ma sœur, sa peau hâlée découverte par une simple tunique écrue, fluide et souple qui découvrait ses clavicules par un col rond enfantin, ses bras musclés après de petites manches translucides et ses cuisses, rondes et fermes que j'avais toujours enviées. Ses pieds étaient enfermes dans d'énormes chaussettes d'un rouge éclatant parsemées de poids bleu, retroussées sur ses chevilles. Son visage habituellement parfaitement apprêté était démaquille et laissait apercevoir des cernes violacées, des traces de larmes et des yeux rougies d'avoir trop pleuré. Mais mon regard fut bien vite détournée d'une image pourtant si rare. Ses mains s'affairaient dans un saladier remplie d'une douce et crémeuse crème chocolatée. Elle embaumait la pièce de son odeur caractéristique si chérie par ma sœur et moi. Elle glissait au rythme imposé par les mains agiles de ma sœurs aînée que seul la pâtisserie pouvait calmer. Une lente musique classique retentissait, parcourue de violes et de clarinette si je ne me trompe pas. Mes vielles rancœurs s'envolèrent, ne faisant pas le poids face à la gourmandise que j'affectionnais le plus au monde. Je finis la soirée sur les genoux de ma sœur, me remplissant la panse tandis qu'elle s'évertuait à me raconter en détail ses malheurs amoureux. J'abandonnais même le fondant quelques instants pour réconforter ma sœur dans un câlin fraternel. Oui je sais, les petites sœurs sont ingrates. 

J'éclate de rire sans pouvoir me contenir en gratifiant Mélanie d'un sourire amusé et malgré moi, amoureux. Une sourde anxiété prend soudain possession de mon corps. Que vais-je bien pouvoir dire, je n'ai pas de souvenir. Une douleur désagréable se propage le long de mon sternum. Je frémis. Il va bien falloir que ce soit le tour de quelqu'un d'autre... pas moi s'il vous plait. Si je m'étais attendue à ce qui suivi, et bien non je ne m'y serais pas attendu.

CHRONOSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant