Voila une heure que je cavale dans cette maudite forêt. J'ai parcouru tous ces chemins avec Sébastien des centaines de fois, même à pied ils devraient déjà être revenu, il n'aurait pas pu se perdre et ça m'inquiète d'autant plus, je suis sur qu'il leur ai arrivé un truc sérieux. Quand je vais le trouver il va m'entendre, on ne part pas à l'aventure tout seul avec une débutante.
Le ciel commence à s'éclaircir, je tire sur les rênes, je vais laisser mon cheval souffler, à la différence de moi qui lutte contre le vent froid, lui est trempé de sueur. Je tiens les rênes et le laisse brouter à sa guise sur le bord du chemin. Il trouve un coin d'herbe abondant pour cette saison et s'applique avec soin à le faire disparaître. Je profite de cette pause pour jeter un coup d'œil à la carte, je sors ma boussole. J'élimine d'office plusieurs zones, je suis certains qu'ils ne sont pas là-bas, les chemins sont trop escarpés ou depuis trop longtemps inutilisés pour passer à cheval. Je flatte l'encolure de l'animal :
« - Je te laisse quelques minutes et on y retourne mon vieux. »
Je ne veux pas perdre trop de temps, je suis frigorifié, je n'imagine même pas dans quel état ils doivent être. Je m'accroupi et remet carte et boussole dans mon sac à dos. Mon cheval henni nerveusement et tape du sabot, je relève immédiatement la tête:
"- Qu'est-ce qui se passe?"
Je reste immobile, aux aguets. Il doit avoir senti un animal. Aucuns gestes brusques tant que je ne sais pas à quoi j'ai à faire. C'est là, dans le silence le plus total que j'entend...comme un crépitement, c'est bizarre, on dirait...mais oui, c'est un feu. C'est le crépitement des flammes qui l'a surpris. J'attrape les rênes et accélère le pas, il ne me faut que quelques secondes pour que mon œil soit attiré par un point lumineux, droit devant moi. Je distingue deux corps couché près du feu, je les ai trouver. J'attrape ma radio:
« - Papa ! Papa ! Tu m'entends ? »
Un grésillement empli l'espace puis après quelques secondes, la vois de mon père :
« - Oui Mike, je t'entends.
- Je les ai trouvés. Je déclenche la géo localisation, dépêchez vous ! »
Je m'agenouille auprès de Jennifer, sa peau est glacée. Je l'appelle doucement, j'imagine le pire mais elle dodeline doucement la tête, elle est consciente, un peu dans les vapes mais consciente, je pousse un soupir de soulagement en la serrant contre moi. Sébastien, lui, ne répond pas du tout à mes appels, il n'a aucune réaction. La main tremblante, je pose deux doigts sur son cou et constate avec soulagement que son pouls est faible, mais régulier. Bien qu'en mauvais état, ils sont vivants tous les deux.
Jennifer se blottie, les bras noués autour ma taille, elle éclate en sanglots, elle tremble de tous ses membres. Je l'aide à s'adosser contre un arbre. La couverture remontée jusqu'au menton, seul sa main droite en sort pour rester agripper à mon blouson. Ses yeux sont rempli de frayeur, j'ai le cœur serré de la voir dans cet état. Je sors la thermos de mon sac et lui rempli une tasse de café chaud et lui tend un morceau de sandwich. Ce n'est qu'en voyant la nourriture qu'elle me lâche pour s'en emparer et le dévorer, elle prend a peine le temps de mâcher. Je lui tend le café, malgré la fumée qui s'en dégage, elle porte la tasse chaude à ses lèvres encore bleues sans même souffler dessus. Je vois bien à sa grimace qu'elle se brûle mais j'ai vraiment l'impression que son corps est au dessus de ça, son instinct de survie est au dessus de la douleur. Je passe une main sur ses cheveux et sens une énorme bosse à l'arrière de son crâne:
« - Tu ne t'es pas rater dis moi. »
En attendant les secours, je continu d'entretenir le feu, Sébastien, toujours inconscient, en a besoin et il peut servir de point de repère pour nous retrouver. Son état m'inquiète beaucoup mais je veux rassurer Jennifer, elle est restée coucher près de lui pour le réchauffer, qu'il sente qu'il n'était pas tout seul, sans ose bouger, elle ne peut pas avoir fait tout ça pour rien. Au bout d'une demi-heure, trois quart d'heure, j'aperçois entre les buissons les phares de la jeep des pompiers.
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les loups
RomanceJ'ai 16 ans et ma vie est sur le point de basculer. Ma petite vie tranquille que je prenais pour acquise va être mise à mal. Entre amour, parents et potes il n'est pas toujours facile de trouver sa place.