Requin Blanc

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2 ans plus tôt...

Aujourd'hui au collège j'ai tenté de me faire plus discret qu'à l'accoutumée : Dory n'était pas là pour me défendre en cas de problèmes. Je me demandais pourquoi elle n'était pas allée en cours. Et puis, cela faisait plusieurs jours qu'on n'était pas sortis tous les deux dehors, ou chez elle. Elle me cachait quelque chose, j'en étais certain. Mais quoi ? Dory était ma meilleure amie, et j'étais probablement son meilleur ami, alors pourquoi me ferait-elle des cachoteries ? Peut-être était-elle simplement malade, et qu'elle ne voulait pas me voir pour éviter de me contaminer ? Peut-être avait-elle cassé son appareil dentaire ? Ou pire, peut-être avait-elle fugué après s'être disputée avec ses parents ? Dory était du genre à ne pas être vigilante du tout, elle faisait les choses dont elle avait envie au moment où elle en avait l'envie. Poison aurait sûrement préféré être avec elle qu'avec moi, je le sais. Moi je suis plutôt du genre à rêver, penser, puis me raviser. Alors que Dory, c'est tout le contraire, elle a une idée, une envie, elle fonce sans se soucier de ce qui pourrait arriver ensuite. A elle ou à son entourage. Dory était Poison et moi j'étais Coton. Il fallait que je sache ce qui arrivait à mon amie.

Le collège étant assez proche de chez nous, nous avions l'habitude de nous y rendre à vélo, ensembles. Faire le chemin seul me perturbait un peu. Je n'aimais jamais être seul dans la rue, cela me rappelait les attaques de Bruce et de ses acolytes lorsque j'étais encore à l'école primaire. Bruce était dans le même collège que moi, mais il se tenait tranquille pour le moment : sans ses deux « chiens » pour l'accompagner, il n'osait pas m'attaquer, surtout en présence de Dory. Mais je savais qu'il allait reprendre du service dès qu'il le pourrait. Presque tous les jours, il m'envoyait des petits mots en classe, me faisait des clins d'œil et des sourires malsains. Parfois, lorsqu'il passait assez proche de mon oreille, il s'amusait à y glisser quelques menaces du genre « L'histoire se répète, Némo » « J'en aurai jamais fini avec toi » « Comment va ma mauviette et son chat ? » « Si j'étais toi, je ferai gaffe » « Tu seras en sécurité nulle part ». J'eus la soudaine impression d'être suivi. Je me jouais surement des tours, l'angoisse de le croiser me faisait sûrement délirer. Mais les bruits de pédales se rapprochaient. « Un cycliste comme les autres, sans doutes » pensai-je pour me rassurer. J'entendis une voix, malheureusement beaucoup trop familière à mon gout, surgir de derrière mon dos :

« Alors Némo, on se balade ? »

Il était là, juste derrière moi. Il se rapprochait de plus en plus vite. Bruce. Je pédalais de toutes mes forces pour le maintenir à distance.

« Petit petit petit, viens mordre à l'hameçon... »

Je sentis mon corps frissonner. Pitié, pas maintenant, pas maintenant, pas maintenant... J'accélérais la cadence. Je me retournais rapidement pour vérifier s'il se trouvait toujours derrière moi. Toujours. Je m'essoufflais. J'essuyai les perles de sueurs se formant sur mon front. Je me retournai une seconde fois. Je regardai de nouveau devant moi mais trop tard. Un ralentisseur. Mes freins ne répondirent pas. Mon vélo quitta le sol. Je m'écrasai sur le trottoir. Les genoux, les coudes et la joue égratignées, voire brûlées, je tentai de me relever mais je sentis un poids s'abattre sur mon dos et me plaquer au sol. Le requin avait attrapé sa proie et allait maintenant n'en faire qu'une bouchée.

« J'hésite entre un poing dans l'œil et un pied dans le ventre... Tu préfèrerais quoi, toi, Némo ? cracha-t-il, moqueur. Etant dans l'incapacité de répondre, ma joue brûlée collée contre le bitume, il reprit : Peut-être devrai-je tenter... les deux ? »

Je sentis une douleur intense me frapper au niveau de l'estomac, suivi de fourmillements de douleurs se répandant partout dans mon corps. Ma joue fut soudainement décollée du sol, la brute me tira par les cheveux pour me relever, puis je reçus un coup de poing dans la mâchoire.

« Oups, mince, je me suis loupé. Attends, bouge pas que je recommence ! »

Cette fois, mon œil droit fut touché, j'eus l'impression qu'il allait exploser sous le coup. Bruce me lâcha et je m'écroulai sur le sol, épuisé, inerte comme une coquille vide. Ma main posée sur mon œil qui ne cessait de saigner, je restais ainsi, recroquevillé, tremblant de peur et de douleur. Quelques mètres plus loin, Bruce essayait de remettre son vélo en marche, déraillé.

« BATS-TOI NEMO ! VENGE-TOI ! NE TE LAISSE PAS ABATTRE UNE FOIS DE PLUS, FAIS LUI VOIR CE QU'IL TE FAIT SUBIR ! s'emporta Poison.

- Non, Némo, reste là, imagine s'il riposte... »

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Qui suivre : Coton ou Poison ? A vous de choisir !

Poison : Feu

Coton : Glace

Bocal BancalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant