[BLOG] Les MOOC, moteurs d'écriture

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Il y a quelques années, quand j'ai découvert ces cours en ligne, gratuits, certifiants, et même depuis peu, diplômants (mais ceux-là sont loin d'être gratuits), j'ai trouvé ça formidable. J'ose espérer que tout le monde a au moins une fois tenté l'expérience, mais pour les non-initiés, voici ce que dit France Terme : Formation accessible à tous, dispensée sur Internet par des établissements d'enseignement, des entreprises, des organismes ou des particuliers, qui offre à chacun la possibilité d'évaluer ses connaissances et peut déboucher sur une certification.

Ça, c'est pour la définition officielle. En réalité, un MOOC, c'est bien plus. Selon moi, la grande force de ces cours en ligne, c'est la communauté d'apprenants qui s'y retrouvent le temps d'une session pour échanger, débattre, donner son avis ou obtenir de l'aide, dans une ambiance généralement très cordiale (merci les modérateurs).

La première fois que j'ai consulté le catalogue de la plateforme Coursera, je me suis rapidement rendue à l'évidence : les cours en sciences humaines n'y sont pas légion. Mais un enseignement dispensé par le professeur Clayton de l'Université Vanderbilt intitulé Online Games : Literature, New Media, and Narrative m'a séduite. C'était en 2013 et cela reste à ce jour l'un des cours les plus passionnants que j'ai suivis en ligne. On y étudie en parallèle Tolkien, Peter Jackson, et LOTRO. Bonus : les séances de jeu « en compagnie » d'autres apprenants durant lesquelles le mot Fellowship prend tout son sens.

Parlons encore Fantasy avec le professeur Eric Rabkin et le MOOC le plus demandeur en termes de travail à fournir (un ouvrage à lire par semaine avec compte-rendu !). Fantasy and Science Fiction: The Human Mind, Our Modern World se propose de retracer l'histoire de la littérature fantastique en commençant avec les contes de Grimm. Cette exploration du genre rend visite aux grands classiques que sont Frankenstein, Dracula, The Island of Dr. Moreau, les poèmes de Poe et Les Chroniques Martiennes de Bradbury. C'est le MOOC qui m'a fait découvrir Ursula K. LeGuin (entre autres) et qui m'a remise à la lecture (après des années sans ouvrir un seul livre !).

Si je devais trouver un équivalent de ce MOOC en français, je vous orienterais sans hésiter vers la plateforme FUN et son cours Fantasy, de l'Angleterre victorienne au Trône de fer (Université d'Artois). La troisième (et dernière) session a pris fin en juin, mais l'équipe d'Anne Besson nous prépare une surprise pour 2018. L'innovation ici, c'est qu'en fonction du temps à notre disposition, on peut choisir le parcours à valider. Là encore, une production écrite est requise pour obtenir le grade suprême de Mage.

Les adeptes de Parnasse trouveront sans doute leur bonheur avec ModPo (Modern and Contemporary American Poetry) et le charismatique professeur Al Filreis, qui nous initie au close-reading : on y apprend à faire l'analyse d'une sélection d'œuvres de poètes américains (de Dickinson à Ashbery, en passant par Gertrude Stein). D'ailleurs, c'est en étudiant un texte de Frank O'Hara que j'ai eu une sorte d'illumination (!) par rapport à l'écriture. Le fruit de cette soudaine fulgurance ? Le poème Oranges et Sardines, dans lequel j'ai tenté d'illustrer ce processus de création qu'est l'écriture.

Dans un autre style, le cours de l'inénarrable Douglas Kearney (Sharpened Visions : A Poetry Workshop) a pour ambition de vous permettre d'améliorer votre prose pour produire de meilleurs poèmes. Un enseignement très pratique donc, mais surtout très efficace, qui repose énormément sur les retours des pairs. Je crois bien n'avoir jamais pondu autant de textes que durant cette session. D'ailleurs, deux modestes contributions issues de ce MOOC ont été publiées sur le journal en ligne Three Drops from a Cauldron.

Depuis 2013, les plateformes se sont multipliées et les catalogues se sont enrichis. Il existe désormais plusieurs cours dédiés à l'écriture créative, et je trouve ça vraiment formidable. Mais pour chaque MOOC complété, je ne compte plus ceux abandonnés en cours de route, souvent faute de temps (parfois de motivation). Il faut savoir que le taux de réussite des MOOC est généralement très bas, défaillance liée sans aucun doute à la gratuité. Néanmoins, je reste persuadée qu'un auteur en manque d'inspiration a tout intérêt à y faire un plongeon de temps à autre. Et même si l'on n'y glane aucune idée nouvelle (ce qui, entre nous, m'étonnerait fortement), on y aura à coup sûr appris quelque chose.


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