Chapitre 1

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J'ai toujours été perdu mais je n'en ai jamais souffert. Tout s'est passé comme ça s'est passé et pour ne pas m'en vouloir, j'ai décidé de ne jamais regretter.

Je suis Angelo, garçon de taille moyenne, corpulence normale, des yeux noirs qui me viennent directement de mon père colombien et des cheveux ravagés par les colorations. Je suis homosexuel, ou pas...

Aujourd'hui j'ai 17 ans et j'essaye de comprendre, ou du moins de clarifier ce qu'il s'est passé dans ma vie. Je veux savoir qui je suis.

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J'étais un petit garçon drôle, celui qui faisait le clown au fond de la classe, rien de bien méchant. J'avais 13 ans et j'étais d'une intelligence moyenne, travaillant quand il fallait, dessinant le reste du temps. C'était à cet age que les dits « populaires » se mettaient en couple et se séparaient chaque semaine comme ils changeaient leurs draps de lit. Perso, je traînais avec mes amis – un peu tout le monde en fait – et ma personnalité était l'égal d'un feuille calque. Pour moi l'amour c'était une chose de vieux.

L'été de cette année-là, j'ai participé à un stage de dessin avec des personnes d'un peu de tous les âges (le genre de truc où les adultes essaient de faire ami-ami avec les adolescents qui préfèrent, pour leur part, rester entre eux). Le premier jour, je suis resté de mon côté, juste à dessiner le modèle à écouter de la musique à fond dans mes écouteurs. Ensuite j'ai un peu rejoint le groupe de plus jeunes. Enfin surtout Charlie, une fille de quelques années plus âgées à peine plus petite que moi à l'époque, avec des cheveux bruns qui lui descendaient aux épaules et un visage droit et sérieux. Elle ne parlait pas beaucoup avec les gens du groupe, mais avec moi ça a tout de suite accroché. Pas au point d'être bavarde mais on entretenait la conversation convenablement. Quand on ne parlait pas, on écoutait Lucie, la petite blonde du commun type « canon » qui monopolisait l'attention de tout le groupe sans même s'en rendre compte. Finalement on a pas mal parlé. Le stage s'est écoulé incroyablement vite et j'ai rencontré pas mal de gens cool, certains que je vois encore parfois aujourd'hui.

-He-ho ! Angelo ? Tu m'écoutes là ? » Charlie est assise en tailleur sur le banc du parc et me regarde d'un air insistant. Je tourne mes yeux vers elle, presque surpris : « oui-oui continue ! »

Il est midi, le soleil est haut dans le ciel. Tout le monde en t-shirt, à dessiner le parc ou un sapin quelconque. On fume une clope, moi sur l'herbe avec Lucie en débardeur moulant au possible, Charlie quelques dizaines de centimètres plus haut. J'arrête d'arracher la mousse pour la regarder. Elle continue son histoire de comment elle s'est retrouvée avec un gars à la galocher alors qu'elle ne l'aimait pas.

Plus j'apprenais à connaître Charlie plus je la trouvais jolie. Elle s'en foutait un peu de tout et était d'un calme surprenant. Le dernier jour du stage, on s'est promis de se revoir bientôt.

On a beaucoup parlé via Facebook pendant les mois suivant. On voulait vraiment se voir : c'est à travers de stupides écrans qu'on avait appris à se connaître, au final. On habitait loin l'un de l'autre, alors c'était un peu la galère pour se fixer un rendez-vous.

Finalement, on a trouvé un arrangement et je suis allé dormir chez elle un soir de septembre. Ses parents et ses sœurs étaient partis faire du camping dans je ne sais plus quelle campagne terne et on en avait profité pour mettre la musique à fond et fumer dans sa chambre (du tabac seulement pour ceux qui se demandaient). On était super heureux de se retrouver. Chacun de nous avait recommencé les cours, elle était en rétho, moi en troisième.

On mange des chips dans des positions contorsionnées sur les canapés du salon.

-What's up niveau love, sinon ? »

Je me tourne vers elle (non sans effort) et fait la moue. Bah bonne question ! Le truc justement c'est qu'il ne se passe rien ! En vérité, je m'en fous, mais mes parents me lâchent pas la grappe avec leurs « et alors il a des filles que tu apprécies à l'école ? » se qui me pousse à quand même y réfléchir un minimum.

-Je ne sais pas vraiment... Je ne ressens juste pas grand-chose pour les gens en général. Je pense que ça va arriver plus tard, enfin j'espère ! Mais pour le moment, rien. »

Il doit être minuit et elle est là, sous mon bras. On est silencieux. On a parlé toute la soirée. Seule la musique nous souffle encore de douces notes aux oreilles. Je me tourne vers elle qui me regarde et j'entre-ouvre légèrement mes lèvres comme elle-même le fait déjà. On se rapproche en louchant puis on s'embrasse longuement. C'est pâteux. Mouillé. Je ne m'attendais pas un quelque chose de si répugnant, mais peu importe. J'aime l'instant et on continue. Après pas mal de temps durant lequel on respire fort et que nos soupires rendent la situation torride, mes mains glissent sous son léger t-shirt blanc. Sa peau est douce, je caresse son ventre rond et lentement, grimpe vers sa poitrine. Elle se relève un peu pour mettre ses mains dans son dos. J'entends le clip du soutient-gorge qui s'ouvre. Elle relève tout son buste et se met torse nu, avant me déshabiller. Je garde tout de même mon boxer. Le moment où elle tente de l'enlever, je réalise ce qu'il se passe et je dis ne pas encore être assez à l'aise pour ça. « Je... Non pas ça. » Et on repart dans les étoiles pour une durée indéterminée : ses mains s'agrippent à mon dos, je presse ses fesses avec mes doigts et descend mon visage sur son torse pour lécher et embrasser sa poitrine nue. Charlie est magnifique. Mes bras sont au dessus de ma tête, à caresser ses joues fines, son cou puis ses seins d'une consistance inattendue. Ils semblent fragiles. On expire de façon tellement sensuelle que seulement ça aurait été assez pour me faire bander. Je remonte mon visage une fois descendu jusqu'au nombril et à son tour, elle glisse son nez sur mon torse. On continue pour des heures, passant de sommeil à galoche, de tripotage de boobs à doux ronflements.

C'était la première fois que j'embrassais.

J'avais trouvé ça tellement naturel, et en même temps très bizarre. Nous étions si loin des feux d'artifice dont on parle dans les films. Ça n'était rien de plus qu'une nouvelle expérience.

J'ouvre les yeux. La chambre semble plus grande que dans mon souvenir, sans doute car il faisait noir. Maintenant, la lumière dorée du soleil matinal éclaire la pièce ; nous n'avions pas pris le temps de fermer le store hier. Charlie est dos à moi, et quand je la vois, je souris. Elle est endormie, lovée comme un chat, à moitié dans les draps, à moitié nue. Je me lève doucement et pars dans la salle de bain me laver. Un bonheur d'origine inconnue a pris place en moi depuis moi réveil. Je sors de la douche et ouvre la fenêtre.

De retour dans la chambre, je m'assied à la chaise de bureau et regarde Charlie. Elle se réveille. Se tourne vers moi, les yeux endormis. On se dit bonjour de façon mécanique, et elle part s'habiller. Je suis là. Seul dans la chambre de Charlie. Et tout a changé. J'ai changé.



Voilà, première partie terminée ! Honnêtement je ne sais pas ce que je fais alors n'hésitez pas a me faire part de vos avis et faire des commentaires constructifs:) merci pour votre lecture

AngeloDove le storie prendono vita. Scoprilo ora