Chapitre 3 : Fuite

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      Dans le ciel une grosse masse noire semblait vouloir se rapprocher de moi. Je me levai difficilement, encore un peu endormi. Le tigre ne s'arrêtait pas de rugir de méfiance tel un chien de garde qui protège ceux qu'il aime. J'eus une pensée pour l'oiseau et me retourna pour le voir. Il était toujours sur sa branche et lorsque nos regards se croisent, il se mit à voler tout en chantant dans une autre direction.

      Je regardai une dernière fois la grosse masse avant de suivre l'oiseau. C'est en réalité de gros corbeaux noirs aux yeux rouges -je pense qu'un seul pourrait me gober- ils se collent les uns aux autres et je ne pus en distinguer aucun seul. C'est un peu comme les oiseaux contaminés par le pétrole dans les documentaires. Sauf que là, ils sont plusieurs.

      J'entrepris donc de suivre le petit oiseau bleu qui m'avait l'air bien précipité de quitter ces lieux. Il commençait à augmenter la vitesse en direction de la vaste forêt qui n'en finissait pas.

      Tout d'un coup, le tigre me dépassa sur la droite à toute vitesse. Prise d'un coup de panique je me risquais à regarder le danger. Il se rapprochait. De plus en plus. Et c'est là que je vis qu'ils me visaient. Je restais figé l'espace de quelques secondes à les observer se rapprocher encore et encore de moi. On dirait qu'ils se battaient pour m'avoir.

      Quand je repris mes esprits la peur me glaça le sang et un frisson me traversa l'échine. Je me retournais rapidement vers la forêt et me mis à courir.

      Encore dans la prairie, mes pieds se posaient sur l'herbe encore mole et humide de la rosé. Les feuilles des fleurs caressaient la peau nue de mes mollets. Je voyais le tigre et l'oiseau au loin, entrant dans la forêt.

- Hey ! Attendez-moi ! Pourquoi est-ce que vous partez loin de moi comme ça ?

      Aucune réaction de mes deux compagnons qui continuaient tout droit dans la forêt. Celle-ci était tellement dense que je les vis plus.

      C'est là que j'entendis un cri effroyable à quelques mètres de moi. Le son d'une bête hystérique, bien strident, qui me fit plisser les yeux de souffrance auditive. C'était sans doute celui de cet amas de corbeau. Vous comprenez bien que je ne me suis pas retourné... Je ne voulais pas perdre ma vitesse bien sûr !

      La fatigue de cette course me fit perdre l'équilibre à plusieurs reprises me rattrapant de justesse à chaque instant. Lorsque je réussi à rentrer dans la forêt, les ronces et les branchages bas, me fouettèrent tout le corps. Je sentais mes jambes qui m'incitaient à ralentir mais je ne pouvais pas, j'avais trop peur que cette horreur me suive encore. Des entailles se firent ressentir sur mes membres à l'air et ma robe laissait derrière elle des lambeaux de tissu blanc sali par les arbres. Le cri de ce monstre se refit entendre.

      Cela faisait au moins sept bonnes minutes que je courais maintenant dans cette grande forêt. Le nombre de branches qui m'ont bloqués le passage étaient énorme. La première fois que je suis passé dans cette forêt, je ne me souviens pas avoir vu tant de feuilles m'empêcher de passé.

      N'entendant plus de cri, je ralenti doucement le rythme. J'avais mal aux jambes. Les souvenirs de ma vie revenaient petit à petit. Je ne pense pas avoir étais très bonne en efforts physiques. Je faisais un peu de gymnastique dans ma jeunesse mais rien de bien extraordinaire. La course n'étais absolument pas mon domaine de prédominance ça j'en suis certaine.

      Toujours en train de courir, je pensais qu'il était temps de regarder derrière moi s'il y avait une quelconque trace de danger. Je lançai doucement un regard derrière moi. Rien. C'est en retournant ma tête que je fus surprise de voir un tronc sur mon passage. Trop rapide, je n'ai pas pu m'arrêter, je me le pris alors et ma tête heurta, non pas délicatement, mais belle et bien avec une violence indescriptible l'écorce bien dur de cet arbre. Pour couronner le tout, j'étais en train de tomber sur un tas de petits cailloux. Ce n'est pas ma journée.

      La violence de percussion avec le tronc me fit perdre connaissance, mais juste avant, j'ai pu y voir une horde de buisson m'entourer. C'est étrange, un buisson ce n'est pas vivant. Si ?

      Lorsque je repris connaissance, ma tête me faisait un peu mal. Je posai ma main sur mon front, au ralenti. Je m'attendais à une bosse, mais pas du tout. C'était froid et ça me faisait du bien. Est-ce que c'est... De la glace ? Je froncis les sourcils et ouvris doucement les yeux. Ça me rappelais un peu mon réveille d'hier. Je voyais trouble et j'ai oublié où j'étais.

      En récupérant ma vue, ce n'est pas des buissons ou des arbres que je voyais autour de moi. Mais une charpente au plafond et une fenêtre sur ma gauche. J'étais sur le dos dans un lit. A ma droite au fond, une porte. Et à côté de moi la table de chevet avec une bougie et mon anneau dessus. A droite de la porte, une grande armoire. La chambre était habitée avant. De nombreux livres sur des étagères et quelques-uns au sol, c'est la poussière et les toiles d'araignée qui prouvaient bien que tout cela était inhabité ou bien mal entretenu.

      Je n'avais pas peur. Si cette âme charitable m'avait aidé c'est que je pouvais sans doute leur faire confiance. Je devais juste savoir qui était cette personne ou ces personnes. Et s'ils étaient cannibales ? Ah non non non ! Il ne faut pas que je pense à ça... Et puis s'ils l'étaient, ils m'auraient déjà mangé. En parlant de manger. J'ai faim... Pensant cela mon ventre ce mis à grogner.

      Mes oreilles, qui jusqu'à présent n'avaient manifestés aucun son, me firent entendre une conversation.

- Tu penses que c'est elle ? demanda une voix masculine.

- Je n'en sais rien. Je ne suis pas devin. Tu n'as qu'à lui demander toi ! s'exclama une voix plus féminine.

- Pas la peine de t'énerver ! dit l'homme.

- C'est qui qui n'a pas arrêté de me répéter que je n'avais pas à déplacer cette arbre pour l'arrêter ?

- Calmez-vous tous les deux ! Je vais la voir. Baissez au moins d'un ton, dit une autre voix de femme.

      Peu de temps après ces fines paroles, la porte s'ouvrit. Je me redressais sur le lit. Mes jambes étaient bandées et quelques gouttes de sang ressortaient du bandage. Une jeune femme entra dans la pièce un plateau à la main. Elle releva doucement sa tête et posa un tendre regard sur moi.

Dame NatureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant