O.S Bill Kaulitz.

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Bill a toujours été un être plutôt solitaire, restant dans son coin avec sa musique et ses pensées pas toujours très gaies. Il était persuadé que sa vie ne le mènerait nulle part et que cette malchance, était le prix de quelque chose qu'il avait fait par le passé. Il cherchait donc constamment à savoir ce qu'il avait bien pu dire ou faire, qui aujourd'hui justifierait cet élan de malchance sur lui. Car, lorsque tout allait bien, en général cela ne durait pas plus de deux semaines avant que la première tuile ne lui tombe dessus.

Lorsque son père a stoppé l'alcool et qu'ils sortaient tous les week-ends en famille, l'androgyne se disait qu'il avait enfin sa vie rêvée. Sa revanche sur toutes ces années de souffrances... erreur car trois mois après ils ne sortaient plus et l'ambiance à la maison était froide. Peu après internet est arrivé et cela a suffit à donner le coup de grâce au mariage de Jörg et Simone. Bill l'avait très mal vécu et se sentait responsable de ne pas avoir réussi à sauver sa famille. Son pilier comme il l'appelait souvent.

Son style s'était beaucoup noirci, en même temps que ses pensées qui ne cessaient d'être négatives. Pour lui, le bahut n'était qu'un moyen d'échapper durant quelques heures à ce quotidien où il était partagé, essayant vainement de reconstruire une famille brisé. Recoller les morceaux tout en sachant que, même s'il y parvenait, ce ne serait plus pareil. Car quelque chose était brisé entre eux trois. Jörg n'aimait plus Simone et Bill refusait d'accepter.

Il refusait de se dire que sa famille n'était plus. Merde, ils avaient traversé tant d'épreuves durant tant d'années... son père ne pouvait pas tout gâcher comme ça!  Comment est-ce qu'un simple morceau de papier pouvait décider de l'avenir d'une famille? Comment est-ce qu'une simple signature en bas de ce foutu papier, pouvait décider de tout arrêter?! Il ne voulait pas croire que tour se stoppait après 15 ans de mariage, non. Ce n'était pas possible. Ils étaient au-dessus de cela. Ils traversaient juste une crise. Une simple crise.

Pour essayer de se consoler, le jeune adolescent écrivait des poèmes tous plus noirs les uns que les autres. Son thème de prédilection était la tristesse, c'était un des seuls sur lequel il parvenait à pondre deux ou trois poèmes par jour. Qu'en faisait-il? Il les gardaient soigneusement dans un cahier, espérant que personne ne tombe dessus de peur de passer pour fou et terminer en asil. Car c'était ce qu'on lui ferait s'il avouerait ne serait-ce qu'un quart de ce qu'il avait en tête.

Ses rêves n'étaient composés que de cauchemars, dans lesquels soit on cherchait à le tuer, soit il était frappé, insulté, rabaissé etc. Ses nuits n'étaient jamais réparatrices, sûrement pas avec trois ou quatre heures chaque nuit. Il ne savait pas comment il tenait le coup, mais il tenait. Son mental? Oh non il n'avait pas le mental d'acier qu'il aurait aimé. Si tel était le cas, il ne serait pas dépressif à seulement dix-sept ans. Enfin, si quelqu'un voulait bien croire qu'il ne faisait pas semblant.

Car c'était cela le problème, personne ne le croyait jamais. Pour eux ce n'était que des conneries d'ados, une passade... mais la passade, elle durait depuis deux ans et demi. À ce niveau, ce n'en était plus vraiment une. Surtout quand on savait que les pensées de l'androgyne étaient peuplées de sa propre mort, sous toutes les formes possibles et existantes. Sauter du haut d'un immeuble de plusieurs étages, avaler des cachets avec de l'alcool, avaler une bouteille d'alcool fort pure...

Il ne manquait pas d'idées mais de courage. Mais aujourd'hui, il voulait trouver ce courage. Il se redressa du mur contre lequel il était adossé et rangea lentement son mp3 dans son sac, avant de passer la lanière gauche sur son épaule. Lentement il prit la direction du bâtiment F, le plus grand et le plus haut de tous ceux de son lycée. Il entra et monta les marches jusqu'au tout dernier étage. Entrant dans une salle vide, il se dirigea vers la fenêtre qu'il ouvrit en grand avant de mettre correctement son sac sur ses épaules.

Il grimpa sur la chaise puis sur la table, avant de sa tenir de chaque côté de l'encadrement. Un regard vers le bas lui arracha un petit sourire, il monta alors sur le petit rebord et ferma les yeux s'accrochant à l'encadrement de la fenêtre. Le vent faisait voler ses cheveux couleur corbeau et il se sentait libre pour la première fois depuis longtemps, probablement pour la première fois tout court. Il rouvrit lentement les yeux et les leva vers le ciel, il enleva sa main droite de l'encadrement pour faire un signe de croix, comme un geste symbolique, avant de se laisser tomber en avant.

Bill cherchait la paix intérieure. Celle qui lui permettrait de pouvoir vivre sans pleurer chaque jour et chaque nuit, mais il n'arrivait pas la trouver. Alors, la seule solution qu'il avait trouvé pour se sentir enfin libre, fut le suicide. Il avait tout prévu depuis des mois et attendait simplement le bon moment. Aujourd'hui l'avait été. Il avait dans son sac toutes les lettres expliquant son geste, espérant qu'il serait compris par ses proches. Maintenant il était auprès de son petit ange qui lui manquait tant, son petit frère David.





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