Les Ailes De La Destinée

~*33*~

Mon pire ennemi est devenu mon meilleur allié. Adam

Comme je m'y étais préparé, j'atterris dans la forêt. Les sensations humaines revinrent prodigieusement en moi. J'inhalai une grosse bouffe d'oxygène et levai la tête vers le soleil. Enfin, cette chaleur. Je me sentais à ma place ici. Car Méora était de ce monde. Mes ailes avaient disparus sauf ma tunique blanche que j'enroulai précautionneusement autour de ma taille. Il fallait que je me rende chez elle, tout de suite. Ici, ce mauvais pressentiment avait plus d'intensité. Je courais comme un dératé vers sa maison, en ignorant les regards surpris et amusés des passants. Je devais sans doute ressembler à un moine bouddhiste avec mon accoutrement.

En apercevant la toiture familière, les auras de ses parents se faufilèrent subrepticement en moi. Angoisse, peur, souffrance... Et si j'étais arrivé trop tard. Et si elle était...

Je frappais avec hargne sur la porte. Surtout garder son sang-froid.

– Adam ? Lança Christine, d'un ton stupéfait.

– Bonjour Madame Rowen, répliquai-je, affable. Je peux entrer ?

Elle m'y invita, sans trouver mon apparence actuelle singulière et nous rejoignîmes son mari dans le salon. Ce-dernier se leva avec... espoir (?). J'eus un pincement au cœur en remarquant ses prunelles familières.

– Adam ? Que fais-tu ici ? S'enquit Laurent, faussement curieux.

– Où est Méora ? Éludai-je, en ravalant cette boule d'anxiété qui obstruait ma gorge.

Il garda le silence. Mon Dieu, mais qu'était-il arrivé ?

– S'il vous plaît, je dois savoir, insistai-je, en adoptant une expression suppliante.

Il inspira et me raconta donc que sa fille avait été enlevée, mercredi, jour de son anniversaire et qu'il devait déposer une rançon cet après-midi aux vieux entrepôts de la ville et que ma protégée serait relâchée une heure plus tard. Christine ajouta que c'était sans doute à cause des infos qui avait relaté leur succès économique.  Je pâlis en prenant connaissance de cette atrocité. J'avais déjà lu des choses de ce genre dans les histoires de certains humains. La plupart du temps, les kidnappeurs respectaient leur part du marché et relâchaient leur victime mais... d'autres, au contraire, la transgressent... Et mon intuition m'intima que ceux de Méora allait trahir ce contrat. Ses parents me prièrent de ne pas avertir la police et je n'en ferais rien, bien entendu. J'allais régler cette affaire moi-même. Il me restait cinq heures de temps avant la remise de la somme. Cinq heures pour la retrouver... Mais j'avais besoin d'aide. Je demandai à Laurent de me tenir informer s'il y avait de nouveau et il me prêta un de ses portables. Avant qu'ils eussent pu ouvrir la bouche pour me rétorquer ce que je comptai faire, j'étais déjà loin.

Jamais je n'aurais cru m'aventurer dans cette ruelle-ci, ni sonner à cette porte.

Alex apparut sur le seuil, l'expression figée de stupeur.

– Reste pas planté là, il faut que tu m'aides, déclarai-je, en enroulant derechef cette stupide tunique.

Il continuait à me scruter, toujours aussi ahuri.

– Mais, qu'est-ce que tu fous là ?

– Putain Alex, file moi des fringues ! Ripostai-je, agacé. Ça concerne Méora, alors magne-toi !

Il finit heureusement par obtempérer. Une minute plus tard, il me passa un TShirt et un jean. Je le remerciai et entrepris de lui expliquer la situation. Sa réaction fut identique à la mienne.

Peu après, nous étions à l'extérieur. On devait mettre au point un plan. Chacun de nous deux fouillerait de fond en comble une moitié de la ville. Surtout les endroits susceptibles de masquer un enlèvement. Des lieux déserts. Un endroit où personne aurait eu l'idée d'y aller. Tandis qu'Alex se dirigeait vers les résidences abandonnées du parc, je pris le chemin menant vers les immeubles délabrés situés près de l'hôpital. Il était 11 heures. Je devais me dépêcher.