Appuyée contre la rambarde de pierre blanche du balcon suspendu au-dessus de l'océan, la jeune femme contemplait la splendeur incandescente qui striait encore l'horizon d'un trait d'or en fusion. Les deux mains qui vinrent délicatement se poser sur ses épaules ne la surprirent pas malgré Ia furtivité habituelle des déplacements de leur propriétaire, aiguisée par des années d'espionnage et de volonté de surprendre ses élèves, de préférence en faute.
Elle se laissa aller avec confiance contre l'homme qui avait nonchalamment laissé glisser ses paumes le long de ses bras, enroulant les siens autour de sa taille, en déposant un baiser dans son cou, avant d'appuyer sa joue contre ses cheveux pour profiter lui aussi du spectacle grandiose des derniers rayons du soleil couchant.La marée était basse et l'océan lui-même semblait être assoupi, seules quelques vagues paresseuses teintées d'or rouge, venaient mourir contre les plaques de roches acérées que surplombait la terrasse. Les nombreux touristes arrêtés sur le terre-plein qui faisait face à la baie d'Hendaye pour admirer le coucher de soleil étaient bien loin de se douter de la présence de leur Havre à seulement quelques mètres d'eux.
Ils s'étaient réfugiés là dès que Poppy, baissant les bras après deux jours de récriminations de la part de Severus, les avait enfin, de guerre lasse et rassurée sur les capacités mentales du Maître des Potions, laissés partir. L'infirmière avait en effet décrété Hermione trop proche de son 'patient' pour être vraiment objective, et réinvesti son ancien domaine jusqu'à ce qu'il soit complètement remis.
Minerva avait débarqué en trombe à l'infirmerie, le lendemain de l'expérience, en apprenant que Severus y était confiné, malgré son refus de garder le lit, et les avait surpris en plein milieu d'un baiser passionné qui ne pouvait prêter à aucune confusion. Elle en avait instantanément oublié les reproches qu'elle avait déjà sur les lèvres pour ne pas avoir été prévenue. Elle était tombée des nues en apprenant leur relation, qu'elle devait être l'un des rares membres du personnel à ne pas avoir au moins soupçonnée. Et elle avait, une fois encore, inondé de ses larmes la redingote d'un Maître des Potions qui levait silencieusement au ciel des yeux excédés, en remerciant Merlin que les élèves étant en vacances, personne ne puisse surprendre la scène, sous le regard amusé d'Hermione.Depuis qu'incertaine de sa réaction, elle lui avait glissé à l'oreille, quelques minutes plus tôt, et avec une certaine appréhension, le secret qu'elle portait depuis quelques semaines, il la suivait silencieusement des yeux, avec dans le regard un émerveillement incrédule.
Devant son mutisme, qu'elle ne savait trop comment interpréter, elle s'était réfugiée sur le balcon, ne sachant que penser de sa, ou plutôt de son absence de réaction. Le silence s'étira dans la sérénité du soir, uniquement troublé par le bruit du ressac et les cris des mouettes. La nuit tombait doucement, allumant des milliers d'étoiles dans un ciel sans nuages. Demain serait une belle journée.—Tu es vraiment sûre ? Souffla-t-il à son oreille en posant les mains sur le ventre de la jeune femme avec une sorte de révérence.
—J'ai aussi fait un test moldu par double précaution, mais oui, je suis vraiment sûre. Tu... tu ne m'en veux pas ?
Il la fit pivoter entre ses bras pour plonger ses yeux au plus profond des siens.
—T'en vouloir ? T'en vouloir pour faire de moi le plus heureux des hommes ? Jamais je n'aurais osé imaginer... espérer... qu'un jour... Tu... tu es la meilleure, la plus belle chose qui me soit jamais arrivée, Hermione. Et maintenant, tu me fais le plus beau des cadeaux qu'un homme puisse espérer de la femme qu'il aime. De quoi pourrais-je t'en vouloir ? De plus, que je sache, ces choses-là se font généralement à deux, et j'en suis au moins autant responsable que toi.
Si tu veux vraiment tout savoir, reprit-il après un temps de silence, « je suis absolument terrifié. J'ai peur de... de ne pas être à la hauteur. Je n'ai jamais su... Tu es bien placée pour savoir ce que sont mes relations avec les enfants... Mais j'ai fait la paix avec le passé, et sans toi, je n'y serais pas arrivé. Je te dois tout, Hermione, jamais je ne pourrai t'en vouloir pour quoi que ce soit.
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Vulnera
FanfictionLa guerre a laissé, sur les corps et dans les esprits, de profondes cicatrices, souvent encore à vif, et les plus cachées ne sont pas celles qui saignent le moins. Nos héros réussiront-ils à guérir les blessures du passé pour pouvoir construire l'a...